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Dialogue plombé dans l’aile, élections hypothétiques en 2016, l’eternel recommencement en RDC ?

Carte rdc 26prov 15 001Le processus démocratique en RDC évolue en dents de scie. Chaque fois qu’il prend de l’envol,  quelque chose se  produit souvent pour  le retourner à la case du départ. 
Depuis son indépendance en 1960 jusqu’à ce jour,  la RDC donne l’impression de marquer les pas s’agissant de l’évolution de son processus de démocratisation.
Ce pays vit des cycles des moments suivants : prise des pouvoirs, troubles consécutives à ces prises des pouvoirs, convocation des fora, transitions politique suivies d’autres prises de pouvoirs par des « hommes moins attendus par l’opinion publique congolaise».
C’est à croire qu’il y aurait, quelque part, une volonté qui maintient la RDC dans ce cycle infernal pour des raisons inavouées. Cette « volonté » place à la tète du Congo des hommes tirés du « néant politique congolais ». 
En effet, les espoirs suscités par l’indépendance, avec l’investiture de Joseph Kasavubu  comme président de la République en 1960, n’ont été que de courte durée.  
Quelques jours seulement après l’accession du pays à sa souveraineté, un conflit politique entre le président Joseph Kasavubu et son Premier Ministre Patrice Emery Lumumba empoisonne le climat politique au sommet de l’Etat.   Il s’en suit des désordres, des mutineries, des sécessions et même des rebellions. Dans cette cacophonie, le premier ministre Lumumba trouve la mort. Le pays vie une sorte de déchirement. C’est le chaos. Les conclaves de Luluabourg et d’Antananarivo ne donnent pas des solutions miracles. 
Joseph Désiré Mobutu en profite pour paralyser le gouvernement avant de prendre le pouvoir en novembre 1965 par un coup d’Etat. Ce jeune colonel de l’armée congolaise prend ainsi la direction de la RDC  au grand dam des vrais challengers politiques de Kasavubu comme Moise Tshombe et d’autres.  Il tombe comme un chevet dans la soupe politique congolaise, met fin au « chaos » et recommence son processus de pacification de la RDC. Devenu Mobutu Sese seko, cet homme impose au peuple congolais, devenu  Zaïrois de l’époque, 32 ans de dictature monopartiste.  
En 1982, l’UDPS voit le jour. Avec Etienne Tshisekedi  et compagnons, le peuple apprend  à délier sa langue et à exiger un peu plus de libertés.  C’est un début tumultueux de la marche vers la démocratie.  Au fil de temps, sous la pression populaire,  Mobutu  proclame le multipartisme politique et syndical au début des années 90.  Sa tentative de récupérer la situation vaut au pays des soulèvements populaires, des pillages, des marches de protestations, des journées villes mortes … D’autres troubles s’emparent du Zaïre. Pour se défendre, le pouvoir ne s’empêche pas de réprimer, parfois dans le sang, les manifestations des opposants. Des assassinats et autres enlèvements d’opposants ne se comptent plus.  Le zaïre est en pleine confusion politique. La conférence Nationale de 1992 est présentée comme la baguette magique devant tirer le pays du joug de la dictature et baliser sa voie vers une démocratie. Erreur, Mobutu utilise la même conférence Nationale pour fragiliser l’opposition et se taper une prolongation tacite de son mandat. Grace aux débauchages successifs des premiers ministres dans les rangs de l’opposition, une « troisième voie » est trouvée pour prolonger le règne de Mobutu. Une  autre  confusion politique s’installe à Kinshasa. 
L’AFDL y trouve des prétexter pour voir le jour à l’Est du Congo avec l’appui des rwandais et des ougandais.  A la fin de  1996, les voisins du Zaire de Mobutu lui imposent une guerre  dite de « libération ».  Cette insurrection présente, à sa tête,  des hommes peu connu de la scène politique Congolaise : Laurent Désire Kabila, Masasu Nidaga, Kisasu Ngandu et  Deogratias Bugera. 
En mai 1997, le moins attendu Laurent Désiré Kabila monte sur le trône du pouvoir à Kinshasa. Etienne Tshisekedi, son opposant farouche, ainsi que certains généraux pressentis comme ses dauphins sont écartés de la course. Des novices en politiques peuplent les institutions congolaises.
Avec ces tombeurs de Mobutu,  la démocratie congolaise prend  du recul.  Les partis politiques sont « mis au frigo ». L’AFDL fonctionne pratiquement comme un parti unique. C’est le retour de la pensée unique. Quelques avancées sont tout de même enregistrées dans certains domaines. Fini la longue transition de Mobutu et vive le début d’un nouveau processus de libération en la manière de l’AFDL.
Quelques mois après, une brouille s’installe entre les ténors de l’AFDL et leurs alliés. Les violons ne s’accordent plus parmi les dirigeants de l’AFDL qui se suspectent mutuellement. Conséquences : des assassinats et des enlèvements des suspects supposés ou vrais. Un retour en force de la dictature est pressenti. En août 1998, une nouvelle guerre de libération éclate à l’Est. C’est le RCD, un mouvement politico-militaire qui aligne à sa tête des jeunes officiers militaires et des cadres politiques. Eux aussi, non habitués à la scène politique congolaise : Jean Pierre Ondekane, Adolphe Onusumba et autres Azarias Ruberwa.  A défaut de progresser rapidement vers Kinshasa, cette deuxième « libération » connait plutôt un enlisement. Il s’en suit un émiettement de la RDC  en plusieurs blocs dirigés, chacun, par un  mouvement politico-militaire : le gouvernement de Kinsahsa, le RCD/Goma, le MLC, le RCD/K-ML, le RCD/N. Le pays vit encore des moments troubles pendant que la région de l’Ituri est déchirée par une guerre ethnique. Des milices et groupes armés pullulent. La communauté Internationale impose le Dialogue entre les belligérants congolais comme voie de sortie.  Laurent Désiré Kabila l’accepte timidement. La RDC  vit presque dans un embargo diplomatique.
C’est pendant cette période trouble que Laurent Désire Kabila est assassiné dans son bureau en 2001. Contre toute attente, c’est Joseph Kabila qui le succède là ou l’opinion congolaise attendait des « gros calibres » politiques de l’AFDL comme Gaétan Kakudji, Eddy Kapend et bien d’autres. Une nouvelle ère politique pointe à l’horizon : l’ouverture diplomatique et l’accélération du processus du dialogue.
A l’issu du dialogue inter congolais de Sun City, en 2004, une nouvelle transition débute en RDC. Le pays se dote d’une direction monstre avec un président secondé par  4 vice-présidents.  Des hommes sans expérience politique avérée ni passé élogieux en RDC : Joseph Kabila, Azarias Ruberwa, JP Bemba,  Yerodia Abdoulaye Ndombasi et Arthur Zaidhi Ngoma. L’espoir renait  s’agissant de la marche vers la démocratie. 
En 2006, les premières élections démocratiques sont organisées en RDC.  Leurs résultats débouchent sur des contestations et des affrontements armés. Grâce à l’accompagnement de la communauté internationale, le pire est évité. Joseph Kabila exerce son mandat de 5 ans. En 2011, les deuxièmes élections démocratiques s’organisent en RDC. Des fraudes massives sont déplorées et les résultats contestées. Malgré tout, Joseph Kabila brigue son deuxième et dernier mandat. Les congolais se fixent rendez vous en 2016 pour assister à la première passation pacifique du pouvoir entre un président sortant et un président entrant en RDC. 
Hélas, les choses ne semblent pas marcher selon l’entendement de l’opinion publique congolaise. Les signaux sont plutôt au rouge. Une méfiance s’est de nouveau établie entre les tenants du pouvoir et les opposants.  Les causes : Le  rétrécissement des libertés fondamentales, l’intolérance politique,  la  tentative de changement de la constitution en janvier 2015, l’incertitude quant à la tenue des élections dans les délais constitutionnels, des troubles et tueries à l’Est de la RDC… Le décor semble être planté pour d’autres éventuels troubles au Congo.  Le dialogue convoqué tarde à se tenir.
Ce dialogue supplante déjà l’alternance politique prévue dans la constitution. La Majorité au pouvoir donne l’impression de  préparer plutôt le dialogue en lieu en place de la succession du président Joseph Kabila. Les politiciens déplorent le retard pris par le processus électoral.  Mais, personne n’ose condamner le gouvernement congolais ni  exiger sa démission  pour incapacité. 
La RDC semble plongée dans une nouvelle confusion politique.  Les politiciens congolais reprennent les mêmes choses qui vont exiger un autre recommencement. 
Si rien n’est fait, et à temps, une autre transition verra le jour. Et,  Dieu seul sait quel autre « inconnu » prendra le pouvoir après cette énième transition politique en RDC. Tout porte à croire que le destin politique de la RDC est décidé loin de son territoire. Tant que les politiciens congolais ne feront pas preuves de maturité et de responsabilité politique cette « volonté extérieure » cherchera un autre « oiseau rare ». 
La classe politique congolaise devrait se ressaisir, prendre en main la destinée du pays, forger une forte opinion congolaise  et donner le bonheur au peuple.
Joska Kaninda 

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