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Bunia: Quand Kabila avoue l'incapacité de l'Etat Congolais

Le chef de l’Etat congolais vient de passer deux jours au chef lieu du district de l’Ituri. C’était le 15 et le 16 septembre 201. Joseph Kabila a, avant de rebrousser chemin, conféré avec les forces vives de ce district post conflit dans la salle du bassin de natation de la ville de Bunia. Cette rencontre qualifiée de « franc dialogue » entre le chef et la base, n’a eu de dialogue que son nom. Les « services » s’étaient arrangés pour empêcher aux ituriens de s’exprimer librement devant le président de la République. La parole n’a été accordée qu’aux personnes jugées «  sûres » par l’administration provinciale de la province Orientale. Les textes des discours prononcés devant Joseph Kabila aurait été préparés dans des laboratoires  des services du gouvernorat. Des mouchards étaient infiltrés dans les différents groupes pour alerter l’ « Autorité » sur toute éventualité des discours « subversifs ». C’est le cas du discours des élus provinciaux de l’Ituri dont le texte aurait été trafiqué par un honorable dont nous taisons le nom par courtoisie.

Constant Bubu Lenga, le Président de la FEC Ituri, et madame Gudza, présidente du collectif des femmes de l’Ituri sont les deux personnes qui ont eu le privilège de parler au nom de l’Ituri lors de ces assises. Le troisième discours était bien celui prononcé par le gouverneur de la province Orientale, l’honorable Autsai Asenga. D’autres représentants des couches de la population n’ont pas eu droit à la parole.

Les représentants de la Société Civile, des étudiants, des confessions religieuses, des chefs, des communautés de l’Ituri et autres se sont limités à l’assistance et aux applaudissements. Une seule chose leur a été permise : le dépôt de leurs mémos écrits auprès des services de la présidence. Dieu sel sait si quelqu’un va y jeter un coup d’œil. Les audiences individuelles n’ont été accordées qu’aux investisseurs venus de l’étranger. C’est le cas des représentants de Caprikat et de Congo Service Maintenance.

 Apologie en lieu et place d’un état de lieu.

Le premier à prendre la parole, le gouverneur Autsai Asenga a rappelé les «  prouesses » de Joseph Kabila notamment dans la pacification de l’Ituri, la réhabilitation des ponts Ituri 2 et Epulu 1, la réhabilitation de la Nationale numéro 4….

Les ituriens qui connaissent bien l’apport non négligeable de la Monusco dans la remise en état du pont Ituri 2  et se rappellent aussi que la réfection de la Nationale numéro 4 est un projet initié par le gouvernement de transition à l’époque du fameux 1+4 qui dirigeait la RDC, ont déploré cette manière de faire de leur gouverneur de province. Pour eux, ce chef de l’exécutif provincial devrait faire un état de lieu sans complaisance de sa province en vue de permettre à Joseph Kabila de mieux s’enquérir de ses réalités.

Le président de la FEC Ituri, Constant Bubu Lenga a demandé des bonnes routes et de l’électricité pour faciliter la tâche aux opérateurs économiques de l’Ituri pendant que madame Micheline Gudza s’était attardée sur l’insécurité, les violences faites aux femmes et l’accès à l’eau potable.

Les aveux d’incapacité au sommet du pouvoir

 Réagissant à ses trois discours triés, le chef de l’Etat congolais a quand même remercié les communautés ituriennes pour leur contribution à la pacification de l’Ituri. S’agissant de l’économie, du social et du développement, le président Kabila a donné l’impression de s’acharner sur les pauvres ressortissants de l’Ituri.  « Bunia n’a pas changé », c’est l’une des phrases prononcées par Joseph Kabila dans cette rencontre. Et il l’a justifié par le fait que le chef lieu du district de l’Ituri n’a même pas un centimètre de route asphaltée, pas des bâtiments imposant, pas d’eau potable et d’électricité à suffisance… Pour Joseph Kabila rien n’est fait à Bunia en dépit de l’or et du bois qui sont exportés à partir de l’Ituri. Cette appréciation du chef de l’Etat traduit l’incapacité du pouvoir en place s’agissant de l’amélioration des conditions de vie des populations. Il est connu de tous que la mise en place des infrastructures de base relève de la compétence du gouvernement. Pour la petite histoire, c’est le pouvoir Mobutu qui avait rasé l’asphalte du boulevard de Bunia vers les années 70 avec promesse de reconstruire. Depuis, rien n’a été fait par les tenants du pouvoir congolais pour asphalter ce boulevard. C’est donc le gouvernement congolais qui devrait s’en prendre à lui même. Qui connaît très bien Bunia sait que des efforts ont été fourni par les opérateurs économiques pour reconstruire ce qui a était détruit par la guerre interethnique. Ces hommes et femmes ont construit des maisons, des hôtels, des hôpitaux, et plusieurs autres ouvrages sans bénéficier d’une quelconque facilité du gouvernement congolais.

Au plan économique Joseph Kabila a déploré la fraude douanière dans la partie Est de la RDC et inviter les opérateurs économiques à s’acquitter de leurs obligations fiscales envers l’Etat. Vous nous demander des routes, de l’électricité et de l’eau, mais avec quoi le gouvernement entreprendra-il ce travaux si ses droits ne sont pas payés par des commerçants ? C’est la question que le chef de l’Etat s’était posé. Ici encore c’est une manière d’avouer le disfonctionnement de l’administration publique en RDC. Il appartient au pouvoir de mettre tout en œuvre pour renflouer ses caisses en luttant contre la fraude notamment douanière. Qui ignore que la fraude douanière est presque institutionnalisée en RDC ? C’est toute une chaine qui se partage le fruit de cette fraude et cette chaine va des frontières jusqu’au sommet du pouvoir. L’on sait aussi que les autorités judiciaires, des services de sécurité militaire comme civile, postées à nos frontières sont impliqués dans la fraude. S’est-on déjà posé la question de savoir comment ces agents de l’Etat mal payés arrivent à se taper des voitures luxueuses et une vie enviable ?

Joseph Kabila s’est posé la question de savoir comment une raffinerie d’or peut être implantée à Kampala en Ouganda alors que Bunia n’en a pas. Le président Congolais a déploré la sortie frauduleuse de l’or et du bois qui profitent plus à l’Ouganda qu’à la RDC. Pour lui, les ituriens doivent cesser d’amener frauduleusement l’or et le bois. A ce point de vue, c’est encore le gouvernement qui doit arranger le climat d’affaire en vue de faciliter l’arrivée des investisseurs.

Nous sommes heureux que Joseph Kabila ait lui-même soulevé cette question de la raffinerie d’or implantée à Kampala, car quand Le Millénaire l’avait décrié cela avait valu des menaces à son Editeur. Bref, le mal est général et non iturien.

 Des promesses : Du déjà entendu

 Pour finir, le président de la RDC a pris l’engagement de s’occuper de la voirie de Bunia, de la réhabilitation de la Centrale de Budana et de l’Usine de captage d’eau de la Regideso. Les mêmes promesses qu’il avait faites lors de sa campagne de 2006. Joseph Kabila Kabange compte sur des investisseurs qui ont gagné certains marchés de l’Ituri, notamment celui du pétrole du lac Albert. A l’en croire, quelque chose va commencer à se faire en Ituri avant le mois de décembre 2010. Qui vivra verra.

Matembele

mise en ligne le mardi 21 septembre 2010

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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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Commentaires

  • adolphe singa

    1 adolphe singa Le 24/09/2010

    Vanackere déçu de la situation en RDC
    Rédaction en ligne

    mardi 21 septembre 2010, 19:28

    facebook del.icio.us myspace windows live wikio twitter s'abonner
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    Le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, a fait part à son homologue congolais, Alexis Thambwe Mwamba, de sa « déception » face à l’évolution de la situation en République démocratique du Congo, notamment en matière de respect des droits de l’Homme.

    Alexis Thambwe Mwamba et Steven Vanackere, Belga

    « J’ai exprimé une certaine déception », notamment à propos du report des élections locales, a indiqué, le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere à quelques journalistes à l’issue d’une rencontre avec le chef de la diplomatie congolaise à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.

    « On s’est fait le porte-parole d’un sentiment de la communauté internationale » face à l’évolution de la RDC, quatre ans après les premières élections libres organisées dans le pays en quatre décennies, a-t-il souligné.

    « Les choses ne changent pas au rythme que nous souhaitons », a ajouté M. Vanackere, citant notamment l’enquête sur la mort d’un célèbre défenseur des droits de l’Homme, Floriberet Chebeya Bahizire, et la poursuite des violences sexuelles dans l’est de la RDC.

    (Belga)

  • Shindikana

    2 Shindikana Le 23/09/2010

    Il ne peut rien sortir de bon de la bouche Autsai alias Bumba Bumba. Dans un pays digne de ce nom, il ne serait plus gouverneur de la province Orientale. C'est donc tout à fait normal qu'il entonne le concert d'éloges pour se maintenir dans les grâces de celui qui l'a vissé au sommet de la province.

    Pour avoir séjourné dernièrement dans l’Ituri, les oeuvres de l'ex-rebelle devenu président de la RDC. Pas un seul chantier.

    Oui, la nationale 4 a été réhabilitée en 2008 grâce au financement de la Banque mondiale. Mais elle n’est pas restée belle longtemps. Au fur et à mesure qu’on s’éloigne de Kisangani, la chaussée rétrécit à vue d’œil grâce au manque d’entretien grassement financé encore par la Banque mondiale.

    Le dépassement sur la nationale 4 devrait faire partie des disciplines olympiques. Il est tout simplement périlleux! En outre, la N4 s’arrête à quelque 75 kms de Bunia, à Komanda.

    Les Ituriens n'attendaient pas du président l’éradication de la pauvreté endémique. Mais un début de concrétisation des promesses faites en 2006. Kabila n'a rien fait.

    Maintenant que les électeurs ont compris la valeur nulle des promesses électorales, espérons qu'ils avaleront difficilement les couleuvres recyclées servies par un Kabila parle-menteur.
  • NAKUKUNDA

    3 NAKUKUNDA Le 23/09/2010

    TOYEBI YO.ton cercle d'amis tueurs qui sement mort et désolation dans l'espace NANDE et veulent faire croire aux beniluberois k il ya des tutsi et Hutu originaires de LUBERO ET BENI.Nous sommes non violents d'habitude.OSCAR.
  • christian

    4 christian Le 22/09/2010

    Je ne sais pas s'il faut attendre quelque chose de bon de Kabila, un homme sans vision dans la conduite des affaires de la res publica.
    Autsai ne pouvait rien faire que jeter des fleurs à quelqu'un sans morale. Comment pouvait-il mettre les ponts réparés à l'actif de Kabila? Cela doit faire mal. Qu'ils partent, ces fous qui nous dirigent. Ils sont incompétents.
    Il est vrai que Kabila revient sur les anciennes promesses. Nous verrons si les congolais de l'Est ont de la mémoire.

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