La nouvelle est tombée comme une boule de glace lorsque le journal la Flamme du Congo, un hebdomadaire paraissant à Kinshasa, dans son édition du vendredi 24 septembre 2010, annonçait à la Une : « Kalume Numbi convoqué au Parquet ».Et pourtant dans la ville haute, la nouvelle de cette interpellation circulait déjà. L’homme le plus proche du sérail présidentiel, était jusqu’alors intouchable. La gestion des fonds liés aux festivités du cinquantenaire de l’indépendance n’a pas donné satisfaction au Chef de l’Etat quant à la solennité de l’événement à la quelle Joseph Kabila s’attendait. Le succès de la célébration des 50 ans de l’indépendance du Congo-Brazzaville a mis la puce à l’oreille de Joseph Kabila pour voir clair dans la gestion des fonds alloués au Commissariat Général du Cinquantenaire, créé pour la circonstance.
L’enquête ouverte par le Parquet, devra révéler davantage sur la mégestion des fonds constatée par le Magistrat Suprême, lui-même.Denis Kalume n’est peut-être pas seul. D’autres responsables du Commissariat général du Cinquantenaire, ne manqueront pas de répondre de leurs actes. Mais jusque où ira joseph Kabila ? L’avenir est plein de rebondissement dans cette affaire. Attendons voir!
Regard sur les festivités du 30 juin
30 juin 1960-30 juin 2010, la République Démocratique du Congo a célébré son jubilé d’or. Un succès incontestable du point de vue des officiels alors que pour l’opinion, c’est discutable.
Ainsi une lecture entre les lignes, des faits relatifs à l’événement, peut éclairer honnêtement les lanternes du public. Trois temps facilitent la compréhension des enjeux autour du dit rendez-vous à savoir : avant ; pendant et après l’événement
De l’avant fête
Alors qu’au début de cette législature, il était connu qu’au 30 juin 2010, l’on fêterait le cinquantenaire, le pouvoir en place est resté trois ans durant en train de dormir sur ses lauriers comme si de rien n’était.
C’est seulement six mois avant, qu’il s’est réveillé avec la création dans la précipitation du commissariat général au cinquantenaire.Grande surprise : les dépenses y relatives n’émargent pas au budget de l’Etat.
Ainsi il y a lieu de se poser la question suivante: D’où sont provenus les fonds engagés à cette célébration?
Les esprits bien éclairés parlent simplement du détournement du denier public sous prétexte de l’organisation du jubilé d’or.
A voir la précipitation avec laquelle les travaux de réhabilitation de certaines infrastructures ont été réalisés, l’on comprend la manœuvre.
Les sages disent que « l’on peut tromper une personne une fois, mais l’on ne peut pas tromper toutes les personnes toutes les fois ».
Le spectacle auquel se livre le pouvoir à Kinshasa n’a pas d’autre nom que le début de la campagne électorale.Qui peut croire que la réhabilitation du Boulevard du 30 juin ait coûté 60.000.000$, sur un tronçon de 6 km jadis carrossable. Le comble est que, c’est connu à travers le monde, l’asphaltage d’une route « High way » coûte tout au plus 1.500.000$ le km.
L’on sait pertinemment, à titre d’exemple, que la route Beni-Kisangani en terre battue a demandé 40.000.000$ sur un tronçon de 800 km environ, soit 50.000 usd par km.
Des sources concordantes indiquent que le Salon Présidentiel à l’Aéroport de Ndjili a consommé à la République près de 25.000.000 de dollars.
Quel coût faramineux ? C’est probablement la raison qui fait qu’on continue à cacher ces chiffres au peuple que l’on presse comme un citron alors qu’il a déjà beaucoup donné. Il est appelé, ce fameux peuple, à serrer sa ceinture même à l’égard de son droit le plus légitime comme le salaire qui lui est privé au nom du point d’achèvement pendant que le régime brille dans le luxe ostentatoire.
C’est un scandale !
L’on comprend que le pouvoir a tout simplement décidé de faire la raquette du trésor public avec cette célébration.Pire encore, toujours la veuille de ce grand jour, le pouvoir a décidé contre toute attente de céder l’exploitation du pétrole du Graben Albertine aux Entreprises Ecrans CAPRIKAT et FOXWELP et d’évincer FIRST QUANTUM au profit de METALKOL, une société inconnue aux allures d’un prête-nom dans le secteur Minier au Katanga. Est-ce toujours le cinquantenaire qui motive cette mafia ?L’image est celui d’un pouvoir à double vitesse où les uns, sur le devant de la scène multiplient les vœux pieux tandis que d’autres dans l’ombre tirent les bénéfices d’une économie mafieuse, saignent le trésor public.Qui trompe qui ? Quand on sait par exemple que les députés de l’Ituri autant que la société civile du même coin, ont dénoncé énergiquement et sans ambages, cette dérive totalitaire de bradage des ressources aux allures des souverains du Moyen Age. Le Canada n’en décolère pas, la RDC devra répondre devant une juridiction internationale.
L’avenir dira mieux.
DU DEROULEMENT DELA CELEBRATION
Ici trois étapes ont retenu l’attention du public :
Le nombre et la catégorie des délégations ayant pris part aux festivités. Le discours du Chef de l’Etat.Le défilé à deux temps (militaires et civils).
Une dizaine des chefs d’Etat sur la cinquantaine attendue
Sur une cinquantaine des délégations attendues dont la vingtaine serait des Chefs d’Etats, une dizaine seulement est arrivée dont le Roi des Belges.
C’est ici le lieu de souligner que les vedettes de la cérémonie ont été Paul Kagame du Rwanda, Yoweri Kaguta Museveni de l’Ouganda et le Roi Albert II de la Belgique.De ces trois, seul Kagame a accordé une interview livrant sa lecture de la coopération entre son pays et la RDC.La présence de ces 3 hôtes susmentionnés avait donné du poids à la cérémonie.Il faut d’ailleurs dire que c’est Kagame et Museveni qui avaient le contrôle de la célébration en ce sens que c’est eux qui ont donné le coup d’envoi voire même le signal de la clôture.Peut-être que la présence des personnalités telle que OBAMA, David Cameron, ANGELA MERKEL, SARKOZY ou même ZUMA ou DO SANTOS ou encore JAKAYA KIKWETE, les amènerait à venir en temps.Quoique le Roi des Belges soit arrivé, son gouvernement lui avait interdit de prendre parole comme pour dire aux congolais que sa présence n’est pas une caution au régime.
Le point de vue de la Belgique a été donné par le Premier Ministre démissionnaire YVES LETERME lors de sa rencontre avec Adolphe Muzito. L’on retiendra de ce tête-à-tête, que les Belges ne sont pas tendre avec le pouvoir de Kinshasa au sujet de la Gouvernance et du dossier CHEBEYA.
Il est vrai que la présence du Roi a occulté ce message officiel de la Belgique. Notez également que LETERME est allé exprimer sa compassion à l’ONG des V.S.V.
C’est aussi un signal très fort au régime.
Discours du Chef de l’Etat : pas de bilan sectoriel
Le résumé du discours se présente comme suit :
Les hommages aux pères de l’Indépendance et à tous ces prédécesseurs
-L’éloge de ses propres réalisations
-Les perspectives d’avenir (très mal présentées d’ailleurs).
Il lui a manqué de :Faire le bilan sectoriel qu’il focaliserait sur les secteurs de base ;
Remercier le Roi des belges pour sa présence et ce que la Belgique a légué au pays ;
Poser un acte de grandeur à la hauteur du Jubilé à l’occurrence celui de FAIRE GRACE à certains détenus qui ont purgé une bonne partie de leur peine. Ici, l’opinion ne pardonne pas au Président au point de croire que ce rendez-vous a été un fiasco.
Le défilé proprement dit
La partie militaire était essentiellement la dissuasion.A qui peut-on prétendre donner des leçons ?Encore que tout le monde sait que le matériel, aussi puissant qu’il soit, n’est rien sans les hommes et que plusieurs fois la RDC a enrichi l’arsenal de ses voisins faute d’une armée véritablement républicaine.La partie civile a été la plus moche avec le désordre dans lequel les militants du PPRD ont défilé en courant, en criant comme des drogués.
La bagarre pour les chaises qui a clôturé le défilé a démontré que tout pouvait arriver à tout moment.
Relâchement sur les chantiers dans la ville-capitale
Le relâchement est observé pratiquement sur tous les chantiers du fait que le 30 juin 2010 appartient désormais à l’histoire.
En plus, l’euphorie de l’atteinte du point d’achèvement risque d’aveugler le régime dans ses dérapages alors que ce n’est pas encore la lune des miels.
A dire vrai, loin d’être une fête nationale, le 30 juin 2010 a servi de passerelle pour enrichir quelques faucons du régime au détriment de la population qui continue à croupir dans la misère totale. Les fonctionnaires demeurent impayés et ont passé le jubilé dans la méditation.
L’on peut ainsi dire que seuls les hommes du pouvoir et leurs acolytes ont fêté.Jeune Afrique dans sa livraison du 05 au 11 juillet 2010 dans le bilan de 50 ans d’indépendance de la RDC présente des chiffres qui donnent le vertige : Budget 2010 : 6 milliards de dollars, soit un peu plus de la moitié de celui de la ville de Paris, dont une bonne part en promesses d’aide, pour une population dépassant les 60 millions d’âmes. Taux d’accès à l’électricité : 6 pour cent. Poids de l’informel dans l’économie : 93 pour cent. Temps nécessaire à un véhicule tout-terrain pour parcourir les 3500 km qui séparent BOMA de GOMA : 4 à 5 semaines si Dieu lui prête secours. Espérance de vie : 42 ans. Nombre d’habitants à Kinshasa : 8 à 9 millions. Le gâchis, ici est à la mesure de la richesse potentielle de ce pays continent. Donc la fête du Cinquantenaire organisée à grands frais sur le dos du contribuable, du fonctionnaire, et de toute la population en général, n’aura été au finish qu’un rendez-vous manqué sur le plan politique, diplomatique et social. Ainsi, relever le défi du développement intégral et durable de la RDC répond à plusieurs impératifs dont la grandeur de la vision et de l’ambition s’avèrent indispensable pour tout acteur de la vie publique. Sur ce, l’oiseau rare est toujours recherché pour venir essuyer les larmes du peuple longtemps meurtris et qui risque de perdre l’espoir à force d’assister à beaucoup des rendez-vous manqués.
Malambia Kyavitondo. analyste politique
mise en ligne le mercredi 06 octobre 2010
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