La cote de popularité de Joseph Kabila va en decrescendo dans la province du Nord Kivu. De plus en plus, la population de cette partie de la RDC découvre, à sa grande déception, les faiblesses du pouvoir en place à Kinshasa. Les gens se le disent tout bas. Douze ans de règne n’ont pas suffit à ce régime pour le rétablissement la paix et l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. L’Armée nationale peine à se structurer. L’insécurité fait partie du lot quotidien des populations de l’Est de la RDC. Les conditions de vie vont toujours se dégradant. Les tracasseries administratives, policières et administratives se portent très bien…
Comme si cela ne suffisait pas, le régime de Kinshasa a choisi de faire taire les leaders politiques du Nord Kivu qui le « dérangent ». C’est le cas de députés nationaux Mbusa Nyamwasi et de Muhindo Nzangi.
Le premier, élu de Butembo et leader du RCD/K-ML, a été limogé du parlement sans qu’il n’ait eu le temps de présenter ses moyens de défense. Il lui était reproché des absences répétées au plénières de l’Assemblée Nationale. Le second, élu de Butembo et membre du MSR (parti de la majorité) vient d’être écroué dans la prison de Makala pour avoir émis son opinion sur la guerre qui prévaut à l’Est de ce pays. Il est condamné pour atteinte à la sécurité de l’Etat.
Bien que limogé, Mbusa Nyamwisi maintient son emprise politique sur son fief de Beni-Lubero. Son parti politique continue à le soutenir dans sa lutte. (Cliquez ici pour lire la déclaration du RCD/K-ML). Lors des dernières élections de 2011 il avait démontré sa force politique. Tous les candidats de son obédience avaient battu, à plate couture, leurs concurrents de la majorité présidentielle. Son opinion influence sensiblement les attitudes politiques de la population dans cette partie de la RDC. Ne cherchez pas à comprendre pourquoi il est souvent cité dans des rapports des services secrets congolais comme tireur des ficelles et les organes de presse proches du pouvoir ne lui ne sont pas tendre. Qui veut noyer son chien l’accuse de rage dit-on.
Muhindo Nzangi fait partie des élus ayant une cote de popularité très élevée à Goma. Ce jeune député, bien que membre d’un parti politique de la Majorité, a toujours été très proche du peuple dans ses déclarations politiques. De quoi inquiéter un pouvoir déjà aux abois. Son arrestation est simplement une façon de le faire taire, l’éloigner de l’emprise sur la population du Kivu pense-t-on dans les rues du Nord Kivu.
La population qui n’est plus dupe a vite compris que ces deux actes posés par le régime Kabila sont des acharnements politiques. L’on s’en prend à un élu pour une opinion alors que ceux qui ont vendu des armes aux milices, détourné la ration et les soldes de militaires FARDC au front n’ont jamais été inquiétés par la justice congolaise. Des millions de dollars se volatilisent dans des caisses de l’Etat sans que la justice ne bronche.
Le mutisme de la société civile du Nord Kivu sur l’affaire de l’arrestation du député Nzangi étonne certaines consciences. Pourquoi abandonner à son triste sort un élu qui défend l’intérêt de la communauté ? La société civile du Nord Kivu est-elle vraiment indépendante et engagée à la cause du peuple ? Ces questions reviennent sur plusieurs lèvres.
Ces méthodes utilisées par le régime de Kinshasa rappellent aux populations du Kivu le tristement célèbre règne de Mobutu. Et le parallélisme ne tarde pas d’être vite fait entre les deux administrations. Ceux qui se ressemblent s’assemblent, dit un adage. En tout cas le Nord Kivu s’éloigne du contrôle du régime en place en RDC.
Matembele