Le lundi 16 mars 2020, les FARDC ont annoncé l'arrestation de Kesta et Tseni à Àla dans le territoire de Djugu.
Considérés comme piliers de " l'insurrection " de Djugu, ces deux " suspects" ont été acheminés à Bunia.
Tout en saluant l'arrestation de ces " gros poisons" de CODECO, l'opinion générale de l'ituri reste sceptique quant à la pacification de leur contrée.
Et pour cause, plusieurs questions qui demeurent sans réponses.
Pourquoi seulement Kesta et Tseni?
Nombreux sont ceux qui se posent la question de savoir pourquoi cette arrestation n'a concernée que deux personnes. Si Tseni et Kesta sont réellement comptés parmi les ténors de CODECO, ils devraient, certainement, avoir droit à une garde rapprochée, chacun.
Combien d'autres éléments de CODECO a-t-on capturés en marge de cette arrestation?
Les ituriens attendent que leur soient présentées les armes et munitions que détenaient ces " inciviques" et leurs acolytes lors de cette arrestation.
Des chefs rebelles ne pouvaient pas se faire cueillir aussi facilement que ça. Il y avait-il eu affrontement lors de leur capture?
Que pour une milice réputée essentiellement Lendu l'on présente des sujets Lugbara comme chefs d'orchestre, cela laisse plusieurs ituriens perplexes. N'est-il pas un jeu de l'ennemi pour brouiller les pistes opératoires?
Qui a invité Tseni et Kesta dans la milice CODECO ? Il faut creuser cette question.
Ces deux " malfrats" ne sont pas aussi nantis pour pouvoir approvisionner cette milice en armes et munitions.
Ces deux hommes sont connus aussi pour leurs accointances avec certaines hautes personnalités de la province. Certaines sources soutiennent que depuis l'année 2018, Tseni et Kesta sont connus comme membres d'une fondation appartenant à un politicien dans le territoire. Par quelle magie se sont-ils intégrés dans ce mouvement génocidaire sans alerter la fondation dont ils sont responsables à Aru?
Certaines sources soutiennent que Tseni est un agent de la DGRPI, la régie financière de la province de l'ituri.
Pour plus d'un Iturien, au delà de l'arrestation de ce deux personnes, l'on souhaite la " neutralisation" de Ngudjolo et sa milice. Tout le reste est considéré comme une distraction, sans plus.
Le travail délicat revient au service de sécurité et renseignement qui doit travailler en toute indépendance d'esprit.
Sans oublier qu'au mois d'octobre 2020, Kesta s'était volatilisé du cachot de la zone opérationnelle des FARDC où il était détenu à Tsere. Les circonstances de cette " évasion" n'ont jamais été elucidées.
Devant ce questionnement, plusieurs sont des ituriens qui exigent l'organisation d'une audience publique à Bunia pendant laquelle ces gens devraient être jugés.
Ces interrogations qui reviennent sur plusieurs lèvres à Bunia sont toute la mesure de la baisse de confiance entre les ituriens et les dirigeants de la RDC s'agissant de leur sécurité.
Il est temps de mettre le peuple Iturien en confiance. Il faut renforcer la complicité entre les ituriens et les FARDC, la seule et unique armée dont dispose la RDC.
Les ituriens doivent croire, et croient encore, en nos vaillants soldats et ont l'obligation de soutenir notre armée dans sa campagne de démantèlement de la milice CODECO en Ituri. Ceci passe par des actions visibles et palpables que les FARDC doivent poser en faveur de la paix dans cette partie de la RDC.
Les habitants de l'ituri en ont assez avec cette entreprise meurtrière qui ne fait qu'endeuiller plusieurs familles. Notons que le territoire était le seul de l'Ituri qui n'était pas impliqué dans la belligérance des milices. L'implication des ressortissants de Aru dans l'organisation de la milice CODECO parait comme une surprise pour bien d'observateurs.
Joska Kaninda Nkole