Samedi 24 août 2013, la ville de Goma était en ébullition. Les habitants de ce chef lieu de la province du Nord Kivu s’étaient réveillés sous des obus qui ont occasionné encore des dommages importants. Ces engins de la mort ont fauché des vies humaines parmi lesquelles une femme dont le corps a été trimballé par ces frondeurs en colère. Sous une tension très vive ces gomatraciens scandaient des slogans hostiles à la Monusco et au Rwanda. Pire, l’option de ramener les corps des victimes au Rwanda a été même envisagée par ces manifestants. N’eut été l’intervention efficace des contingents de la Monusco, de la Police et des FARDC, cette population révolté allait franchir les frontières de Gisenyi pour se retrouver au Rwanda avec leurs cadavres. Ce qui ne pouvait que dégénérer la situation. Nos sources renseignent que pour disperser ces foules en délire, des bombes lacrymogènes ont été jeté et même des balles réelles tirées en direction de la population par les agents de maintien de l’ordre public. Bilan: sept morts et plusieurs blessés.
Une manière pour cette population meurtrie de Goma d’exprimer son ras-le-bol contre l’inefficacité des méthodes utilisées par les contingents de la Monusco s’agissant de la traque des milices et l’ingérence présumée du Rwanda dans le soutien au M23.
Un message de désespoir
Que la population s’en prenne au Rwanda et à la Monusco , c’est un message qu’il faut bien décrypter. Un cri de détresse. L’expression d’un sentiment de désespoir, de déception. Les habitants de Goma n’ont plus rien à attendre d’un pouvoir congolais qui peine à leur assurer la paix, la sécurité et le mieux être. Un pouvoir démissionnaire face à sa mission de protéger la population et ses biens dans cette partie de la RDC. Un pouvoir qui attend tout des forces extérieures.
Lassés par des discours non tenus, des concertations sans lendemain meilleur, des affrontements armés répétés et sans issu, ils se sont rendus à l’évidence que leur salut ne peut pas venir de Kinshasa. Un désaveu du pouvoir établi à Kinshasa ? Une négation de l’existence d’un Etat en RDC ?
Les congolais de l’Est ont l’impression d’être abandonnés, à leur triste sort, par leurs dirigeants politiques et par la communauté internationale.
Aussi, faut-il lire dans cette attitude des gomatraciens le refus d’une quelconque hégémonie rwandaise sur le sol congolais, la résistance à la mise en place du plan de balkanisation du Congo et la désapprobation du rôle joué jusque là par la Monusco dans le rétablissement de la paix à l’Est de la RDC.
C’est donc des cartons rouges distribuées en direction du Rwanda, du Gouvernement Congolais et de la Monusco.
Il y-a-t-il eu manipulation de la population ?
Le porte-parole du gouvernement de la RDC a fait allusion à une éventuelle manipulation de la population de Goma. Dans une lettre adressée au Secrétaire Général de l’ONU, le Président du M23, Bertrand Bisimwa a aussi évoqué la manipulation des Gomatraciens. Les deux camps tiennent, nous semble-t-il, à rester clean face à la communauté internationale, aux décideurs du monde. Pour les populations de Goma, la révolte a été spontanée. La riposte de Jean Louis Ernest Kyaviro au propos du Ministre Lambert Mende est révélatrice du fossé qui se creuse entre les dirigeants congolais et les Gomatraciens. Cliquez ici pour lire
LE MILLENAIRE