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Province Orientale : Autsai et Bangakya, la guerre des générations ?

Premiers dirigeants élus de la province Orientale, Médard Autsai Asenga et Joseph Bangakya n’ont pas su composer comme il se devait. 

Elus respectivement Gouverneur et Vice Gouverneur de cette immense province, les deux personnalités politiques ont vécu en se suspectant mutuellement.

Déjà,  après leur élection, des analystes se doutaient déjà de la conflictualité qui allait les caractériser tout au long de leur mandat.

L’histoire a fini par donner raison à ceux qui, hier, passaient pour des prophètes de malheur.

En effet, traquer par quelques membres de l’Assemblée provinciale qui exigeaient de lui des explications sur l’achat de quelques engins de génie civil, Joseph Bangakya avait préféré jeter l’éponge l’année passée en démissionnant de manière fracassante de son poste de vice gouverneur. 

Cet acte, considéré comme une fuite en avant par ses détracteurs, a été posé alors qu’une motion de défiance en son encontre était en préparation.

C’est à Kinshasa qu’il était parti se reposer en attendant l’acceptation de sa démission par le chef de l’Etat.

Le 28 février 2010, coup de théâtre, Joseph Bangakya est rentré en pompe à Kisangani après sa brillante prestation à la soirée des remises des trophées « Ndule Award » aux meilleurs musiciens congolais de l’année 2009 le samedi 27 février 2010.

Au chef lieu de la province Orientale toutes les batteries  étaient mises en marche pour accueillir celui que l’on appelle « nouvelle énergie ». Un meeting était même prévu sur la place SGA.

Ses partisans ont allégués que le chef de l’Etat a dit niet à sa démission. Il serait donc rentrer pour reprendre ses fonctions en vu de terminer le mandat.

Pour les fanatiques de Bangakya c’est la gestion cavalière et opaque de la province par le gouverneur Autsai qui a poussé leur protégé à la démission.

Le vice gouverneur n’était qu’un figurant, le gouverneur ne travaillant qu’avec ses hommes de mains parmi ses conseillers à qui il confiait même l’intérim informel de la province pendant son absence.   

S’était sans compter avec la détermination d’un Autsai Asenga qui ne pouvait pas accepter de se faire damer les pions par son vice.

La police est intervenue pour éviter la mobilisation des adeptes de Bangakya et même empêcher la tenue du meeting.

Pour les hommes de Autsai il était difficile, si pas hors de question, que Bangakya reprenne ses fonctions de vice gouverneur. Surtout qu’il n’a jamais répondu à l’interpellation des membres de  l’assemblée provinciale qui l’accusent de détournement des fonds alloués à l’achat des engins de génie civil.

En fait, tout est possible dans ce pays où les assemblées, nationale comme provinciales, obéissent aux « mots d’ordres » des chefs.

Si réellement le chef de l’Etat a décidé de retourner Bangakya à Kisangani, il va de soi que l’Assemblée provinciale, dominée par les membres de l’AMP, va s’aligner sur cette décision.

Au pays de Lumumba l’allégeance au Chef suffit à faire passer l’éponge même sur les malversations financières.

 

 

La guerre de générations ?

 

Autsai et Bangakya appartiennent à deux générations différentes.

En plus du rapport de subordination qui les régisse administrativement, socialement ils sont dans le rapport de père et fils.

Leurs visions politiques et des choses sont diamétralement opposées.

Le premier est un vieux routier de la politique congolaise. Il a gravité plusieurs échelons politiques et s’est déjà fait élire plus d’une fois comme député national.

C’est depuis les années 60 que Autsai est dans les rouages politiques où il a travaillé avec presque tous les régimes qui se sont succédés au Congo.

Le second est un novice qui a fourbit ses premiers pas politiques que vers les années 2000 à la faveur de la rébellion.

Avant d’être élu  Vice gouverneur, Joseph Bangakya avait été copté comme député pendant la transition.

Les deux personnalités divergent dans leurs manières de s’attirer la popularité.

Autsai Asenga excelle dans les engagements et la promotions des ses partisans dans les services et entreprises publiques.

Les membres du Club Autsai Asenga ne tardent pas à trouver du travail ou à occuper des fonctions de commandement aux seins des services et entreprises de l’Etat ouvrant dans la province Orientale depuis qu’il est aux affaires.

Joseph Bangakya pour sa part, est partisan du « libanga » : cette pratique qui consiste à se faire chanter ou citer son nom dans des chansons produites par des stars de la musique congolaise.

Une écoute attentive des derniers albums des chansons sortis par les stars de la musique congolaise vous fera découvrir que le nom de Joseph Bangakya « la nouvelle énergie »  y est cité fréquemment.

Ce jeune vice gouverneur de province s’est aussi investi dans la production des orchestres kinois en vogue à Kisangani. Ce qui lui a valu une certaine célébrité dans les milieux de jeunes.

Autsai est sorti du néant, d’une famille modeste, pour se faire un grand nom politique. C’est un véritable self made man, un autodidacte.

Bangakya pour sa part, a connu une enfance pas très difficile avec un père professeur d’Université. Il a suivi le cursus classique.

En dépit de tout ceci, ces deux hommes ont tout de même un point commun. Ils sont tous membres de l’AMP et militent pour le triomphe du pouvoir de Joseph Kabila.

 

La province en souffre

 

De nombreux ressortissants de la province Orientale considèrent que le tandem Autsai-Bangakya n’a pas profité à leur entité.  Des engagements et promotions seraient orientés que vers les ressortissants du terroir du gouverneur en plus que la promotion culturelle est dirigée vers les artistes kinois pendant que ceux de la province connaissent une carence des producteurs.

Ce conflit au  sommet de la province ne peut qu’interférer sur sa bonne gestion.

Merveille Yangotikala

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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