Rwanda: Le pouvoir autoritaire de Paul Kagame connaît un glissement

Alors que les élections s’approchent au Rwanda, le régime de Kigali fait face à des problèmes qui ont sérieusement entamé la popularité du Président Paul Kagame.
La fuite du général Kayumba Nyamwasa, des explosions répétées de grenades à Kigali  et surtout la crise économique qui frappe la population rwandaise sont autant d’éléments à la base de l’effritement du renom de Kagame à la veille des élections générales.
Conscient de cet état de chose, l’homme fort de Kigali ne rate pas d’occasion pour battre campagne en vue de sensibiliser la population rwandaise et récupérer sa confiance mais aussi pour diaboliser ses ennemis fuyards. La consolidation de la paix et de l’unité nationale reste son cheval de bataille en dépit de la crise de confiance qui a élue domicile parmi certains officiers de l’armée rwandaise.
Kagame semble plus s’intéresser aux jeunes militaires qui sortent de centres de formations. Ses anciens compagnons de lutte ne rassurent plus.
Au mois de mars dernier devant les députés Paul Kagame a déclaré que le pays était en danger et qu’il fallait une réponse appropriée face à cette menace de guerre. Allusion était faite ici au duo Kayumba et Karegeya qui a fuit le pays. Ces deux hommes sont qualifiés d’aventuriers et voleurs partis en maquis avec l’intention de venir attaquer le Rwanda. Kagame estime que ses ennemis ont des adeptes, sur place au Rwanda, qui pourraient être tentés de les rejoindre. C’est l’armée,en qui il a pleinement confiance, qui le rassure puisque étant prête à sécuriser la population rwandaise et ses biens.
Le duo Kayumba-Karegeya est présenté par des analystes comme une coalition entre la stratégie de guerre ( Kayumba) et l’art du renseignement(Karegeya). Ce qui ne manque pas d’ébranler le moral de fer reconnu à Paul Kagame.
Ce n’est pas pour rien que récemment James Kabarebe a fait une déclaration selon laquelle sans Kagame le FPR n’aurait jamais gagné la guerre. Une manière de minimiser la capacité de Kayumba et Karegeya de pouvoir mobiliser cette armée rwandaise façonnée par Paul Kagame.
Conscient du danger, le chef de l’Etat Rwandais essaye de refaire la cohésion au sein des APR dont les salaires des soldats de rang viennent d’être majorés. Bien d’analystes estiment que ce discours va-t-en guerre des proches de Kagame relève de la pure manipulation puisque Kayumba et Karegeya n’ont jamais déclaré une quelconque intention d’attaquer le Rwanda.
Le pouvoir rwandais fait tout récupérer la confiance d’une population déçue par l’accaparement des richesses par une frange des autorités (Tutsi ougandais) alors que la crise économique frappe ce pays qui affiche un pseudo taux de croissance de 8%.
Le régime autoritaire de Kigali est entrain de connaître un glissement certain. Le peuple ne s’y retrouve plus. Sa vision de faire du Rwanda un pays sécurisé présentant les atouts d’une plate forme à utiliser par des hommes d’affaires pour investir dans les pays de la région devient de plus en plus hypothétique.
Des voix commencent timidement à s’élever de l’intérieur pour dénoncer l’autoritarisme outrancier du régime de Paul Kagame. Une opposition tutsi prend, petit à petit, forme à l’intérieur du pays.

Contrairement aux déclarations de Kagame, la guerre n’est pas à la porte du Rwanda mais les élections d’Août risquent de voir un taux d’abstention remarquable (c’est cela la vraie guerre) car l’engouement d’antan n’existe pratiquement plus.
 La crise mal gérée, la fuite des officiers supérieurs, la corruption dans l’entourage de Kagame sont autant de maux qui rongent un régime présenté abusivement comme le modèle de réussite en Afrique subsaharienne.

Joska Kaninda