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Les refugiés congolais de l’Ouganda s’opposent à leur rapatriement

  A  la fin du mois d’octobre dernier, une tripartite Ouganda-RDC –HCR s’était tenue a Kampala en Ouganda. A l’issu de cette rencontre, les parties se sont accordées sur la nécessité de procéder au rapatriement volontaire des refugies congolais vivant en Ouganda. Des nombreux congolais vivant dans ce pays frontalier de la RDC ont mal accueillis cette nouvelle. Pour eux, toutes les conditions ne sont pas remplies pour procéder au rapatriement des refugies congolais. Dans un mémorandum adressé  au HCR, ils soulèvent les irrégularités qui entourent cette décision. Ce document signé  par plus d’une centaine des refugiés congolais établis en Ouganda démontrent que la situation n’est pas encore redevenue stable dans leur pays d’origine. Découvrez ce document.


 COMMUNAUTE DES REFUGIES CONGOLAIS EN OUGANDA
B.P. 29184 Kampala
Tel. 0774023860/ 0753176257/ 0712972633
E-mail: congorefcomug@gmail.com

 MEMORANDUM DE  PROTESTATION CONTRE LE RAPATRIEMENT DES REFUGIES CONGOLAIS VIVANT EN OUGANDA

Nous, membres de la communauté des refugiés Congolais en Uganda, sommes inquiets et surpris d’apprendre par la voie des ondes (RFI, BBC, WBS TV, UBC TV, NTV etc) qu’en date du 29 Octobre 2010 a été conclu un accord tripartite entre la République Démocratique du Congo, la République de l’Ouganda et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Refugiés en Ouganda Kampala portant sur le rapatriement volontaire des Refugiés Congolais vivant en Ouganda avec risque de violer le respect de la vie, de la dignité et des intérêts des  refugiés ;

En effet, pareil accord ne peut être conclu sans qu’au préalable le consentement des personnes concernées, c-à-d nous les refugiés soit donné. Nous estimons que cet accord est très dangereux, exclusif et prématuré car nous paraissant plus politique qu’humanitaire.

En outre,  l’expérience négative de rapatriement forcé des réfugiés Rwandais le 14 juillet 2010 en présence de l’OPM, de la police dans les camps de Nakivale et Kiaka II de l’Uganda est encore fraiche dans nos esprits (Cfr Rapport publié par le Refugee Law Project et International Refugee Rights Initiative en date du 14 juillet 2010). Il leur avait été dit que ce serait volontaire mais en fin de compte ils étaient forcement rapatries.

 Faisant nos analyses, il sied de constater que ce sont des calculs politiques qui se fondent sur le rapatriement volontaire des refugies, car la R D Congo a encore un long chemin à faire pour pacifier le pays et sécuriser ses citoyens surtout que les causes et les raisons de fuite de la plupart de refugies restent d’actualité.

A la lumière de ce qui précède, nous nous appuyons sur la citation d’Atul Khare, sous-secrétaire de l’ONU charge des opérations de maintien de la paix quand il déclare après le viol sur plus de 500 femmes et enfants dans 13 villages de l’Est de la RD Congo entre le 30 juillet et le 02 aout 2010 que la MONUSCO a échoué a sa mission de restaurer la paix en R D Congo devant le Conseil de Sécurité des Nations-Unies le 08 septembre 2010 : «Nous avons clairement échoué également. Nos actions ont été insuffisantes, ce qui a eu pour effet des brutalités inacceptables contre les villageois de la région. Nous devons faire mieux »  (lire Jeune Afrique nn 2598-2599 du 24 octobre au 06 novembre 2010).

A en croire, la R D Congo connait encore des problèmes d’insécurité et de violation des Droits Humains presque dans toutes ses provinces. C’est le cas notamment :

• Dans la province de l’Equateur:

Nous sommes au courant que cette partie du territoire congolais connait une situation de guerre notamment à Gbadolite et a  Mbandaka : lutte armée menée par un certain NYENGERE NIWA, petit-fils de l’ex-Président Mobutu. Moins d’une année, cette même province était à feu et à sang suite à une autre rébellion sous Enyele ;

 • Dans la province du Sud-Kivu :

Les bruits des bottes dans le haut plateau de Fizi plus particulièrement à Minembwe ou un groupe des milices Ngomyano  règne en maitre absolu avec toutes sortes des violences infligées a la population locale sous l’œil impuissant du gouvernement ;

Sur la route Shabunda-Bukavu, la situation sécuritaire n’est pas aussi bonne que ça suite aux activités des groupes armés et forces négatives. Ceux qui dénoncent les atrocités de ces derniers font objet des représailles sanglantes et les femmes en paient le lourd prix des violences sexuelles. Il est regrettable que les forces armées congolaises se rendent coupables de mêmes types de forfaits contre la population civile.

Les efforts du gouvernement sont et restent de loin très insignifiants pour rassurer la population. C’est ce qui se traduit par des soulèvements de la population (c’est le cas observe à katana le 13 octobre 2010) contre le pouvoir établi suite à une insécurité grandissante ; témoignant ainsi l’impuissance du Gouvernement d’assumer sa responsabilité primaire : celle de sécuriser sa population. (Cfr Art 16 de la Constitution de la RD Congo) ;

• Dans la province du Nord-Kivu :

    Cette partie du territoire congolais jadis considérée comme la pépinière (ventre mou) de la rébellion est toujours considérée comme une terre conquise par toutes sortes des groupes armés et forces négatives dont les FDLR et les Interahamwe, les Mayi-mayi, le CNDP, les ADF-NALU, la LRA et autres.

  L’intégration du CNDP au sein des FARDC n’a en fait amené qu’un semblant de paix parce que les tueries, viols, enlèvements se poursuivent avec impunité sous l’œil impuissant  du Gouvernement et même de la MONUSCO. Pour illustration :

- Les désertions en masse des unités du CNDP ne sont guère rassurantes pour nous refugiés,
-  Les alliances militaires dans une zone qui se dit démocratique (le PARECO et le CNDP), 
- La gestation de plusieurs foyers de troubles est bien perceptible sur toute l’étendue du Nord-Kivu,
- les soi-disant Hutu Nande de Lubero déjà boudés par la population autochtone….
-  De nombreuses familles n’osent plus passer la nuit dans leurs maisons par crainte d’être massacrées…
- Une certaine catégorie des gens passe la nuit à Gisenyi au Rwanda suite à l’insécurité à Goma,
- Le Gouverneur du Nord-Kivu ne peut jamais oser se déplacer dans sa propre province sans escorte militaire d’au moins une vingtaine d’éléments armés jusqu’aux dents pour raison de sa sécurité. Dans cette circonstance, le vice-gouverneur du Nord-Kivu a été récemment empêché dans sa propre province par Bosco NTAGANDA d’entrer dans le territoire qui est sous son contrôle ; or ce dernier est sous mandat d’arrêt international mais il circule librement en R D Congo,
- L’existence des camps des déplacés ne peut que confirmer notre inquiétude et scepticisme : nous citons notamment le camps de Mpati, de Kalengera et celui de Kichanga,
- Nul n’ignore les plaies fraiches de la rébellion NALU à la frontière du territoire de Beni avec la province Orientale, précisément à Eringeti,

 - Il ne se passe pas deux jours sans que des corps
 sans vie soient ramassés soit à Goma, à Butembo ou à Beni  ou le 1er novembre 2010 trois militaires des FARDC ont tue l’étudiant PONGA WAKWINGA de l’ISDR/Beni.
    
• Dans la Province Orientale

Nous sommes informés que plus de 411 Congolais se sont refugies au Soudan le 26 octobre 2010 suite à un climat d’insécurité dans cette partie du pays. Les luttes tribales se poursuivent encore en Ituri.

Au delà, le Gouvernement congolais souhaite le retour volontaire des refugiés au pays, mais hélas, la question qui s’avère importante de se poser c’est celle de savoir pour quoi faire comme travail, car il est incapable de satisfaire aux revendications de ses travailleurs en l’occurrence, les enseignants, les médecins, les magistrats, les militaires etc.

La récente publication du rapport de l’ONU du 1er Octobre 2010 (rapport Mapping) sur les massacres non seulement des refugies Hutu mais aussi des congolais par les forces du mal (qui sont encore très actives dans tout l’Est du pays et même à Kinshasa) est aussi une source de crainte  pour un grand nombre des refugiés qui ont, soit assister aux tueries, soit dénoncer ces crimes. Certains ont peur d’être individuellement menacés s’ils rentrent au pays avant que la justice national ou international mettent ces bourreaux hors d’état de nuire (dont certains occupant toujours des postes clés au pays avec une capacité de nuisance), sachant qu’il n’ya pas de paix sans justice.
C’est une évidence que notre communauté de refugiés reste quotidiennement infiltrée par plus d’une nationalité pour des raisons électoralistes d’une part et d’autre part en quête de notre nationalité,

 d’où les apatrides dont l’accord tripartite précité fait allusion en son article 7 paragraphe 7.
 Il est à craindre que nombreux de ceux-là qui acceptent de rentrer au pays ne soient ni Congolais ou vrais refugiés congolais, avec la probable motivation de porter une autre confusion dans les endroits ou ils vont retourner et/ou de nous amener une nouvelle guerre. Bien longtemps nous avions décrie cette situation avec quelques preuves à l’appui mais sans suite des autorités compétentes.

Nombreux aussi sont ceux-là qui veulent rentrer au pays sur base de fausses informations de la situation sécuritaire au pays prétendue être revenue normale.

De plus, notre crainte est que les autorités qui nous gèrent nous retirent le peu d’assistance et protection que nous bénéficions ou l’utilise comme arme efficace  pour nous acculer et nous contraindre de retourner au Congo indépendamment de notre propre gré.

En guise de conclusion :

1. Nous aimons bien la R D Congo comme notre très chère patrie, mais hélas, les conditions favorables pouvant inciter notre retour ne sont pas encore établies ;
2. Nous prions aux Gouvernements de la R D Congo et de l’Ouganda, tous signataires des Chartes de l’ONU relatives à la protection des refugiés, de faire montre du respect de leurs engagements internatonaux en la matière ;
3. Nous prions à qui peut nous entendre de ne ménager aucun effort pour ne plus traumatiser le petit équilibre mental, psychologique et social que nous essayons de rebâtir en attendant une des solutions durables selon les critères et les priorités du HCR ;

 4. Que la MONUSCO, la Société Civile Congolaise, les Agences des Nations-Unies, les Organisations des Droits Humains, etc rassurent la Communauté internationale et la Communauté des refugiés Congolais que la situation sécuritaire en R D Congo est rétablie pour inciter le retour volontaire ;
5. Que ce faisant, créer un cadre de vérification et d’évaluation de la situation au pays en y associant une légitime représentation reconnue des refugiés Congolais vivant en Ouganda conformément aux élections organisées du 1er au 2 décembre 2008 par le HCR et l’OPM (cfr Art 8 paragraphe 2 de l’Accord tripartite précité) ;
6. Nous prions au HCR de fournir des efforts pour sauvegarder nos intérêts et nos droits dans le respect strict de la  Convention de Genève du 28 juillet 1951, de la Charte Africaine de 1979, de la Charte des Nations Unies, la Déclaration Universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 etc ;
7. Que le Gouvernement ougandais et le HCR créent un nouveau système d’accueil aux nouveaux demandeurs d’asile congolais en y associant la représentation  des anciens refugiés congolais, ceci pour barrer la route a ceux-là qui se font passer pour des congolais pendant qu’ils ne le sont pas ;
8. Que le tripartite RD Congo, la République de l’Ouganda et le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Refugiés organise avant tout un travail  de vérification et de contrôle des dossiers de ces refugies qui veulent retourner volontairement en RD Congo en y associant la représentation reconnue des refugiés congolais, ceci pour éviter d’accorder la nationalité congolaise a des étrangers ;
9. Et tous, de constater que le retour volontaire des refugies Congolais en R D Congo n’est pas opportun a ce moment précis.

                                               
                                                Fait à Kampala le 30 Octobre 2010 
Pour la Délégation de la Communauté des Refugiés Congolais      de l’Ouganda, 
 
                    

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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Commentaires

  • NSHUNGIBIRHI Jean Paul

    1 NSHUNGIBIRHI Jean Paul Le 13/05/2014

    Que le tripartite RD Congo, la République de l’Ouganda et le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Refugiés organise avant tout un travail de vérification et de contrôle des dossiers de ces refugies qui veulent retourner volontairement en RD Congo en y associant la représentation reconnue des refugiés congolais, ceci pour éviter d’accorder la nationalité congolaise a des étrangers

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