
Kaliabugongo, une localité située au bord du lac Albert, était sous la terreur la deuxième semaine du mois de mars 2010.
Des individus armés en uniformes, non autrement identifiés, avaient investi cette localité pour y semer la désolation.
Pillage, vols et passage à tabac des populations ont été perpétrés.
Bilan : environs sept blessés à coup de machette, des motos pillés et plusieurs dégâts matériels.
Ces assaillants se faisaient passer pour des sujets ngity venus du lac Albert pour se venger contre les chefs hema accusés d’œuvrer pour leur délocalisation sur les zones de frayères sur le lac Albert.
Après investigations, deux de motos pillés ont été retrouvés dans un camp militaire au bord du lac Albert.
Ce qui a laissé croire à l’implication des FARDC dans les événements malheureux survenus à Kaliabugongo.
La fermeture du lac Albert à la base
Il y a peu, le ministre provincial en charge de la pêche, monsieur Esuka, a décidé la fermeture de toutes les activités de pêche sur le lac Albert pour une période de trois mois et le déguerpissement de tous les habitants dans les zones de frayères.
Cette mesure devrait, en principe, courir à partir du 15 mars 2010 et concerner tous les pêcheurs opérant de la pleine de Semiliki en territoire de Irumu jusqu village de Mokambo dans le territoire de Mahagi, sur le lac Albert.
Il va sans dire que cette décision a fait plusieurs mécontents dans les milieux de pêcheurs et même des éléments des FARDC et de la Police nationale habitués à vivre du fruit de la pêche sur ce lac.
Si des pêcheurs ont investi des zones des frayères et utilisent des filets prohibés, les hommes en uniformes, pour compenser leur irréguliers et maigres soldes, s’adonnent allégrement à la pêche, survie oblige.
Leurs épouses et proches parents sont comptés parmi les vendeurs des poissons à Tchomia, Kasenyi et à Banyuagi.
Pire, certains éléments FARDC collaborent avec des pécheurs ougandais qu’ils invitent à venir pêcher dans les eaux congolaises moyennant un pourcentage sur le produit.
Trois mois de cessation d’activités ne pouvaient que porter préjudices aux intérêts des uns et des autres. D’où l’organisation de la résistance.
Le spectre d’un conflit hema-ngity
Koga 1, Koga 2, Rwambogo, semiliki 1 et Table ronde, sont les principaux îlots, sur le lac Albert, concernés par cette mesure de déguerpissement.
Il se fait malheureusement que il y a du monde qui les habite depuis plus de dix ans. A Koga 1 par exemple une école primaire a même était érigée.
Ces habitants sont tous des pécheurs venus de différentes contrées de la RDC mais avec une prédominance des sujets ngity.
Pendant la triste période de guerre ethnique de l’Ituri, ces portions du lac Albert étaient sous la coupe du commandant ngity du FRPI, un certain Anguluma.
Des anciens miliciens ngity ne sont donc pas étrangers de ces îlots. Ce qui suppose une présence d’armes à feu dans ces portions du Lac Albert.
Les ex combattants ngity auraient opté pour la résistance, l’Etat congolais n’ayant pas prévu, pour eux, une autre alternative du travail s’il partaient de ces îlots.
Les tireurs des ficelles font croire aux ngity que ce sont des chefs coutumiers hema qui luttent pour obtenir leur départ de ce lac pendant que du côté hema ils entretiennent du désordre à mettre sur le dos de ngity.
De quoi opposer inutilement ces deux tribus qui n’ont plus besoin de revivre les affres.
Nécessité d’une réglementation sur le lac Albert
Les poissons se font de plus en plus rare sur le lac Albert. C’est la conséquence de la non réglementation de la pêche sur le lac.
L’Etat congolais à laisser faire du désordre sur ce lac où chacun se comportait comme il voulait.
Il faut remettre de l’ordre mais avec tact.
L’Etat a laissé des nombreuses familles s’installer sur des zones interdites et cela pendant plusieurs années. Ces familles y ont érigé des domiciles et installé leurs intérêts.
La guerre et la dégradation du tissu économique ont poussé plusieurs personnes à embrasser le métier de pécheur. Tout à fait normal qu’ils considèrent leur déguerpissement comme leur pure envoie au chômage.
Le gouvernement provincial devrait, à notre avis, procéder par étape.
Redéfinir les zones des frayères : les identifier et les localiser. Recenser les habitants de ces îlots et leur trouver d’autres lieux de réinstallation. Fermer le lac par tranche en vue de permettre aux pêcheurs de continuer à exercer.
Il faut éviter de surchauffer des esprits dans ce district qui sort d’une longue guerre.
Franck Matembele