La situation sécuritaire de l'Ituri s'empire..
Les récentes tueries perpétrées dans des sites des déplacés de guerre et dans certaines entités de l'Ituri telle que la cité de Mongbwalu ont exacerbé les inquiétudes de la population.
Comme si cela ne suffisait pas, les négociateurs, membres de la Task Force pour la paix en Ituri, se sont fait prendre en otage, le mercredi 16 février 2022, par des miliciens.
Leurs ravisseurs qui se réclament être de la milice CODECO/URDPC manifestent l'intention de les retenir en captivité jusqu'à ce que leur cahier de charges soit rencontré par le gouvernement congolais. Cette situation inquiète au plus haut point les observateurs de la scène sécuritaire de l'Ituri.
S'il arrivait que les miliciens touchent à un seul cheveu de ces otages, le pire pourrait arriver, craint-on dans plusieurs milieux. Il ne faut pas que cette province bascule dans une spirale des violences. Ceux qui sont pris en otage sont des figures emblématiques de l'Ituri, ayant une certaine influence dans leurs communautés respectives.
Une petite erreur peut réveiller le vieux démon des conflits interethniques et embraser l'Ituri.
Aussi, les officiels congolais devraient-ils user du tact pour obtenir la relaxation des otages, sans casse, évoque-t-on dans certains milieux de Bunia.
Le moindre dérapage peut pousser à l'énervement des uns et des autres et compliquer la donne sur terrain.
Le gouvernement va-t-il fléchir et céder aux caprices des miliciens en répondant favorablement à leur cahier de charge ? Va-t-il faire usage de la force( frappe chirurgicale ) pour obtenir la libéreration de ces otages? Dilemme. L'une ou l'autre de ces options a ses avantages comme ses inconvénients. L'obtention de la libération des otages paraît, aux yeux de certains observateurs, être une mission très délicate dans cette province où la propension à la " communautarisation "des faits" est très prononcée.
L'on croit savoir que CODECO/URDPC pourrait saisir cette occasion pour monter les enchères par rapport à son cahier de charge. Ce qui ne manquera pas de faire des émules dans d'autres groupes armés qui écument l'Ituri, à défaut de les frustrer.
Cette prise d'otage place l'Etat congolais dans une situation inconfortable face à cette milice qui vient d'avoir en main un moyen non négligeable de le faire chanter.
De la manière dont sera traitée cette question dépendra l'avenir sécuritaire de l'Ituri. L'heure est donc grave. Il suffit de franchir un petit pas pour que l'Ituri tombe dans le gouffre.
Pour prévenir le pire, l'honorable Jackson Ause Afingoto recommande aux miliciens ravisseurs de bien traiter les otages et au Président de la République d'effectuer le déplacement de l'Ituri pour s'imprégner personnellement de cette situation.
Joska Kaninda Nkole