Détenu, rançon, prisonnier et otage : le martyr continuel de Thomas Lubanga pour l’Ituri

Depuis le 16 février 2022, Thomas Lubanga était parmi les personnes prises en otage par les miliciens de CODECO dans la région de Bambu en Ituri. Avec ces pairs membres de la Task Force, ils étaient en mission de  sensibilisation à la paix.  Leurs ravisseurs exigeaient, de l’Etat congolais, une contre partie pour obtenir leur  libération.  C’était un motif d’inquiétude pour les habitants de l’Ituri.
Les résultats d’âpres négociations ont poussé ces ravisseurs à libérer, par vagues, le 21 mars et le 4 avril 2022, quatre captifs sur les huit.  Thomas Lubanga, Floribert Ndjabu, Faustin Lobho et Désiré Lobho n’ont pas été concernés.
 Pour des nombreux observateurs da la scène Iturienne, Thomas Lubanga passait pour l’otage le plus précieux pour les ravisseurs. Il était considéré comme le captif  emblématique, la carte Joker entre les mains des CODECO.   Il n’était pas exclut qu’il soit le dernier à être libéré aux cotés de Floribert Ndjabu un autre ténor de cette Task Force.  Nombreux sont ceux qui craignaient pour sa vie. 
C’était sans compter avec la détermination des éléments des FARDC pour obtenir sa libération, par tous les moyens. Pendant que des négociations étaient engagées avec CODECO,  dans une totale discrétion, des stratégies étaient peaufinées par l'armée pour exfiltrer les otages.
Une opération commando, menée par les forces spéciales des fARDC a réussi à exfiltrer les quatre otages restants, le mardi 12 avril 2022 et donc  à permettre à Thomas Lubanga de recouvrer sa liberté. Le même jour, les membres de la Task Force pour la paix en Ituri ont embarqué dans un avion à destination de Kinshasa.
Cet acte allonge la liste des sacrifices consentis par ce leader de l’UPC pour l’Ituri.
Il y a  environ vingt ans, en 2002, c’est tout le contraire qui s’était produit à Mandro, en territoire de Djugu.  A cette époque, Le Ministre Ntumba Lwaba, du gouvernement de Kinshasa,  a été pris en otage par les éléments de l’UPC pendant que  Thomas Lubanga était détenu à Kinshasa où il a été déporté pour l’éloigner de sa zone d’influence : l’Ituri.  
Il lui était reproché ses prises de  positions tranchantes en faveur de l’Ituri dont il était soupçonné de rechercher l’émancipation de l’emprise de la rébellion de l’époque.  
Pour élargir le Ministre Ntumba Lwaba,  les éléments de l’UPC avaient  exigé, entre autres, le retour de Thomas Lubanga en Ituri. Ce qui fut fait.
Une fois à Bunia, il a été plébiscité président de l’UPC, devenue mouvement politico-militaire après lui. 
Ce licencié en psychologie va trôner à la tète de cette structure politico-militaire  jusqu’à la réunification du pays en 2004.  
Avec ses  autres pairs leaders d’autres groupes armés de l’Ituri, ils avaient entamé le projet de pacifier l’ituri, sans les armes.
Thomas Lubanga a porté, sur ses épaules, toutes les bavures commises par les éléments de l’UPC, souvent à son insu. Pour des fautes commises par les autres, il était devenu, en mars 2006, le premier prisonnier de la CPI. Ceci lui a couté 14 années d’emprisonnement tant à Kinshasa qu’à la Haye, avant d’être libéré en mars 2020.
Depuis, Thomas Lubanga  passe pour  le symbole d’une lutte dans certaines communautés de l’Ituri. En 2020, il avait manqué à l’appel dans la délégation d’anciens seigneurs de guerre envoyée par la présidence pour sensibiliser les miliciens de l’Ituri et ceci n’avait pas facilité la tâche à cette mission de paix.
Son arrivée à Bunia, en décembre 2021,  dans l’équipe de la Task Force, avait suscité une lueur d’espoir quant au retour rapide de la paix  sans crépitement d’armes. 
L’homme bénéficie d’une grande notoriété en Ituri.  C’est l’une des figures emblématiques de cette province.  Sa libération a fait la joie de ses nombreux  partisans. 
Le Millénaire