Floribert Ndjabu. Ce nom n’est plus à présenter en district de l’Ituri. C’est celui que porte l’ancien président de FNI(Front de Nationalistes Intégrationnistes), un groupe armé qui a fait parler la poudre entre 2002 et 2004 dans cette partie du Congo.
Constitué essentiellement des combattants lendu, le FNI se présentait comme un mouvement antagoniste à l’UPC (Union des Patriotes Congolais) connue pour ses accointances avec les milieux hema.
Invité à Kinshasa en 2004, dans le cadre d’une réunion de concertation de groupes armés de l’Ituri initiée par la Monuc et le gouvernement, Floribert Ndjabu a été, avec Thomas Lubanga, placé dans l’incapacité de pouvoir regagner son Ituri natal.
Par des manœuvres sordides, il parviendra à tromper la vigilance de tout le monde pour se retrouver en Ituri où il avait signé, à Mongbwalu, une sorte d’alliance entre son groupe, le FNI, et l’UPC.
Les deux milices devraient réunir leurs forces pour revendiquer quelques droits auprès du gouvernement de Kinshasa.
C’était, pense-t-on, le début de cessation des hostilités entre hema et lendu en Ituri.
A|u début de l’année 2005, Floribert Ndjabu va de nouveau se rendre à Kinshasa dans le cadre du suivi du dossier déposé par son groupe armé au ministère de l’intérieur pour sa transformation en partie politique conformément aux résolutions des concertations entre groupes armés de l’Ituri et le gouvernement.
C’est dans cette ville que, au mois de mars 2005, il sera arrêté et conduit à la prison centrale de Makala où il séjourne jusqu’à ce jour.
Dans cette maison de détention, Ndjabu n’est pas seul. D’autres anciens ténors des groupes armés de l’Ituri y croupissent aussi. C’est le cas de Pitshu Iribi, Général Godas et Djokaba Lambi Longa.
Ils sont là depuis quatre ans sans qu’un procès ne soit organisé à leur intention.
C’est donc sans jugement qu’ils se retrouvent en prison.
Difficile de connaître les vrais motifs de leur arrestation, les griefs à leur charge n’étant pas encore bien définis par la justice.
Une seule chose est connue. Ils ont tous été membres des groupes armés de l’Ituri.
Quatre ans de privation de liberté sans jugement, cela parait exagéré pour une certaine opinion qui estime qu’il est temps que la justice congolaise déploie des moyens nécessaires pour l’organisation des procès de ces détenus de l’Ituri. Ceci permettrait de condamner les fautifs et de libérer d’éventuels innocents.
Ces procès seraient aussi des moments d’éclaircissement de zones d’ombres qui planent encore sur ce qui s’était réellement passé en Ituri, les détenus étant déterminés à délier leurs langues une fois ces procès organisés. Tout porte à croire que ces procès seront riches en rebondissements.
Joska Kaninda
CPI : E