Une conférence de la CPI sera organisée à Kampala du 31 Mai 2010 au 11 juin 2010.
Le but mentionné est celui de maximiser les chances de traduire en Justice les auteurs des crimes les plus graves.
Pour quel intérêt l´Ouganda a accepté la tenue de ces assises dans son Pays?
D'abord il faut replacer la CPI dans son contexte historique. Elle est l'émanation du traité de Rome adopté par 120 Etats dont plusieurs ont refusé de ratifier. C'est la cas de certains pays occidentaux comme les USA, UK, France, ... et en Afrique le Rwanda, la plupart des pays arabes. En fait, la CPI est considérée par les occidentaux comme une épée de Damoclès suspendue au dessus des responsables africains, une sorte de justice des pauvres pour leur faire peur et ainsi les contraindre à mieux gérer c’est à dire mieux servir les intérêts capitalistes.
Pourquoi l'Ouganda?
En fait, les premiers clients de la CPI proviennent de la région de l'Afrique centrale: une zone stratégique pour les occidentaux mais qui a connu trop d'instabilité socio politique. Par ailleurs, c'est depuis un certain temps que des voix s'élèvent pour critiquer les méthodes appliquées par la CPI et d'aucun pense qu'il faudrait la réformer afin qu'elle n'apparaisse pas comme un tribunal à la solde des Occidentaux qui risquent de la manipuler à chaque fois qu'ils ne veulent plus d'un président tiers-mondiste.
Compte tenu de ces éléments, la réunion de révision des textes de la CPI ne pouvait que se faire dans la région pour démontrer la détermination de ces Occidentaux à soutenir une oeuvre salutaire et non sectaire. Il fallait donc choisir un pays de la région: le Rwanda n'a jamais ratifié, le Burundi est au bord du gouffre (le représentant HRW vient d'être chassé à la veille des élections), Certaines autorités de la RDC sont impliquées dans les massacres et pourraient devenir des clients de la CPI, le Kenya (même chose que la RDC) bref aucun pays ne présentaient les atouts de l'Ouganda pour une telle réunion.
Une telle réunion à Kampala constitue un atout pour Museveni qui prépare sa énième élection alors que la corruption gangrène le régime. Museveni connait bien les Occidentaux: il promet de sanctionner les corrompus de son régime en sacrifiant 2 ou 3 personnes sans trop bousculer les caciques du régime et l'homme blanc est content. Les ong de droits de l'homme ainsi que la presse de l'opposition ne sont pas malmenés en Ouganda comme ailleurs. Et donc l'occident estime que ce pays reste quand même une exception dans la région. Ce qui lui vaut un support financier indispensable à son budget annuel (40% proviennent des bailleurs).
Merveille Mbuyi