Antipas Mbusa Nyamuisi, président national du Rassemblement congolais pour la démocratie-Kisangani-Mouvement de Libération, RCD-KML, a déposé sa candidature samedi 11 Septembre 2011 en qualité d’indépendant. Quelque temps plutôt, il avait démissionné de son poste du ministre de la décentralisation. Cette décision est l’aboutissement d’une longue période de frustration qui a existé entre Joseph Kabila et Antipas Mbusa, deux anciens alliés politiques dont le pacte a accouché de la réunification nationale avant même l’avènement des accords de paix de Sun City en Afrique du Sud. L’histoire du pays retiendra qu’Antipas Mbusa Nyamuisi a héroïquement sauvé l’unité de la République Démocratique du Congo, et ouvert de brèche à la victoire politique de Joseph Kabila aux présidentielles de 2006. En cette année là, Mbusa Nyamuisi, l’un de 33 candidats à la présidentielle, avait désisté pour éviter tout obstacle au succès de Joseph Kabila. Car il n’est nul doute que le Peuple Yira ne peut pas faire le choix sur quelqu’un d’autre là où il y a un Yira comme candidat. Maintenir sa candidature en 2006, ferait ombrage à Joseph Kabila, de Mambasa en Ituri, en passant par Beni, Lubero, jusqu’à Rutshuru dans le Nord-Kivu, où le peuple Yira a suffisamment marqué sa présence, dans l’agriculture, le petit commerce, les micro-finances, et autres. Grâce au penchant tribaliste du peuple africain en général et congolais en particulier, Mbusa Nyamuisi peut encore compter sur une importante base-arrière politique à l’Est du pays. Dans la ville de Kisangani par exemple, près d’un tiers des habitants de la commune Kabondo, la partie communément appelée 6 kms, la bande menant vers l’aéroport de Bangboka, où le dialecte Yira prend le dessus sur le Swahili, est habitée par les Peuples Yira. Dans les années Mobutu, ils fabriquaient même des élus au conseil urbain, notamment les Kivale Sendya et consorts.
Au centre-ville, les affaires sont concentrées à 70 pourcent entre les mains des commerçants Yira, qui ont eu à racheter presque toutes les maisons abandonnées par des grecs, pakistanais et belges, qu’ils recyclent à la bonne admiration des autochtones. Et ces hommes d’affaires croient encore à leur héros Mbusa Nyamuisi et peuvent bien manipuler les électeurs pendant la campagne car ils en ont les moyens. Si la campagne politique peut aussi recourir aux coutumes dites « d’ oncleries », ce genre d’alliances et de pacte de non agression conclus dans l’histoire entre différentes communautés ethniques congolaises, le Yira Mbusa Nyamuisi peut gagner la sympathie des Babudu dans le Haut Uélé, et à travers les Babudu, les Alurs de Mahagi, en Ituri. A coté de Beni, les Walendu-Bindi, occupant une bonne superficie du territoire d’Irumu, ont maintenu intact leur esprit de bon voisinage avec les ressortissants du territoire de Beni, dont fait partie Mbusa Nyamuisi. Tous partagent avec Mbusa Nyamyuisi le sentiment d’avoir été déçu par un congolais, Joseph Kabila, pour qui ils se seraient battus pour la restauration de l’autorité de l’Etat en Ituri, donc de la réunification nationale. Les Walendu-Bindi n’ont jamais pardonné à Joseph Kabila d’avoir livré Germain Katanga à la CPI, une affaire pour laquelle l’unité de sensibilisation de la CPI n’a jamais cessé de déclarer que c’était sur une requête du gouvernement de Kinshasa, donc du président Joseph Kabila.
Mbusa Nyamuisi est candidat indépendant, une stratégie similaire à celle de Joseph Kabila. Il a les verbes et dispose des amis costauds dans l’univers diplomatique à l’extérieur du pays. Ni les ougandais ni les Rwandais n’avaient réussi à le neutraliser à l’époque des conflits armés à l’Est du pays, grâce à son génie politique. Aujourd’hui, il est candidat président de la république, dans un environnement où la légende de candidat unique est prêchée comme synonyme de la victoire pour chacun de deux camps politiques qui vont s’affronter une seule fois le 28 Novembre 2011.
Est-ce pour défier Joseph Kabila, cet ami qui l’aurait trahi et déçu malgré tous les meilleurs souvenirs politiques partagés ensemble ? Est-ce pour fragiliser d’avantage une opposition minée par l’arrogance d’un Etienne Tshisekedi qui croit détenir déjà le monopole de tous les meilleurs critères que doit incarner le candidat unique de l’opposition qui devra se retrouver en face de Joseph Kabila le 28 Novembre 2011 prochain ? Mbusa Nyamuisi va-t-il céder quelques jours après comme il l’a fait en 2006 où une partie de sa base politique avait crié au trafic de leur choix ? On y veillera jusqu’au 28 Novembre 2011.
Le Pacificateur