A quelque chose, malheur est bon. La crise institutionnelle qui a, trois mois durant, caractérisé l'Ituri n'aura pas fait que du tort à cette province. De ce " conflit" peut sortir quelque chose de bon pour la province de Thomas Lubanga.
L'épreuve de force engagée entre l'Assemblée provinciale et son Gouvernement a permis aux uns et aux autres de se ressaisir.
Cette sorte de " ni vainqueur, ni vaincus" pousse chaque partie à repenser ses méthodes d'actions.
Dans trois actes, le gouverneur de province vient de démontrer qu'il a évolué dans sa manière de concevoir les choses. Il n'est pas resté le même. L'homme donne l'impression de réhabiliter l'Assemblée provinciale dans son rôle de première institution de la province et source de son pouvoir.
Il a demandé pardon publiquement à la tribune et fait signe d'humilité en s'agenouillant. C'était le 27 février 2020 lors de son meeting le jour de son retour de Kin. Le lundi 09 mars, il s'est déplacé pour rendre une visite aux membres du bureau de l'Assemblée provinciale. Le dimanche 15 mars, le Gouverneur, les membres de son gouvernement et les députés provinciaux étaient dans une rencontre d'échanges à l'hôtel Kirikou en présence de quelques serviteurs de Dieu. Lors de cette rencontre où la presse n'était pas conviée, les membres de deux parties se sont dit des vérités avant de se demander mutuellement pardon, selon une source crédible. Une autre rencontre de ce genre est programmé dans les tous prochains jours.
Le pardon mutuel et la recherche de la cohésion et de l'harmonie entre les deux institutions sont à la base de cette motivation de l'homme de "Twache Ziaka".
Du côté de l'Assemblée, le scepticisme demeure entier. Tout en reconnaissant ces actes d'humilité posés par Jean Bamanisa, très peu d'élus croient en sa sincérité et redoute une manipulation de sa part.
Nombreux estiment que ce nouveau comportement du gouverneur vise seulement à faire voter son budget dont le dépôt sera très tardif à l'Assemblée provinciale.
Pour ces députés pessimistes, Jean Bamanisa jouerait à la ruse, juste le temps de consolider son pouvoir avant de déstabiliser cette institution législative.
L'on suspecte Jean Bamanisa d'avoir programmé la destitution prochaine du bureau de l'Assemblée provinciale et remplacer ses membres par des hommes de son camp.
Pour sa part, l'Assemblée provinciale est soupçonnée aussi de s'apprêter pour voter une motion de censure contre le gouvernement provincial pour dépôt tardif du budget. Certaines sources affirment même que certains députés auraient déjà ficelé des dossier qui n'attendraient que l'ouverture de la session de mars pour pouvoir déchoir le Gouverneur, cette fois là, sans " vice de forme".
Toutes ses rumeurs font que, de part et d'autres, chacun reste sur ses gardes.
Personne ne croit à personne et tout le monde suspecte tout le monde. Le climat de méfiance s'installe.
Jean Bamanisa vient donc d'amorcer un virage difficile mais pas impossible.
Les membres de son entourage devraient s'inscrire dans cette nouvelle logique de leur " maitre" pour se départir des actes et attitudes qui avaient envenimé le climat politique en Ituri. A vin neuf, outre neuve, dit-on.
Les actes de bonne foi devraient être posés pour rassurer les deux parties et mettre, en avant scène, l'intérêt supérieur de la province. Ceci, dans le respect des attributions de chaque institution.
Joska Kaninda Nkole