Depuis New York où il réside, monsieur Eric Mulumba a bien voulu accorder une interview à Le Millénaire. Cet éconimiste international, spécialiste de questions de developpement de l'Afrique propose des pistes de solutions pour relancer l’économie congolaise et cheminer désormais sur une croissance réel et prétendre demain faire partie des pays émergents d’Afrique au Sud du Sahara.
Il a estimé que l’annulation de la dette par les partenaires financiers de la RDC n’érode pas les causes du surendettement. Seules la bonne gouvernance et les politiques économiques budgétaires et monétaires prudentes pourront apporter la stabilisation et la réduction de la pauvreté. Lisez attentivement cette interview.
1. La RDC vient d’atteindre son point d’achèvement. Cette annulation constitue-elle un gage pour la relance économique et la réduction de la pauvreté?
Ne nous leurrons pas l’allègement de la dette de la RDC qui est l’aboutissement des efforts conjugués depuis plus d'une décennie par des personnes épris de justice, de divers horizons, ne constitue pas un gage pour la relance économique et la réduction du niveau de pauvreté au Congo. En fait, contrairement à ce qui se dit les fonds destinés aux remboursements de la dette extérieure qui doivent désormais servir au financement des programmes socio-économiques ne représentent pas grand-chose au regard des besoins économiques et sociaux de la RDC. Aussi, pour assurer sa relance économique et réduire le niveau de pauvreté, la RDC a non seulement besoin d’argent mais doit assurer la mise en œuvre des politiques économiques cohérentes dont la bonne gouvernance constitue le socle. Ces programmes doivent promouvoir la création d’emplois. C’est en mettant les congolais au travail que l’on va assurer une relance économique effective et la réduction de la pauvreté en RDC.
2. Est-ce que l’effacement d’une partie de dette place la RDC sur le pelleton des pays solvables?
L'effacement justifié d'une partie de la dette de la RDC ne redore pas forcement son image car elle consacre dans une certaine mesure son insolvabilité. En effet, pour des raisons même justifiées la RDC s’est avérée depuis plusieurs années incapable de rembourser ses dettes tant au plan interne qu’externe. L'insolvabilité d’un Etat érode donc dans une certaine mesure la confiance de ses partenaires et des investisseurs. Aussi, il est important de préciser que l'allègement de la dette n'éradique pas les causes de surendettement qui ont plongé la RDC dans une crise socioéconomique profonde depuis plusieurs décennies. De toute évidence, la spoliation des deniers publics, la corruption devenue endémique dans les institutions, l’impunité encouragée par les commis de l’Etat, la mauvaise gestion entretenue dans la gestion des affaires publiques de l'Etat ont asphyxié l'économie du Congo et paupérisé ses populations. Au-delà du point d’achèvement, les dirigeants de la RDC doivent désormais prouver qu’ils sont capables d’honorer leurs engagements vis-à-vis des partenaires tant au plan interne qu’externe et d’instaurer les règles de bonne gestion dans la gouvernance de l’Etat.
3. La République Démocratique du Congo est-elle désormais à l’abri d’un surendettement aussi pesant que celui qu’elle a connu ?
On ne peut se permettre de répondre à cette question par l’affirmative. De ce fait, plutôt que de se réjouir simplement d’avoir atteint «le point d’achèvement» qui a occasionné l'allègement de la dette, en pensant que le pire est derrière nous, les autorités congolaises doivent tirer les leçons du passé en promouvant de manière effective une gestion saine et transparente «de la chose publique». Les mêmes causes produisent les mêmes effets, dit-on. La bonne gouvernance au Congo ne doit plus se limiter à des simples déclarations d'intention fussent-elles bonnes ou à des actions éparses et timides mais elle doit se traduire dans les faits par un changement véritable des pratiques assurant le bon fonctionnement de l’Etat. Les slogans doivent céder le pas aux actions concrètes porteuses de progrès et du développement.
4. La RDC doit-elle ou peut-elle souscrire à un nouvel endettement?
Souscrire un prêt n’est pas une mauvaise chose en soi, tout dépend de l’usage qu’on en fait. Le programme EuropeanRecovery Program très connu sous le nom de Plan Marshall constitue une illustration probante des bienfaits que peuvent procurer les prêts ou crédits aussi bien aux préteurs qu’aux emprunteurs. En effet, le Plan Marshall mis sur pied sous l’administration Turman en 1947, au lendemain de la deuxième guerre mondiale consistait pour les États-Unis à fournir un crédit sous certaines conditions aux Etats européens. Ceci a permis à l’Europe de se reconstruire rapidement et aux Etats Unis d’éviter une récession économique aux conséquences fâcheuses. L’endettement par emprunt n’est pas l’unique procédé mobilisateur de fonds toutefois, c’est l’un des modes de financement les plus prisés et générateur de profits au sens propre et figuré du terme. Cependant, même si la RDC ne peut s’interdire d’y recourir, elle devra le faire dorénavant dans le strict respect des règles de bonne gestion et dans l’intérêt des citoyens pour ne pas sombrer encore une fois dans le surendettement et condamner des générations entières à payer un très lourd tribut.
5. Quelle est votre réflexion sur l’avenir du Congo? Comment doit-on faire pour assurer le développement économique du pays et lutter contre la pauvreté?
Pour que l’avenir du Congo soit radieux, le congolais doit apprendre à changer dans sa manière de réfléchir, de parler et d’agir. A ce titre, les comportements et déclarations réfractaires qui prônent l’incapacité du congolais ou du peuple congolais à changer et à s’améliorer doivent être bannis car ces déclarations sont à la fois mensongères et suicidaires. Tous les peuples du monde peuvent à l’instar de l’être humain changer et s’améliorer. Un peuple incapable de croire en ses capacités de changer et de faire changer les choses à l’instar du peuple américain, des peuples européens et asiatiques ne peut progresser et marquer l’histoire. Je crois en l’Eternel Dieu et la Sainte Bible qui attestent que «tout est possible».
Pour se développer et lutter contre la pauvreté, au lieu de s’appuyer sur les ressources naturelles de son sol et sous-sol, la RDC première puissance démographique d’Afrique centrale, doit d’abord valoriser et employer son capital humain qui est l’unique facteur de production capable de générer et d’entretenir le progrès. A titre indicatif, des programmes économiques ambitieux promouvant la création effective d’emplois dans le secteur tant privé que public peuvent et doivent être mis en œuvre. Le travail, activité génératrice de richesse, de croissance et de développement doit être valorisé par des politiques salariales galvanisant une distribution équitable des richesses nationales aussi bien dans le secteur public que privé. En somme, la mise au travail effective et décemment rémunérée de la main d’œuvre congolaise disponible aura comme corollaires l’augmentation sensible de la production nationale et du revenu réel des ménages. Cette avancée occasionnera assurément une croissance économique forte, une réduction sensible du niveau de pauvreté et le développement de la RDC.
*Eric Mulumba Zozo, économiste international spécialiste des questions de développement de l’Afrique depuis New York
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mise en ligne le mercredi 25 août 2010