Lors d'une conférence de presse tenue à Bunia, le mercredi 11 août 2021, l'honorable Ezéchiel Bati Muki a estimé que l'état de siège est buté à certaines contraintes légales qui compliquent son aboutissement heureux.
Devant une poignée des journalistes de Bunia, cet élu provincial du territoire d'Aru a fait voir que les Gouverneurs militaires ont besoin d'un cadre légal pouvant leur permettre d'accomplir efficacement leur très délicate mission de la restauration de la paix. Selon cet élu, il existe un écart entre les limites des provinces administratives et celles des régions militaires et zones de défense. Certaines portions de l'Ituri sont placées sous le commandement de chefs militaires installés dans d'autres provinces. C'est le cas de l'axe Luna-Komanda et de la région lacustre du Lac Albert qui sont sous commandement militaire de la province du Nord-Kivu.
La loi en vigueur sur l'armée stipule qu'en temps de guerre, ce sont les zones de défense qui sont en charge de commandement des troupes engagées au front. Pourtant, l'état de siège fait du gouverneur militaire aussi le coordinateur et commandant des opérations dans sa province. Les compétences étant d'attribution, sans adaptation de cette loi dans les provinces sous l'état de siège, des frictions sont possibles entre le gouverneur militaire et les autres hiérarchies militaires.
Sur le plan administratif, le gouverneur militaire, ne peut pas tout gérer seul. La loi des finances actuelle veut que, dans l'ordonnancement des dépenses, il travaille avec un ministre des finances et celui de budget. Ce qui n'est pas le cas, jusque là. L'ordonnance instituant l'état de siège signé par le Chef de l'Etat donne au gouverneur militaire la possibilité de de designer cinq collaborateurs, sans préciser leurs attributions.
L'adaptation de la loi des finances au contexte de l'état de siège est aussi nécessaire, pense Ezéchiel Bâti Muki.
Cet ancien ministre provincial de l'Ituri propose que le gouverneur militaire soit placé sous deux tutelles : Celle du ministère de l'intérieur, décentralisation et affaires coutumières ainsi que celle du ministère de la défense et sécurité.
Aussi, cet élu de Aru plaide-t-il pour la réhabilitation des tribunaux coutumiers en vue de permettre aux chef coutumiers de résoudre certains problèmes relatifs au mysticisme, ne pouvant pas être réglés par le droit positif.
Sans l'adaptation des lois existantes au contexte des provinces sous État de siège, il est difficile, voire impossible d'évaluer objectivement l'état de siège, pense-t-il.
Certes, l'état de siège a connu quelques ratés; Mais, il y a eu aussi des avancées significatives, estime Ezéchiel Bâti Muki qui appelle la population à soutenir cette mesure exceptionnelle prise par le chef de l'état et à collaborer avec l'armée pour garantir son succès.
Il demande à l'Etat Congolais de doter,
d'avantage, le gouvernement militaire des moyens financiers, de la logistique nécessaire, et à motiver, comme il se doit, les troupes engagées dans les différents fronts.
A l'armée, il demande l'amélioration de sa collaboration avec toutes les couches sociales de l'Ituri et particulièrement avec ses élus, les leaders sociaux et d'opinions, ainsi que la société civile.
Pour ce député provincial, il n'y a pas d'autres choix à faire en dehors de soutenir et de collaborer avec l'état de siège pour écourter sa durée avec le retour rapide de la paix.
Joska Kaninda Nkole