Il était donné pour non partant. Un homme n’ayant plus des chances d’être maintenu au gouvernement. Des commentaires allés dans tous les sens dans certains salons politiques à son sujet. Surprise, le président Joseph Kabila l’a encore reconduit comme ministre lors du dernier remaniement ministériel intervenu le vendredi 17 février 2010.
Le leader du RCD/K-ML a été maintenu dans son poste du ministre en charge de la décentralisation.
Ceux qui le voulaient hors des institutions se mordent les doigts pendant que ses partisans se réjouissent de cette reconduction aux affaires de leur leader.
Pourquoi tant des spéculations autour de la personne de Mbusa Nyamwisi ?
L’homme n’a pas que des amis dans l’entourage présidentiel. Ces détracteurs n’ont cessé de le présenter sous son mauvais jour auprès du Raïs en le taxant d’imprévisible, de concurrent potentiel à la course présidentielle, d’intelligence avec certains groupes armés à l’Est du Congo, de cible de la Cour Pénale Internationale, de tribaliste…
Ses prises des positions en rapport avec la situation qui prévalait à l’Est serait l’un de ses points d’achoppement avec l’entourage du président. La tendance belliciste ne voulait pas entendre de la solution politique qu’il préconisait notamment pour résoudre la question du CNDP. En effet Mbusa est l’un des rares politiciens congolais qui proposaient l’harmonisation des rapports entre Kinshasa et Kigali comme l’une des voies de pacification de l’Est du Congo. Ce qui lui avait valu le qualificatif d’anti kabiliste par ses fossoyeurs.
Hélas, le temps a fini par lui donner raison, l’option militaire n’ayant pas réussi à venir à bout de la rébellion de Laurent Nkunda. C’est finalement l’alliance Kabila-Kagame qui a donné la solution intermédiaire à l’Est.
Mbusa avait donc diminué son capital confiance auprès du Chef. Preuves ?
Pompeusement élevé au rang de Ministre d’Etat en charge des affaires étrangères dans le premier gouvernement après les élections de 2006, Mbusa s’est vu retirer la qualité du ministre d’Etat lors du premier remaniement de 2007 avant de se faire confier la charge du ministère de la décentralisation en 2009. Certaines indiscrétions font croire que n’eut été l’intervention de certaines personnalités de l’étranger ce « pionnier de la réunification du Congo » se serait fait virer.
Son parti, le RCD/K-ML avait perdu certains postes au niveau des entreprises publiques.
D’aucun voyaient dans cela la descente aux enfers de ce politicien natif de la province du Nord Kivu.
L’instabilité constatée au sommet de son parti à un certain moment avec la démission du Président Intérimaire et du secrétaire Général a.i étaient classés dans le panier du déstabilisation de ce parti politique par des mains invisibles.
Certaines mauvaises langues ont vu, dans l’histoire de la démission du vice gouverneur de la Province Orientale, l’ombre de Mbusa Nyamwisi dans le cadre d’une guerre entre Kabilistes et non kabilistes.
Il ne faut pas ignorer que Mbusa Nyamwisi était le premier rebelle à tendre la main à Joseph Kabila pendant la période de guerre. C’est de Beni, territoire sous son contrôle que le premier pont aérien a été établi entre Kinshasa et la partie sous contrôle des rebelles. Durant tout le processus des négociations les prises de positions du RCD/K-Ml étaient toujours proches de celles de Kinshasa. Ce qui avait valu à son mouvement des attaques de tout bord.
Selon certaines sources quelques groupes mayi-mayi hostiles à la rébellion qui opéraient à l’Est sous la bénédiction de Kinshasa n’échappaient pas à la vigilance de Mbusa Nyamwisi. Il en est de même de certains groupes FDLR.
En dépit de tout cela, Mbusa Nyamwisi s’était contenté du poste de ministre en charge de la coopération régionale pendant la transition. Ce qui ne l’a pas empêché, en 2006, de donner un mot d’ordre de vote en faveur du candidat Joseph Kabila en faveur duquel il avait désisté de la course pour la présidence.
La complicité Mbusa-Kabila ne date donc pas d’aujourd’hui pour pouvoir l’ébranler aussi facilement.
Mbusa compte parmi les personnes clés des l’Est de la RDC. Le pouvoir doit avoir compris qu’il ne faut pas l’ignorer. L’on a beau le présenter sous son mauvais jour, mais il reste présent dans l’équipe gouvernementale.
Joska