Ce jeudi 10 mars 2011, l’arrêté du Ministre congolais des Mines en rapport avec la levée de la mesure d’interdiction de l’exploitation de matières précieuses dans les provinces du Sud-Kivu, Nord-Kivu et Maniema doit, en principe, entrer en vigueur. Les creuseurs et autres exploitants miniers de cette partie de la RDC peuvent déjà se frotter les mains et reprendre avec leur boulot. Cette mesure intervient cinq mois seulement après que le chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila ait décidé d’interdire l’exploitation des minerais dans cette région de la RDC. Le président de la RDC pensait, en prenant cette mesure, réduire la capacité de nuisance des groupes armés œuvrant à l’Est de la RDC et contrer l’exploitation illégale des ressources naturelles de ce pays. La sécurisation de la région était l’une des raisons principales de cette mesure de Joseph Kabila. Le chef de l’Etat Congolais n’avait pas manqué de faire allusion aux réseaux maffieux entretenus de l’extérieurs comme de l’intérieurs par des autorités militaires et politiques tant de Kinshasa que des provinces.Cette mesure a été accueillie timidement dans l’opinion des ces trois provinces étant donnée qu’elle privait des nombreux citoyens de cette contrée de leur gagne pain dans un pays où il y a carence d’emplois.Cinq mois après cette mesure, qui avait suscité des commentaires dans tous les sens, qu’est ce qui a réellement changé sur terrain pour justifier cette levée ? Les FDLR et autres groupes armés ayant des sanctuaires au Kivu ont continué à faire le malheur des populations alors que l’exploitation des matières précieuses était suspendu. Des observateurs avertis notamment à Walikale, dans la province du Nord Kivu, attestent qu’en dépit de cette mesure d’interdiction, des hommes en uniformes ou armés continuaient allégrement l’exploitation des minerais dans cette partie de la RDC. L’insécurité est toujours permanente dans cette région où il ne se passe pas une semaine sans que l’on enregistre des cas d’assassinats et des viols des femmes et jeunes filles. Aucun réseau maffieux de l’intérieur comme de l’extérieur n’a été démantelé.La levée de cette interdiction ne peut qu’être accueillie avec soulagement par des operateurs et autres exploitants miniers qui peuvent ainsi reprendre leurs activités et subvenir aux besoins de leurs familles.Selon le Ministre congolais des Mines, des mesures d’accompagnement ont été prises pour que les matières précieuses profitent réellement au peuple congolais en lieu et place d’être spoliées par des étrangers. Des centres de négoces seront créés dans les trois provinces et les produits seront étiquetés à partir des puis pour une bonne traçabilité, entre autres. Rien n’a était dit sur les épaules galonnées des FARDC qui s’adonnent à l’exploitation illégales des minerais de l’Est de la RDC et facilitent cette tâche aux expatriées. Rien n’indique les groupes armés opérant à l’Est de la RDC ont été placé dans l’impossibilité de continuer à exploiter les ressources naturelles de la RDC. A quoi donc aura donc servi cette interdiction qui s’est limitée à priver les pauvres populations de leur moyen de survie ? A rien, pensent des pessimistes qui estiment qu’avant l’interdiction égale après l’interdiction. Ils vont jusqu'à s’imaginer que l’approche des élections doit avoir joué pour la levée de cette mesure, les stratèges du pouvoir s’étant rendu compte que c’est la population (donc l’électorat potentiel de Kabila) qui subissait les effets pervers de cette mesure. Il fallait donc, et à temps, lever cette mesure.Nul n’ignore que dans la région de Kivu, les premiers exploitants illégaux des ressources naturelles se comptent parmi les autorités administratives et militaires de la RDC qui travaillent de connivence avec certains étrangers. Les groupes armés qui s’adonnent aussi à cette exploitation bénéficient de la complicité de certaines autorités politiques et militaires des pays de la région. Kinshasa n’ignore pas cet état de chose. Suspendue ou pas, l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC continuera à se faire tant que ce pays ne disposera pas d’une capacité de dissuasion. Il faut une armée républicaine, organisée, équipée et motivée ainsi qu’une administration forte pour mettre la RDC hors des exploitations de toutes sortes. La sécurité à l’Est de la RDC et la protection de ressources de ce pays passent par la motivation des militaires et des agents de l’administration publique. Aucune mesure ne pourra être efficace dans cette région avec l’administration actuelle caractérisée par la corruption et une armée complètement démotivée. Plutôt que de passer le temps à prendre des mesures qui n’apportent pas d’effet sur terrain, le gouvernement congolais ferait mieux d’aller à l’essentiel, se pencher sur la recherche des voies et moyens pour doter le pays d’une armée forte et d’une administration conséquente. Tout autre chose n’est que distraction.
Joska Kaninda