Très attendu en Ituri,le programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation soulève certaines controverses quant à sa mise en oeuvre. Des inquiétudes sont même évoquées dans certains milieux.
En plus des gens qui se bousculent pour sa gestion dans cette province, plusieurs personnes réfléchissent sur ses chances de réussite.
Des spécialistes en la matière pensent qu'en l'absence d'un accord de paix entre les partie en conflit, ce programme ne devra compter que sur la bonne foi des miliciens pour atteindre ses objectifs. A l'heure qu'il est, aucune milice de l'Ituri n'a encore manifesté la volonté de se rendre.
Les groupes armés vont-ils, de bonne foi, faire confiance au gouvernement congolais pour déposer leurs armes ?
Les récentes expériences vécues par certaines milices de l'Ituri ne rassurent pas quant à ce.
Pendant plus de deux décennies, la milice FRPI ( dans le sud Irumu) n'a jamais vu aboutir un seul processus de désarmement de ses éléments. Toutes les tentatives menées dans ce sens ont échoué à cause du non respect des engagements, de part et d'autres. Cette milice a, à plusieurs reprises, cantonné ses éléments pour attendre un processus de démobilisation qui n'a jamais connu un début. Son cahier de charge n'a jamais été pris en compte.
Il y a peu, les "anciens seigneurs de guerre", émissaires du Chef de l'Etat, ont séjourné en Ituri pour sensibiliser les différentes factions de CoDeco. Ils ont réussi à obtenir la signature d'actes d'engagement unilatéraux de paix de tous ces groupes. Hélas, les moyens n'ont pas suivi pour leur cantonnement avant leur démobilisation.
Contre leurs attentes, c'est l'état de siège qui a été décrété pour les traquer militairement.
A ce jour, il y a une sorte de fracture entre ces émissaires du chef de l'Etat et les membres des différentes milices qui leur reprochent de les avoir menti.
C'est sous cet état de siège qu'un autre projet de désarmement leur est proposé.
Les précédents projets de désarmement ont donné des résultats très mitigés en Ituri.
Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?
Cette question est sur toutes les lèvres à Bunia.
Il y a donc un travail de fond à faire pour arracher la confiance de ces miliciens, à défaut de les contraindre à désarmer par force.
S'agissant des moyens de mise en oeuvre, ces experts estiment que devant l'ampleur prise par le phénomène groupe armé en Ituri, le 50 millions proposés par la communauté internationale sont insuffisants. Ils ne pourront pas couvrir les besoins pour la démobilisation de plusieurs dizaines de milliers des miliciens actifs en Ituri.
Le choix des animateurs de ce programme en Ituri préoccupe aussi dans cette contrée où des milicies ont des soubassements communautaires. Ceci nécessite que les animateurs soient choisis de manière à ne pas blesser certaines susceptibilités. Tout doit étre mis en oeuvre pour mettre en confiance toutes les milices.
Aussi, ces animateurs devront-ils plus se soucier de la recherche de la paix en dépit des moyens qui seront mis à leur disposition.
Les partenaires de mise en oeuvre des projets devront aussi être sélectionnés de manière à éviter la méfiance entre eux et les miliciens qui seront concernés. Un grand notable de place a fait savoir à nos limiers qu'il sera difficile à certaines ONG locales d'implémenter des projets dans certaines régions de l'Ituri.
Le travail qui attend ce programme en Ituri sera très délicat.
Le souhait de tous est que PDDRCS puisse réellement apporter la paix dans cette province qui a tant souffert des attrocités des groupes armés. Il faut donc veiller aux grains.
M. Basile