A la fin du mois de mars 2010 un rapport de Human Watch Rigth a fait allusion aux exactions commises par les éléments de la LRA dans le district du Haut Uélé à la fin de l’année dernière. Selon ce rapport 321 compatriotes congolais ont été massacrés dans cette partie du pays.
En lieu et place d’avoir un penchant vers le gonflement des chiffres en vue de s’attirer la compassion internationale, les officiels congolais n’avaient pas tardés de déclarés trop exagérés le nombre des morts avancés par cette organisation de défense des droits humains. En Ouganda, l’armée, par le biais de son porte parole avait minimisé la capacité de nuisance des hommes de Kony arguant les opérations conjointes menées par les armées ougandaise et congolaise avaient sensiblement réduit la force de frappe de cette rébellion ougandaise. Selon lui, il ne resterait que quelque 200 éléments de LRA qui opéreraient en petit groupe.
C’était sans compter avec la version de la Monuc qui a déclaré 280 morts et plus de 150 personnes capturées par les rebelles ougandais.
Les deux capitales tireraient-elles profit de la présence des LRA sur le sol congolais ?
Que Kinshasa et Kampala minimise la capacité de nuisance de la LRA dans le Haut Uélé ne peut étonner tout bon analyste politique. Si Kampala a intérêt à minimiser l’importance de la LRA sur le sol congolais pour justifier des fonds reçus des Etats-Unis pour traquer cette rébellion, Kinshasa poursuivrait, à travers cette attitude, la précipitation du départ des contingents de la Monuc du territoire congolais.
Il suffit pour cela de s’interroger sur la manière dont Kony et ses hommes sont arrivés au Nord de la RDC pour comprendre le complexité de cette affaire.
La rébellion ougandaise de LRA n’a encore pas cessé de semer la désolation dans le district du Haut Uélé au Nord est de la RDC. Des nombreux villages connaissent encore des incursions répétées de ces rebelles avec des conséquences fâcheuses sur la population.
Au début de 2009, des contingents de l’armée ougandaise, avec l’accord des autorités congolaises, s’étaient déployés sur le sol congolais notamment dans la région de Garamba avec objectif de traquer Kony et ses hommes.
Plus d’une année après, Joseph Kony est toujours en cavale et la capacité de nuisance de ses hommest restée plus ou moins intacte. Ce, malgré des moyens financiers et matériel mis à la disposition du gouvernement ougandais par les Etats-Unis pour capturer Kony et neutraliser son groupe armé.
Les USA redouteraient le retour de Kony à l’Est de la RDC puisque celui-ci pourrait compromettre l’autodétermination du sud Soudan quant à la proclamation de son autonomie cette année 2010.
La première puissance mondiale tiendrait vivement à cette autodétermination qu’elle se serait préparée pour soutenir la SPLA en vue de gagner une éventuelle guerre.
La présence, dans cette région, de Joseph Kony supposé en intelligence avec Khartoum n’enchanterai pas le pays de l’oncle Sam.
Où est passé Joseph Kony ?
La localisation de Joseph Kony préoccupe aussi. Ce chef rebelle ougandais était encerclé et en passe d’être capturé dans la région de Garamba lors de l’entrée des troupes ougandaise en RDC en janvier 2009. C’est alerté (par qui ?) qu’il va s’échapper in extremis et prendre le chemin du Soudan.
Mais, de plus en plus, l’éventualité de son retour en RDC n’est pas exclue. Il y a de signes qui ne trompent pas.
Le retour des éléments LRA est signalé dans le territoire de Dungu. D’autre auraient été localisés dans la localité de Dogba qui est un petit parc dans le territoire d’Ango.
Dans certains milieux ougandais on parle même du retour de Joseph Kony en personne pour superviser les opérations en vue de récupérer ses positions d’antan.
Quelques chefs coutumiers du Haut Uélé affirment que les éléments LRA viennent du Soudan pour Dungu et seraient constitués en majorité, des jeunes zande enlevés et formés. On les estime à plus ou moins un bataillons éparpillé dans plusieurs localités du territoire de Dungu.
Pendant la deuxième moitié du mois de mars 2010, ces rebelles ougandais ont attaqué les localités de Duruma, Kpalakpala, Bangadi, Madudu et Duru en tuant plus de 20 FARDC dont un major ainsi que 16 civils. Plusieurs villageois ont été enlevés et emmenés vers le Soudan.
Pas plus tard que ce jeudi 14, des nouvelles en provenance de Ezo au Sud Soudan ont fait état des attaques de la LRA qui auraient affecté aussi les environs de Dorima dans la RDC.
L’opinion générale de Dungu et même du district du Haut Uélé pense à l’abandon, par le gouvernement congolais, des populations de cette partie du pays entre les mains de ces rebelles ougandais.
Les populations locales vont jusqu’à soupçonner aussi la Monuc d’entretenir un flou sur le dossier LRA.
L’un des chefs coutumiers du Haut Uélé qui s’est confié à notre Rédaction s’est dit surpris par la négligence avec laquelle Kinshasa traite le dossier de la LRA. Il ne comprend pas que ces rebelles ougandais aient passé trois ans dans le parc de la Garamba sans émouvoir le gouvernement congolais et qu’il ait fallu attendre l’entrée des troupes ougandaises pour commencer des opérations. Pour ce chef traditionnel, l’impression est que Kinshasa se préoccupe plus des FDLR dans le Kivu qu’il ne le fait pour la LRA dans le Haut Uélé. Les populations sinistrées sont sans assistance du gouvernement et ne survivent que grâce aux ONG. C’est triste.
Certaines sources soutiennent que les USA travaillent sur tous ces aspects du problème afin de ne pas être pris de cours par des événements. Le grand inconnu et la grande incertitude c’est la RDC qui semble être hors jeu alors qu’elle devrait jouer un grand rôle dans le dossier.
Pour les USA, il ne faut pas compter avec Kinshasa dans cette redistribution des cartes car son régime reste chancelant. Les autorités ougandaises sont suffisamment sensibilisées à ce sujet et pourront s’occuper de la RDC à temps utile au cas ou l’on se rendrait compte que Kinshasa pourrait éventuellement apporter soutien à Khartoum. Le FPJC, cette milice encore active en Ituri, pourrait, si besoin en est, aider à barrer la route à un quelconque projet de soutien à Kony qui partirait de la RDC.
Joska Kaninda
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1 zadionews Le 09/08/2011