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Les métaux de base désertés par les investisseurs, l’or champion

Par Claire Fages sur le Site RFI

La crise financière européenne et le refroidissement, piloté par Pékin, de l’économie chinoise, ont poussé les investisseurs à fuir le cuivre et à plébisciter l’or.

Jamais l'or n'aura autant mérité son surnom de valeur refuge que ce jeudi 6 mai. Malgré la forte remontée du dollar par rapport à l'euro, ce qui normalement détourne les investisseurs des matières premières, y compris du métal précieux, l'once d'or a dépassé les 1 185 dollars à Londres jeudi 6 mai. A New York, l'or a même tutoyé les 1 200 dollars en cours de séance.

En revanche les métaux de base, qui avaient déjà commencé à décliner la semaine dernière, ont été brutalement désertés cette semaine. C'est comme si les investisseurs avaient pris les jambes à leur cou, avec un volume sans précédent de transaction à New York et à Londres sur le contrat de cuivre livrable dans 3 mois. « On s'attendait à des ventes, mais pas à cette férocité , commente un trader, des fortunes ont été perdues, ou gagnées, c'était saignant ! ».
 
Certains investisseurs avaient parié sur la remontée de l'euro après la conclusion du plan de sauvetage de la Grèce, ils se sont trompés. Ce plan n'a pas plus convaincu les marchés que les Grecs, et les rumeurs de contagion aux autres pays du sud de la zone euro l'ont emporté. Il a aussi fallu éponger les pertes sur la dette souveraine de ces Etats, en vendant certains avoirs, dans les matières premières. Le cuivre en premier lieu : alors qu'il frôlait les 8 000 dollars la tonne le mois dernier, le voici redescendu sous les 7 000 dollars !
 
C'est le métal qui reflète le mieux le sentiment de confiance - ou de défiance - dans l'économie mondiale. Or, non seulement l'Europe est source de craintes, mais la Chine, qui consomme près de 40% de ce métal aujourd'hui, fait la démonstration qu'elle veut ralentir sa croissance en resserrant de plus en plus les conditions du crédit. Les autorités de Pékin souhaitent aujourd'hui calmer les travaux d'infrastructure et la construction, pour privilégier la consommation intérieure.
 
L'ampleur des liquidations sur le cuivre a été d'autant plus spectaculaire que le métal avait fait l'objet d'une belle spéculation, avec une multiplication par deux des cours en un an ! Déconvenue aussi soudaine pour le nickel, qui s'est effondré de 13%, après une hausse brutale au premier trimestre de cette année. Le zinc et le fer étaient aussi à la baisse ; l'acier également : la demande est de retour, mais on craint qu'elle ne soit pas suffisante à éponger l'offre, désormais.
 
Seul l'or, donc, a bénéficié de l'empressement des investisseurs, mais comme le dit joliment un analyste des métaux, « 
l'or, ce n'est la dette... de personne ».

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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