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L’Ituri accuse le Nord Kivu

Au début du mois de juillet 2009, les délégués de la société civile de la province du Nord Kivu ( Beni-Lubero) et ceux du district de l’Ituri se sont retrouvés dans une rencontre d’échanges à Bunia. Initiée par le Réseau Haki na Amani, ces assises ont permis aux uns et aux autres de se défouler, de dire ce qu’ils se reprochaient mutuellement.
Cette rencontre avait pris des allures d’un procès où le Nord Kivu était sur le banc des accusés pendant que l’Ituri jouait à la victime.
Les ituriens ont eu beaucoup de choses à reprocher à leurs collègues du Nord Kivu : le flux migratoire nande en Ituri,  l’envahissement de l’espace iturien par les opérateurs économiques originaires du Nord Kivu, la déforestation de l’Ituri, l’importation de la main d’œuvre nande en Ituri, l’or, le pétrole…

Le flux migratoire
La société civile de l’Ituri a déploré le déplacement massif de Nande vers l’Ituri, particulièrement dans le territoire de Mambassa et dans certaines localités dans les territoires de Mahagi et de Djugu. Leurs collègues du Nord Kivu se sont défendus en disant que cet état de chose ne rentrait nullement dans une quelconque politique Yira puisque chaque nande qui décide d’aller s’établir en Ituri, le fait à titre individuel.
Des esprits avertis savent que cette migration nande peut trouver aussi sa justification dans  la réduction de l’espace cultivable dans la province du Nord Kivu.
Une bonne partie de cette province est couvert par le parc national de Virunga. Décrété patrimoine mondial à protéger, ce parc est interdit de culture, de la chasse et de construction. Ce qui pose un sérieux problème dans cette province surpeuplée. Avec l’importante densité de sa population, le Nord Kivu n’offre  pas suffisamment de l’espace à ses habitants dont le nombre ne cesse de croître au fil des années.
Certaines gens pensent qu’il appartenait au gouvernement congolais, avec l’appui de la communauté internationale, d’envisager une politique de délocalisation des quelques ressortissants du Nord Kivu pour leur réinstallation dans d’autres contrées de la RDC en contre partie de cette interdiction d’accès dans l’aire du parc de Virunga. En l’absence d’une telle politique, le peuple nande a contourné la difficulté en immigrant vers le territoire de Mambassa connu pour son sous-peuplement.
En principe, cette question devrait être sans objet dans la mesure où il s’agit des congolais qui choisissent de s’installer sur un lieu de leur choix sur le territoire national, la loi le leur autorisant.
Dans ce monde devenu un village planétaire, cette question ne vallait pas la peine d’être abordée. La société civile devrait plutôt s’investir dans une campagne d’explication aux populations afin d’amener les uns et les autres à une cohabitation pacifique. Dans un territoire sous habité comme Mambassa le flux de migration nande peut constituer une importation de la main d’œuvre nécessaire pour la mise en valeur de ses ressources et potentialités.
La ruée vers Mambassa et Mongbwalu se justifie aussi par l’exploitation des matières précieuses dans ces deux contrées. L’or, le diamant, le coltan ne peuvent qu’attirer vers eux des gens pour l’exploitation et le trafic.
Tout ceci n’excuse en rien ces nandes qui vont dans l’Ituri rien que pour exploiter sans songer à y avoir leurs intérêts et à y investir.
Tout en invitant à la tolérance de nande en Ituri, il faut leur demander de participer activement au développement de ce district qui les a accueilli. Agir autrement relève de l’ingratitude.

Le commerce
Il est un fait indéniable que les nande ont envahi l’espace commercial en Ituri. Ils sont présents dans plusieurs grands centres commerciaux de ce district de la province Orientale.
Pharmacies, boutiques, magasins, restaurants, hôtels, comptoirs d’achat d’or et bien d’autres activités commerciales sont tenus par eux. Dans ce monde économique de compétition, les nande n’ont fait que combler des vides laisser par les ituriens dans certains centres négoce.
Peut-on reprocher à un nande d’avoir installé une pharmacie ou une boutique dans un milieu où le besoin se faisait sentir en Ituri ?
Le problème réside plutôt au niveau de la concurrence déloyale que mènent les grossistes de Butembo contre les détaillants évoluant en Ituri. Ces derniers s’approvisionnent à Butembo pour venir revendre à Bunia où, hélas, le mêmes opérateurs économiques de Butembo utilisent des courtiers pour revendre les mêmes marchandises au détails et à moins chèr. Ce qui rend la tache difficile aux petits commerçants ituriens.
L’intervention de l’Etat doit être sollicitée à ce niveau. Le service de l’économie devrait faire un suivi des structures de prix en vue de la protection de détaillants de l’Ituri. Il n’est pas normal que le grossiste soit à la fois détaillant.
 Il peut aussi s’agir de la marge bénéficiaire pratiquée par les commerçants de l’Ituri. Si par exemple un article qui coûte 10 dollars à Butembo peut être revendu à 30 dollars à Bunia, il y a lieu de se poser la question de savoir si cette marge est légale. Puisque dans ce cas, si un ressortissant de Butembo vient revendre le même article à 20 dollars à Bunia, il sera difficile de le lui reprocher.

L’importation de la main d’œuvre
Du point de vue du commerce, les hommes d’affaires nande n’ont pas la culture de l’utilisation de la main d’œuvre au vrai sens du mot. Ils recourent souvent au service des membres de leurs familles restreintes comme élargies pour accomplir les tâches dans leurs maisons de commerce.
Cousins, tantes, oncles, frères, parents sont utilisés par ces commerçants en dehors des normes requises dans la législation du travail en RDC.
Les gens qui travaillent dans les affaires de nande ne signent pas de contrats de travail et n’ont pas un salaire bien défini. Tout se passe sur base des conventions particulières, les patrons accordant à ces travailleurs certains avantages ou faveurs.
Conscient de cet état des choses, les commerçants nande ne peuvent qu’avoir des hésitations quant à l’emploi des gens qui pourront leur être très exigeants s’agissant du respect de la législation du travail.
C’est encore l’Etat qui, ici, doit mettre tout en œuvre pour obliger les employeurs nande à se conformer à la loi.
Dans le domaine de construction, l’Ituri accuse un certain  déficit des compétences dans cette matière. Les gros de maçons de l’Ituri ont atteint le troisième âge et leur rèlève n’est pas du tout assurée. Très peu des jeunes embrassent le métier de maçon. Des architectes et ingénieurs en construction peuvent encore se compter au bout des doigts.
Dans leur souci de reproduire des bâtisses qu’ils ont remarqué ça et là lors de leurs différents périples d’affaires, les hommes d’affaires veulent s’assurer d’une main d’œuvre qualifiée à même de leur produire du bon boulot.
L’Ituri devrait fournir des efforts pour avoir des compétences dans plusieurs domaines  afin d’être compétitif sur le marché de l’emploi. Il lui faut de bons maçons, des architectes, des ingénieurs en construction, des ingénieurs en bâtiment bien formés.
Ce qui est déploré aujourd’hui risque de se reproduire demain dans le domaine du pétrole.
C’est maintenant que l’Itutri doit préparer ses fils pour l’occupation éventuelle des postes dans les futures firmes pétrolières qui s’installeront. Il faut donc préparer de l’expertise dans le domaine du pétrole. Sinon, l’on se retrouvera dans une situation où les postes stratégiques dans les entreprises pétrolières seront accordés aux non-ituriens fautes des compétences en Ituri.
Dans ce monde en pleine mondialisation, il faut savoir être compétitif dans ce rendez-vous du donner et de recevoir. L’Ituri doit être en mesure de donner aussi. Il ne doit pas se limiter à recevoir.
Ce sont les produits et services de qualités qui s’imposent sur le marché. Ce district doit se préparer, se réarmer pour affronter les autres.
L’esprit d’initiative et d’entreprise doit être développer dans ce district qui a tous les atouts : diversité culturelle, ressources du sol et du sous-sol, faune et flore, main d’œuvre.
Ce ne sont pas des hommes d’affaires qui manquent en Ituri.
Les deux entités(Ituri et Nord Kivu) sont intimement liées par la frontière qu’elles partagent et même par leur histoire commune. Les deux peuples doivent apprendre à se tolérer et à s’accepter mutuellement. Ils doivent développer une émulation positive susceptible d’amener le progrès en lieu et place d’une jalousie qui risque de annihiler tout élan de développement dans cette partie de la RDC.
L’espace commercial du Nord Kivu est taxé d’être réfractaire à toute installation d’un homme d’affaire venant d’autres contrées de la RDC. Cette attitude de répulsion des « autres » doit être combattu par tous les moyens. C’est aussi l’une des raisons qui poussent les ituriens à être « sévères » envers les nande qui s’établissent dans leur district.
Nous devons tendre vers la formation de la nation congolaise et nous éloigner des attachements au sol qui bloquent le developpement du Congo


Grace Kanku

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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Commentaires

  • Marc

    1 Marc Le 27/01/2012

    Vrema ils ont raison ces ituriens qui menacent les Nandes par ce que les Nandes ne sont pas aussi ouverts aux autres Ethnies a venir investir ou travailler chez eux.Surtout a BUTEMBO svp.

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