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Bunia-Mambasa: le carnet d'un voyage périlleux.

2 mambasaPartir de Bunia vers Mambasa n'est plus une mince affaire. Il faut vous armer du courage pour emprunter ce tronçon routier. Les ADF ont fait, dernièrement, des incursions à Mangusu, Bandipeti, Bamande et Mont Hoyo, dans la région de Komanda. 
Depuis, la zone est réputée rouge pour de nombreux usagers de cette route.  
Contre vents et marées, nous avons décidé de faire cette route le lundi 18 avril, à nos risques et périls. Une véritable aventure.
Six heures, nous étions déjà au parking du rond point Fina à Yambi Yaya. Il faut prendre la première voiture pour espérer arriver à temps. Erreur. Les voitures n'embarquent  plus les passagers très tôt. Il faut attendre les échos de la route avant de s'engager. Aussi, cette voiture de cinq place doit embarquer six passagers, en plus du chauffeur. Il faut donc attendre. 
Le dernier client pour faire le plein arrive à neuf heures 35 minutes. Nous n'avons pas de choix. C'est à prendre ou à laisser. 
Le prix de la course et passé du simple au double: 30 dollars en lieu et place des 15 dollars habituels. 10 h 15, la voiture démarre avec sept personnes entassées comme des sardines dans une boîte. Des formalités du départ élémentaires sont remplies: des noms des passagers inscrits sur un papier quadrillé volant. Le chauffeur échange un billet de 20 mille francs en petites coupures de 1000 francs chaucune. De quoi franchir les différentes positions des FARDC et de la police de roulage.
 De Bunia à Marabo, nous roulons plus ou moins bien. 
De Marabo à Irumu centre c'est la galère. La route est en état de dégradation. Pour contourner la difficulté, les chauffeurs ont créé des déviations. De Irumu à Komanda ça roule bien. 
500 ou 1000 francs congolais sont déboursés à chaque position FARDC par le chauffeur. A certains endroits, des explications sont données avant de passer. Les policiers de roulage exigent un peu plus: un minimum de 2000 FC.
 A Komanda, le chauffeur refuse de stationner. Il faut faire vite pour franchir la zone rouge devant nous. Ceci n'empêche pas au chauffeur un autre billet de 10 000Fc en petites coupures de 100. Il y a encore du chemin à parcourir.
Le seul point de contrôle se trouve au Pont Ituri, après Komanda. Ici, les passagers sont invités à descendre pour décliner leurs identés. Une fouille s'effectue sur les bagages. 
Nous demandons l'autorisation de prendre les images des véhicules et maisons incendiés. C'est une fin de non recevoir qui nous est réservée. Le général a inderdit toute prise de vues. 
Un agent DGRPI nous chuchote à l'oreille : plus de 690 ADF se cachent dans cette forêt. Le danger est donc permanent.
De Mangusu à Mungaba,, en passant par Kandoi et  Bamande ,sur une distance de plus ou moins 30 kms, les villages sont déserts.  L'on y apercoit des soldats FARDC parsemés  par-ci, par-là,  par groupe de 3 ou vingt sans moyens de mobilité.
Pourquoi sont-ils si moins nombreux ? Les autres sont allés en renfort à Mont Hoho où les ADF ont fait incursion le même jour. Il doit certainement se poser le problème d'effectif des militaires et de leurs moyens de déplacement, dans cette zone de combat.
 Chaque passager retient sont souffle. On ne sait jamais. C'est le silence glacial dans la voiture. Le chauffeur s'organise pour rouler aussi vite qu'il le peut. Tout peut arriver. Les passagers redoutent tout stationnement dans cette zone rouge. 
Chemin faisant,  des familles entières( hommes, femmes, enfants et viellards) avec bagages marchent  à pieds pour aller vers des milieux plus sécurisés: Lolwa et Mambasa.  Un spectacle désolant. 
Le chauffeur invite les passagers au courage. Nous allons franchir la Zone rouge dans quelques minutes.
A Lolwa, le chauffeur stationne. Ils invitent les passagers qui les peuvent à aller prendre leurs repas dans des restaurants de la place. Le zone rouge est franchie. 
Ouf! Il y a eu plus de peur que de mal.
L'ambiance normale reprend dans la voiture jusqu'à Mambasa. 
Ici, de nombreux déplacés de guerre passe la nuit à la belle étoile. Ils attendent leur évaluation vers Beni et Butembo.

Dieu merci, nous sommes arrivés à destination.
Joska Kaninda Nkole.

Date de dernière mise à jour : 19/04/2022

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