Qu’est devenu Jean Louis Ernest Kyaviro ?
Cette question revient sur toutes les lèvres dans les milieux politiques et de la société civile de la province du Nord Kivu. Les plus préoccupés par la situation de ce députe national honoraire sont les membres de sa famille et, particulièrement, sa femme qui vient de passer deux mois sans nouvelles de son mari. Est-il vivant ou mort ?
Enlevé ou arrêté (c’est selon) au mois de janvier dernier à Goma, dans la vague des manifestations de contestation contre l’article de la loi électorale, Jean Louis Ernest Kyaviro n’a plus eu un seul contact avec ses proches. Ce politicien a été conduit dans un lieu inconnu jusqu’à ce jour. Même ses avocats se plaignent de n’avoir jamais pris langue avec lui. Nul ne sait exactement où cet ancien porte parole du gouverneur Kohongya est détenu. De sources non officielles, il nous revient que cet ex Secrétaire général Adjoint du RCD/K-ML serait détenu dans un cachot de l’ANR (Agence National de Renseignement) à Kinshasa Gombe non loin de la primature. Ces geôliers les maltraiteraient au point que son état de santé ne ferait que se dégrader. De quoi inquiéter au plus haut point sa femme et ses enfants. Ces infortunés ne savent à quelle porte toquer pour avoir la vraie information sur Jean Louis Ernest Kyaviro.
En désespoir de cause, l’épouse Kyaviro s’en remet à Dieu, aux hommes et organismes de bonne volonté pour qu’ils s’investissent pour retrouver les traces de son mari enlevé par les services du pouvoir congolais. Elle ne se réalise pas que dans un pays qui se veut démocratique et respectueux des lois, l’on puisse détenir, deux mois durant, son mari sans le présenter devant son juge naturel.
Pour plusieurs sources contactées au Nord Kivu, Jean Louis Kyaviro est victime de sa verve oratoire et de ses dernières prises de positions contre un troisième mandat du président Joseph Kabila. Aussi pense-t-on que ses accointances avec Antipas Mbusa Nyamwisi, leader du RCD/K-ML et opposant au régime en place, ne devraient que lui attirer noises de la part des tenants du pouvoir en RDC.
Quelque soit la faute commise par Jean Louis Ernest Kyaviro, aucune loi ne permet de le garder au noir 60 jours durant et privé de tout contact, pensent les juristes du Grand Nord. Au nom du pays de droit dont se clame la R.D.C, le juristes du Nord Kivu demandent au pouvoir de Kinshasa de s’impliquer dans ce dossier afin de permettre à Kyaviro de répondre de ses actes devant son juge naturel.
Cet enlèvement de Kyaviro et bien d’autres rappellent aux habitants de l’Est du Congo la triste époque de la dictature de Mobutu. C’est à croire qu’en lieu et place d’évoluer vers un Etat de droit, la R.D.C recule plutôt de quelques années.
Soixante jours de détention dans un cachot c’est déjà trop. Il est temps que le pouvoir s’organise pour présenter Kyaviro devant les institutions judicaires compétentes.