Depuis 2007, une sorte d’insurrection fait ravage dans le district de l’Ituri et particulièrement dans le territoire de Irumu. Front Pour la Justice au Congo (FPJC), c’est son nom. Né des cendres d’anciens groupes armés de l’Ituri, le FPJC ne cesse de donner du fil à retordre aux troupes gouvernementales appuyées par la Monuc.
Des affrontements armés sont répétitifs dans ce territoire du District de l’Ituri avec pour conséquences le déplacement massifs des populations, des pillages, des incendies des villages, des bombardements aveugles des villages, des viols des femmes et jeunes filles, les vols...
Ce qui pose des sérieux problèmes aux ONG et hommes de bonnes volontés qui se sont assignés comme tache de soulager les peines de populations de l’Ituri.
Le FPJC se veut, plutôt, un révolution. Son Coordonnateur, Sharif Manda, s’époumone pour démontrer que son « mouvement n’a rien à avoir avec d’anciennes milices de l’Ituri.
Ce ne sont pas des arguments qui le manque : C’est un mouvement politico-militaire sans coloration tribale. Nous combattons contre les FARDC et non contre une quelconque tribu de l’Ituri. Nos revendications sont nationales et non tribales. Nos éléments se recrutent dans toutes les tribus de l’Ituri et même de la RDC.
Trois ans durant, le FPJC résiste tant bien que mal aux attaques des troupes loyalistes. Plus le temps passe, plus cette insurrection s’organise. Sa direction politique est toujours à la recherche des soutiens extérieurs comme intérieurs. Tâche difficile dans un environnement où l’on semble avoir tourné le dos à la prise du pouvoir par les armes en RDC.
Sharif et ses hommes ne se découragent pas pour autant. Les portes commencent à s’ouvrir, nous a laissé entendre l’un de ses lieutenants à Kampala en Ouganda.
Une insurrection aux contours mal définis
L’insurrection qui sévit dans le territoire n’est pas facile à définir. Chacun la comprend et la définit en sa propre manière. Pour les uns, il s’agit des combattants Ngity, résidus de FRPI qui ont repris le flambeau. Pour les autres c’est la jonction des éléments résiduels des FNI et FRPI qui tentent de résister.
Pour Sharif Manda, tous ces gens se trompent. Le FPJC regorge des éléments de toutes les tribus de l’Ituri voire du Congo. C’est un autre groupe. Né des frustrations et injustices que le gouvernement de Kinshasa à fait subir aux ténors d’anciens groupes armés de l’Ituri.
Ce groupe jouirait d’une certaine estime des notables de la place mécontents de la manière dont leurs « enfants » ont été traités par Kinshasa.
Ces sont eux qui auraient placés les différents dirigeants des FPJC.
Adirodu Badou, Baraka et Tiba, ces trois commandants des FPJC, ne peuvent donc se dérober des ordres de Sharif Manda sans s’attirer les courroux des notables soupçonnés de détenir des pouvoirs magico religieux.
Ils sont donc liés, ce qui renforce la cohésion du groupe en dépit de certains malentendus qui peuvent provenir ça et là.
Le FPJC est donc un groupe armé qui évolue à la fois suivant les normes des révolutions modernes et sous l’emprise des puissances occultes des notables du milieu.
Les limites de l’option militaire
L’option militaire a démontré ses limites, les FARDC n’arrivant pas encore à mater définitivement cette insurrection. La résolution politique de cette crise devient de plus en plus envisageable.
Les défenseurs de cette thèse estiment que la situation des FPJC est particulière.
Ce groupe opère de manière diffuse, sans quartier général ni fief bien identifié dans le territoire de Irumu. Les miliciens se confondent avec les populations civiles et semblent bénéficier d’un certain soutien communautaire.
Ses attaques visent des cibles pour l’approvisionnement en armes et minutions et autres biens de premières nécessités.
Avec une structure peu connue, le FPJC entretien un sérieux mythe quant à ceux qui le soutienne moralement ou matériellement.
Sharif Manda, qui passe pour le Coordonnateur de cette insurrection, a toujours clamé que sa rébellion prendra le temps qu’il faudra pour s’organiser avant de lancer une opération de grande envergure. IL ne cesse d’affirmer que son mouvement ne bénéficie d’aucun appui intérieur ni extérieur. « Les armes nous ont été laissées par d’anciennes rébellions et milices qui se son succédées en Ituri et actuellement nous nous approvisionnons sur les champs de bataille ».
Des revendications politiques, le FPJC n’en manque pas. La justice équitable s’agissant des affres de l’Ituri, l’amnistie générale en faveur des miliciens de l’Ituri, l’application de la constitution s’agissant de l’élévation de l’Ituri au rang de province, sont parmi ses revendications.
Bien qu’alignant un nombre important des ressortissants lendu et Ngity, le FPJC se veut un mouvement de tous les Ituriens et même des congolais. L’on y retrouve des commandants hema, Alur, Lubgara et même ressortissant d’autres provinces et districts comme le Nord Kivu et le Haut Uélé.
Tout en menant une résistance armée, le FPJC a toujours cru en la vertu du dialogue. A plusieurs reprises, le mouvement de Sharif Manda a adressé des mémos au gouvernement de Kinshasa pour la recherche d’une solution pacifique à cette crise. Ces mémos sont restés, selon Sharif Manda, sans suite.
Comment ramener la paix à Irumu
Des initiatives pour la paix dans cette partie du Congo sont conçues de partout mais aucune n’a été, jusque là, mise en route à l’exception bien sure de l’option militaire qui est encore loin d’apporter la solution.
Les notables de l’Ituri à travers l’UNADI, les élus de l’Ituri tant au niveau national qu’à celui provincial, l’administration provinciale et du district de l’Ituri, la Monuc, chacun à envisager sa manière de mettre fin aux troubles dans le territoire de Irumu.
Hélas, les moyens faisant défaut, ces initiatives sont restées au niveau des projets et d’intentions.
Au mois de septembre dernier, avec l’appui de la Monuc, les parlementaires nationaux élus de l’Ituri ont tenté de mener des négociations avec les FPJC. Cette initiative s’est butée à des incompréhensions et à l’indélicatesse de certains parlementaires.
En lieu et place d’œuvrer en bloc pour la paix en Ituri, des parlementaires ont évolué en ordre dispersé chacun cherchant à damer le pion aux autres. Les intérêts tribalo-ethniques avaient pris le dessus sur l’intérêt de l’Ituri. Ce qui a conduit à l’échec.
Ils se réunissaient des jours au bureau de la Monuc tandis que de nuit chacun tentait de joindre, en sa manière, les ténors de ce groupe armé.
Le gouvernement Congolais devra envisager des voies et moyens pour prendre langue avec les insurgés de l’Ituri afin de mettre fin à cette confusion.
Il ne faut pas perdre de vue qu’il y a, parmi ceux qui siègent actuellement dans les institutions de la RDC, ceux qui ont joué un rôle néfaste dans les affres de l’Ituri. Ce n’est pas à eux qu’il faut encore confier la mission de médiation.
Aux dernières nouvelles nous apprenons que les députés nationaux et sénateurs de l’Ituri avaient initiés un document avec des recommandations adressées au chef de l’Etat en rapport avec la résolution de la crise de l’Ituri. C’est le 2 novembre 2009 que ce document avait été transmis à la présidence de la République. Ceci laisse penser à la possibilité de l’implication du gouvernement congolais pour mettre fin à cette question des groupes armés dans le district de l’Ituri.
Joska Kaninda