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La redistribution des cartes dans les Grands Lacs :M. Johnnie Carson impose la nouvelle vision des USA

Johnnie Carson le sous-secrétaire d’Etat

 

Cette année est marquée par la commémoration des cinquante ans d’indépendance de la plupart des Etats africains. Cet âge jubilaire tombe en pleine crise économique mondiale qui risque d’affecter la croissance et donc les relations Nord-Sud basée, depuis des décennies, sur une dépendance financière en échange des matières premières.

Les USA, qui restent la locomotive de l’économie mondiale, sont conscients de ce bouleversement en vue et essayent de préparer les esprits "africains" sur le rôle que chaque dirigeant du continent devrait désormais jouer pour mieux servir les intérêts américains dans les différentes régions de l’Afrique. L’homme en charge de cette nouvelle stratégie est bien le sous-secrétaire d’Etat Johnnie Carson considéré comme un expert de l’Afrique. Il passe pour le Monsieur Afrique du cabinet Obama, raison pour laquelle le président américain a porté son choix sur lui.

Afro-américain, il a toujours manifesté une passion certaine pour le continent noir.

Volontaire de l’organisation humanitaire Corps de la paix (Peace coprs) dans les années 60, il a été successivement ambassadeur des Etats-Unis en Ouganda (1999 – 2004), au Zimbabwe (1995 -1997) et au Kenya (1999 –2003). Depuis 2006, il travaillait au département d’Etat, au National Intelligence Council où il était chargé de l’Afrique.

Alors que Suzan Rice, ambassadrice des Etats-Unis à l’ ONU, était secrétaire d’Etat américaine adjointe aux Affaires africaines, Johnnie Carson était son adjoint.

M. Johnnie Carson est reconnu pour son franc-parler qui, parfois, agace ses interlocuteurs. Il a eu pour mission de donner un nouvel élan dans les relations de coopération entre les pays africains et les Etats Unis. Aussi, dès sa nomination, il a annoncé les grandes lignes de la « politique africaine » des Etats-Unis : « Avant, les Etats-Unis travaillaient pour l’Afrique. Nous voulons maintenant travailler avec l’Afrique » : ce qui suppose des partenaires responsables ayant une vision claire et précise du revirement que devrait prendre les relations USA-Afrique.

M. J. Carson vient de rappeler la nouvelle stratégie des USA dans une allocution prononcée à l’occasion de la célébration de la journée de l’Afrique sous les auspices du corps diplomatique à Washington. Certains passages de son discours ( lire l'intégralité de son discours ) sont suffisamment clairs : "

[…] Un grand nombre de dirigeants africains ont violé les droits fondamentaux de l'homme et les principes de la souveraineté consacrés par la Charte de l'OUA et certains ont traité leur peuple aussi mal, sinon pire, que leurs prédécesseurs coloniaux. La gabegie, le détournement de revenus de l'État et des méthodes centralisées de gestion économique ont précipité le déclin économique et la dégradation de l'infrastructure et des services publics. Les rivalités de la guerre froide ont, elles aussi, attisé des conflits dans certains pays comme le Tchad, l'Angola et le Mozambique. […] Dans son discours prononcé l'été dernier à Accra, le président Obama a clairement affirmé que les États-Unis se tenaient aux côtés de leurs partenaires africains face à ces défis. Dans le domaine de la bonne gouvernance et de la démocratie, nous sommes résolus à associer nos efforts à ceux de la communauté internationale et de la société civile en vue de renforcer les institutions démocratiques, notamment les commissions électorales indépendantes, et de préserver les avancées démocratiques réalisées ces dernières années. "

Dans la région des Grands Lacs qu’il vient de visiter récemment, M. Carson a insisté sur la démocratisation des régimes, la recherche de la paix devant impliquer une bonne gouvernance et finalement la lutte contre l'extrémisme violent dans le cadre de programmes à volets multiples tels que le Partenariat transsaharien de lutte antiterroriste et l'Initiative est-africaine de sécurité régionale.

 

 

Lors de son passage à Kampala (mi-mai), nous avons eu l’occasion d’entrer en contact avec des gens proches de la délégation de M. Carson qui nous ont clairement dit que les USA ne vont plus tolérer des dirigeants incapables de comprendre la nouvelle vision socio-sécuritaire de la région. C’est ainsi que le sous-secrétaire d’Etat a reçu en audience durant plus d’une heure la délégation de l’opposition ougandaise qui lui a remis des documents prouvant la corruption, la manipulation et la tricherie du régime ougandais décidé à faire élire le président Museveni en 2011. M. Carson n’a pas mâché ses mots en déclarant que M. Museveni avait intérêt à réaménager la composition des membres de la Commission électorale surtout en changeant son actuel président. Mais l’Ouganda reste le partenaire privilégié dans le disposition sécuritaire de la région aux yeux de l’administration Obama et le président ougandais sait bien qu’il ne court aucun risque de la part de ce protecteur des régimes africains, du moins pour le moment.

Par contre, la même source nous a confirmé que le régime congolais est carrément "hors jeu" et que les stratèges américains travaillent assidument sur le dossier : " la RD Congo étant l’élément pivot du dispositif, il faut bien que ce pays complètement ruiné soit remis sur les rails. Il faudrait que le régime en place se rende à l’évidence qu’il n’a aucune vision de l’évolution géostratégique de la région et qu’il accepte de céder la place à des responsables capables de faire jouer au pays son véritable rôle."

Les actuels soubresauts politiques qu’on enregistre à Kinshasa et surtout les situations d’insécurités dans pratiquement toutes les régions sont des signes avant-coureurs d’un changement qui pourrait intervenir incessamment dans ce pays et cela, avec l’aval des grandes puissances. Notre source s’étonne de l’insouciance des dirigeants congolais car c’est l’un des rares pays africains qui ne dispose pas de "lobbying group" connu au sein du Congrès américain chargé de défendre les intérêts du pays. C’est cela aussi la faiblesse ou l’irresponsabilité du régime Kabila car vous ne pouvez diriger un si grand pays stratégique sans ce genre de connexion politique.

 

 

Concernant le Rwanda, il devient de plus en plus clair que l’administration Obama ne veut plus tomber dans le sentimentalisme affiché par ces prédécesseurs vis à vis de ce pays qui a connu un génocide. Business is business comme dirait M. J. Carson qui vient de sermonner le régime de Kagame qui s’affiche comme une dictature malgré les efforts de développement manifeste : […] « L'environnement politique à l'approche de l'élection (présidentielle du 9 août 10) a été entaché d'une série d'actions inquiétantes prises par le gouvernement du Rwanda, qui constituent des tentatives de restreindre la liberté d'expression », dit Carson. « Nous avons fait part de nos inquiétudes sur ces développements au gouvernement rwandais, en exhortant ses hauts dirigeants à respecter les libertés d'expression, de presse, d'association et de rassemblement », ajoute encore Carson. « De manière particulière, nous avons pressé les dirigeants de permettre aux organisations internationales et locales et aux médias d'opérer et faire leurs rapports librement ».

D’après notre source, le régime rwandais est aux abois et ne sait plus à quel saint se vouer car les groupes lobbyistes pro-rwandais au Congrès américain semblent ne plus convaincre l’administration Obama. Il semble même que Kagame aurait demandé à ses collaborateurs de mettre au point de nouvelles stratégies en vue de changer l’image du régime rwandais auprès des décideurs américains : ce qui ne sera pas facile avec la nouvelle bourde d’arrestation à Kigali de l’Avocat Peter Erlinder. Nous y reviendrons dans nos prochaines publications.

La plupart des pays de la région des Grands Lacs sont en campagne électorale et les dirigeants actuels vont tout arranger pour se maintenir au pouvoir. Le discours de M. Johnnie Carson est un avertissement à tous ce beau monde (qu’il connaît très bien et dont il détient des informations fiables sur chacun des dirigeants en poste) qui ne pense qu’à s’enrichir au dos des populations. Comme disait récemment M. François Baroin (politicien français) : « Notre président à pris une claque. La vertu d’une claque, en politique, c’est au moins de se réveiller ». ( lire, pour complément, l'article publié sur le site web de RFI )

A bon entendeur salut…

Le Millénaire

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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Commentaires

  • KUSA

    1 KUSA Le 05/09/2010

    MR PAUL KAGAME TU SERAS ARRETER.
  • Adrien

    2 Adrien Le 30/06/2010

    Envoyer Muzito aller accuéllir le Roi des Bellges est une insulte à Sa majesté ....Kabila a eu peur qu'on crie sur lui : KABILA ASSASSIN à co^té du ROI , sa fin est immenente

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