Le poumon économique de la province du Nord Kivu se trouve dans l’espace Beni-Lubero. Le plus grand centre commercial de l’Est de la RDC est indiscutablement situé dans la ville de Butembo en territoire de Lubero. Sur le plan agricole les territoires de Beni et de Lubero constituent le grenier non seulement pour la province du Nord Kivu mais aussi pour la province Orientale. Haricot, oignons, pommes de terre, et autres denrées alimentaires qui inondent les marchés de Bunia, Kisangani, Goma proviennent entre autres de ces deux territoires. Le peuple nande est réputé pour son entreprenariat et son dévouement aux travaux champêtres. Presque tous les grands patrons de Butembo disposent des champs ou d’élevages en plus de leurs commerces.
Dans certains milieux de l’Est du Congo être nande suppose être commerçant.
Ce peuple a cependant un faible dans le domaine politique ses fils s’intéressants plus aux affaires. Très peu ont eu a émerger politiquement dans le règne de Mobutu. Il s’agit entre autres de Denis Paluku, Pierre Payipayi, Kakule Mbahingana, Pierre Lumbulumbu. Mais c’est incontestablement Enock Nyamwisi Muvungi qui, à l’ouverture du zaïre de Mobutu au pluralisme politique, avait fait parler la poudre dans cet espace. C’est le premier leader politique nande qui savait galvaniser et haranguer des foules. Fondateur de la Démocratie Chrétienne Fédéraliste, Enock Nyamwisi avait réveillé chez les nande le goût de la politique et fait comprendre aux hommes d’affaire de Beni et Lubero la nécessité d’allier les affaires à la politique. .
Hélas, une mort tragique va le surprendre avant même qu’il n’ait réussi à achever le plan politique qu’il avait pour sa contrée.
Il fallait ainsi attendre les vagues des rébellions pour voir monter une nouvelle classe politique dans cette partie de la RDC avec en tête Mbusa Nyamwisi.
En effet le passade des rébellions à l’Est de la RDC a eu pour effet de donner à ses ressortissants l’envie de s’embarquer dans le bateau de la vie politique. La rébellion du RCD/K-Ml chapeauté par Mbusa a permis, après la réunification du pays, à faire hisser des jeunes intellectuels de Beni et Lubero au sommet des différentes institutions de la RDC. Ambassadeurs, Gouverneurs, Vice gouverneurs, Ministres, Vices Ministres, Députés nationaux, Sénateurs, ADG, ADF, ADT, Administrateurs d’entreprises, Redoc, Redoca, Députés provinciaux sans compter des multitudes des conseillers auprès des différentes autorités ont été fabriqués par le RCD/K-ML de Mbusa Nyamwisi.
Même dans l’armée nationale, le Mouvement de Mbusa Nyamwisi a permis l’élévation des fils de Beni et Lubero aux rangs d’officiers généraux, officiers supérieurs, officiers et sous officiers.
Depuis, plusieurs jeunes de cette partie du Congo s’intéressent à la politique.
Un leadership politique difficile à assumer
Pour mieux cerner cette question, il faut avant tout comprendre les principaux groupes de pression qui influent dans la vie politique de cette contrée. Il s’agit des églises, des opérateurs économiques, du Kihanda, et de la société civile.
L’Eglise Catholique avec en tête l’Evêché assure une véritable autorité morale sur les habitants de cette partie du Congo. Ses prises de position influent sensiblement sur les cours des choses dans l’Espace Beni-Lubero. Dans une certaine mesure, l’Eglise Protestante EERA et CECA 20 ne se laissent pas surprendre dans les problèmes politiques qu’elles suivent de très près. Ainsi certains politiciens se positionnent-ils par rapport à ces églises.
Les plus grands hommes d’affaires de Butembo et Beni ont aussi leur mot à dire dans la politique du milieu. Il faut s’assurer de leur soutien pour prétendre à quoi que ce soit sur le plan politique. Les politiciens de la place font tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas se frotter à ces détenteurs du pouvoir financier. Ainsi, dit-on que chaque politicien doit avoir derrière lui son homme d’affaire. Le Kihanda, cette mutuelle regroupant tous les ressortissants nande et composée des sages et notables du milieu, est toujours consulté pour avaliser tel ou tel autre projet politique. Enfin, il y a la société civile dont la capacité mobilisatrice des populations n’est plus à démontrer.
La renommée d’un homme politique ou d’une personnalité politique ne se consolide à Beni-Lubero qu’avec les soutiens de ces groupes. Les partis politiques ne peuvent avoir de l’emprise sur cette partie du Congo que dans la mesure où ils peuvent gagner la sympathie de ces groupes de pression.
Positionnement sur base des clivages
Conscients de cet état des choses des politiciens de Beni-Lubero ont tendance à se positionner suivant les clivages. Et c’est l’un des grands handicaps politique de cet espace. Les clivages Beni-Lubero et Protestant-catholique sont les plus usités. Dans l’intention de nuire à leurs adversaires politiques éventuels, des politiciens s’appuient sur ces clivages en vue de diviser les populations. Les uns se présentent comme d’obédience protestante et d’autre comme d’obédience catholique avec espoir de drainer vers eux les faveurs des fidèles de ceux deux grandes églises. Dans le pire des cas, c’est le clivage Beni-Lubero qui est brandit. Les fils de Lubero ont tendance à faire prévaloir leur appartenance à ce territoire comme motif pour s’attirer exclusivement le soutien de ses ressortissants. Il en est de même des politiciens du territoire de Beni qui tentent de s’appuyer sur cette corde sensible pour bien se tirer d’affaire.
2011, privilégier le rationalisme
Les territoires de Beni et de Lubero ont la particularité de regorger des populations qui partage la même langue, le kinande, et une même culture. Point n’est besoin de vouloir, pour des intérêts politiques, diviser ce peuple réputé pour son esprit d’entreprenariat.
Déjà nous apprenons que à Lubero comme à Beni, des stratégies sont entrain d’être mis en place pour contrer certains leaders politiques. Les choix des concurrents sont fondés notamment sur les clivages Beni-Lubero et Catholique-Protestant.
Il faut transcender ces clivages, porter le choix sur des personnalités engagées pour la défense de la cause commune. Des hommes ayant à la fois, une emprise sur le terroir et une carrure politique national. Ces hommes ne manquent pas dans les territoires de Beni et de Lubero.
Matembele
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mise en ligne le dimanche 30 août 2010