Guerre de l'Est: éviter le piège du Rwanda.

Dans sa guerre par procuration qu'il mène à l'Est du Congo, le Rwanda a toujours fait prévaloir deux alibis: la présence des FDLR et la protection de la minorité tutsi. 
S'appuyant sur le génocide tutsi de 1994 au Rwanda, Paul Kagame a su vendre ces deux thèses au point de  charmer la communauté internationale et  la réaliser à sa cause. 
Toutes les insurrections d'aubediences rwandaises qui se sont succédées en RDC ont eu pour toile de fond la "protection" des tutsi dans la partie orientale de la RDC.
Le discours développé actuellement par le M23 ne s'écarte pas de cette logique. Ce mouvement terroriste accuse déjà le gouvernement congolais d'inciter à la haine du tutsi et du rwandais 
Il est temps que le congolais s'organisent pour montrer à la face du monde que ces deux raisons avancées ne tiennent pas debout, sans poser des actes de nature à conforter le Rwanda dans ses prises de position.
L'invasion rwandaise dans la localité de Bunagana fait couler encres et salives en RDC. Nombreux sont des congolais qui désapprouvent cette énième aventure du Rwanda en RDC. 
Des marches et déclarations de soutien  aux FARDC  se multiplient dans plusieurs contrées de l'Est du Congo. 
Au sommet de l'Etat congolais l'heure est à la reconsidération de tous les engagements pris avec le Rwanda, notamment sur le plan économique. Pendant ce temps, des messages de haine sont diffusés dans les réseaux sociaux invitant le congolais à régler des comptes aux rwandais.  Cette dérive sera à l'avantage du Rwanda.
L'argument  FDLR avancé toujours par le Rwanda pour justifier ses aventures en RDC ne colle plus. Notez.
C'est depuis 1996 que les  troupes rwandaises ont une certaine main mise sur la partie Est de la RDC, sans rien faire pour demanteler les FDLR. Ce pays continue à utiliser ce prétexe pour justifier la guerre, par procuration, qu'il mène en RDC depuis plus ou moins deux décennies.
En effet, les troupes rwandaises ont, en 1996, accompagné la campagne de l'AFDL pour aller placer Laurent Désiré Kabila au pouvoir. Des milliers de soldats rwandais qui appuyaient cette rébellion congolaise n'ont jamais dementelé le FDLR sur leurs passages.
En 1998, les mêmes troupes rwandaises étaient encore en RDC aux côtés de la rébellion du RCD/ Goma, sans rien faire pour defaire les FDLR. 
En 2004 l'insurrection de Jules Mutebusi et Laurent Nkunda avait bénéficié de l'apport du Rwanda.
En 2007, le CNDP de Laurent Nkunda était considéré comme le pion du Rwanda en RDC.
En 2009 le Rwanda  a demandé et obtenu du pouvoir de Kinshasa, l'entrée de ses troupes en RDC pour, entre autres, traquer les FDLR. Aucun résultat palpable, dans ce sens, n'avait suivi, jusqu'à leur retour.
Ceci n'avait pas empêché qu'en 2012 le M23 soit constitué avec l'appui du même Rwanda. Cette présence prolongée du Rwanda et ses alliés  à l'Est du Congo, n'a jamais permis de résoudre la question des FDLR. Voilà qu'en 2022 le Rwanda brandit encore le prétexte de FDLR.
Logiquement, le Rwanda ne peut pas se plaindre de la présence des FDLR en RDC puisque plusieurs occasions lui ont été offertes pour régler cette question.
S'agissant de la " victimisation" de tutsi au Congo, notons que c'est encore un faux débat, au regard des privilèges dont ses membres ont bénéficié  des  institutions congolaises depuis 1997.   
De l'insurrection de Jules Mutsbusi au M23 actuel  en passant par le CNDP de Laurent Nkunda, ces inssurections brandissent la " marginalisation" des tutsi en RDC comme revendication. 
Ce discours  vise à attirer la sympathie d'une communauté internationale connue se penchants envers Kigali en cette matière. C'est la corde sensible que le Rwanda tire toujours pour  faire prévaloir sa position sur l'échiquier international. 
Tous les messages incitant à la haine du Rwandais et du tutsi qui affluent dans les réseaux sociaux sont destinés à pousser les congolais à la faute. Ce n'est pas exclu qu'ils proviennent des officines rwandaises.
Il ne faut donc pas tomber dans ce piège. 
Le discours de la défense de l'intégrité du territoire congolais ne doit pas se confondre avec celui de la haine du rwandais vers lequel l'on veut pousser les Congolais pour des raisons évidentes.
Relayer ce discours c'est faire le jeu du Rwanda.
Le pays de Paul Kagame  a tout intérêt à maintenir du désordre dans la partie orientale du Congo.
Le gouvernement congolais doit s'organiser pour défendre l'intégrité de son territoire et ceci ne doit pas donner lieu à des actes tendant à opposer les deux peuples.
Joska Kaninda Nkole