Kagame annule son voyage en l'Ouganda

Par notre Reporter
(Red Pepper du vendredi 25/06/2010)

La crise au Rwanda a pris un tournant inquiétant avec l’annulation d’hier, par le Président Paul Kagame de son voyage en Ouganda, révèle en exclusivité le quotidien ougandais Red Pepper. Kagame été attendu en Ouganda ce samedi 26/06/2010 pour assister à la cérémonie d'introduction au mariage de Mlle Elizabeth, fille de M. Sam Kutesa  ministre ougandais aux affaires étrangères, à Omutongole dans le Nyabushozi, District  de Kiruhura.  Cependant, Kagame a envoyé un message, à la famille de Kutesa, disant qu’il ne pourrait pas y  assister à cause de certaines obligations d’Etat.

Les sources de sécurité indiquent que Kagame craint de venir en Ouganda au moment où  les tensions politiques et militaires au Rwanda sont ravivées par l’attentat manqué du Gén. Kayumba Nyamwasa en Afrique du Sud.  Kigali avait paniqué après la publication des rapports disant que les officiers supérieurs militaires exilés en Afrique du Sud avec en tête le Gén. Nyamwasa et le Col. Patrick Karegeya, ex-Directeur des services de sécurité externes, complotaient pour renverser le régime Kagame.  La sécurité dans le pays a été intensifiée et les services d’intelligence, recueillant des informations dans les pays voisins, ont vu leur capacité augmentée pour éviter n'importe quelle crise qui pourrait probablement résulter de l’attentat manqué contre Nyamwasa.  Il y a crainte actuellement qu'une révolte interne des soldats fidèles à Nyamwasa puisse prendre naissance pour renverser Kagame. 

En effet, un Kagame panqué a réuni le mercredi 23/06 le haut commandement de l’armée pour l’informer de la forte tension au sein des hommes de troupes suite à la tentative d’assassinat de Kayumba.  Kagame a mis en place une structure de surveillance permanente qui devrait évaluer l’évolution de la tension perceptible dans l’armée afin d’étouffer toute tentative de renversement du régime téléguidée par ses ennemis.  Ayant été de bons amis, Kutesa avait invité Kagame à la cérémonie d’introduction au mariage de sa fille auquel on s'attend à ce que le Président Museveni soit l'invité d’honneur.  Mlle Elizabet devra présenter, comme fiancé,  l'Officier des forces spéciales M. Daniel Mugumya. 

Les sources indiquent que Kagame est fortement perturbé suite aux déclarations de l'épouse de Nyamwasa l'accusant d’être le cerveau de la tentative d’assassinat de son mari.  "Kagame a déclaré qu'il s’occupera de mon mari partout où il sera," a déclaré Mme Rosette Nyamwasa dans les médias peu de temps après l'incident sanglant.

Un général rwandais cité dans la tentative d’assassinat
Au moment où un nuage de crainte et d'incertitude plane au-dessus de Kigali, les déclarations de la famille du Gén. Kayumba Nyamwasa pointent un doigt accusateur à l’égard d’un général de brigade des Forces de la Défense du Rwanda (RDF) qui aurait organisé l’opération d’assassinat du général en fuite.  Les membres de famille ont dit que les suspects interrogés par la police criminelle  SA sur l’attentat ont nommé un général de brigade, proche conseiller de Kagame en matière de la sécurité, comme le chef de l’opération dans la tentative d'assassinat.

Le général de brigade est un grand fan du football. 
Un membre historique du RPF qui a combattu à côté de Kagame pendant l'invasion du Rwanda en 1990, le général de brigade dirige un bureau spécial des opérations et de formation au sein de l’armée rwandaise.  Il serait très proche de Kagame.  Durant la garde à vue des suspects arrêtés en Afrique du Sud, et qui sont des soldats de l'armée rwandaises, ils ont déclaré à une équipe des enquêteurs de la CIA (Agence de renseignements américains) et de la police SA qu'ils ont été envoyés par le général de brigade dans l'affaire d’élimination de Nyamwasa.  "Nous avons reçu l'information de la police  SA que le général de brigade (ndlr :nommé Jean Bosco Kazura) a organisé l’opération entière d'éliminer Nyamwasa.  Les suspects l’ont confessé et sont prêts à le repéter devant la Cour de Justice" a déclaré un membre de famille Kayumba dans une entrevue hier matin avec notre Reporter.  La police  SA a confondu les suspects avec des données précises d'incrimination, les forçant à admettre le forfait et  à dénoncer l’architecte en chef de la tentative d’assassinat.

La tension s'accumule maintenant dans la ville de Kigali depuis que les services de renseignements sud africain ont confirmé que les suspects sont d’accord pour dénoncer le général de brigade proche de Kagame devant le tribunal quand ils apparaîtront devant le juge d’instruction du dossier le mardi prochain 29/06/2010.  Le gouvernement de Kigali est actuellement dans une mauvaise posture, particulièrement dans la façon à gérer une situation où des soldats de l’armée nationale pourraient dénoncer le rôle de ce Conseiller militaire proche de Kagame devant le tribunal au sujet d'un incident sanglant qui a envoyé des ondes de choc à travers le monde.  Ce scandale pourrait altérer profondément l'image d'un régime qui jouissait d’une exceptionnelle réputation dans les médias occidentaux. 
Nyamwasa a reçu des balles dans l'estomac à la grille du luxieux Athol Mews Complexe quand il était avec son épouse Rosette après avoir fait des emplettes au centre commercial de Bluebird à Johannesburg. 

En utilisant des données provenant des appareils photo de surveillance, six suspects d'origine  rwandaise ont été arrêtés, détenus et interrogés à un commissariat de police de Johannesburg.  La police a dit que quatre suspects sont restés en détention tandis que deux étaient libérés.  Ceux qui restent en prison auront à leur charge les faits relatifs à une tentative de meurtre dès lors que  leurs visages ont été capturés par les caméras de télévision du circuit fermé du centre commercial (CCTV) en train de suivre le général Kayumba.  L'enregistrement visuel a montré comment les suspects ont traqué le général pendant qu'il faisait ses achats et ont même suivi sa voiture de marque BMW de nouveau jusqu’à sa maison.  Quand le véhicule des  Nyamwasa a approché la grille du complexe, l'assassin s'est accroché sur à la voiture en criant "arrêt, arrêt".  Le conducteur a abaissé la vitre  et l'assaillant a tiré une balle dans l'estomac du général.  Nyamwasa a été immédiatement conduit à la clinique de Morningside à Johannesburg Nord pour une opération chirurgicale.  Il a quitté l’hôpital mardi dans les  après-midi et sa santé se serait améliorée.  Depuis samedi dernier, tous les yeux sont braqués sur Kigali après qu'il soit apparu clairement que les assaillants n'étaient pas des voleurs mais des mercenaires qui connaissaient leur cible.

Pourquoi le général de brigade
Les membres de la famille de Nyamwasa disent que ce général de brigade a été récemment envoyé dans une mission en Afrique du Sud pour y organiser l'assassinat car la police était occupée à préparer l'ouverture de la coupe du monde du football FIFA.  Il a été confirmé que le général de brigade a séjourné durant quatre jours en terre de Jacob Zuma rencontrant plusieurs agents de renseignements rwandais.  La famille de Nyamwasa dit qu'après que les mercenaires aient reçu des instructions précises et de équipements  adéquats, le général de brigade, selon des sources de la famille, est rapidement revenu au Rwanda, laissant l'équipe de tueurs sous la responsabilité d'un certain Francis Gakwere.  Pour brouiller les pistes afin de détourner l'attention des enquêteurs, le département rwandais de l'intelligence militaire (DMI) a vite arrêté le général de brigade dès son retour.  La famille de Nyamwasa croit que le motif de cette arrestation était de permettre au gouvernement rwandais de nier son implication dans ce dossier au cas où la tentative d'assassinat était découverte par les services de sécurité sud-africains.  Contrairement aux temps passés où les opérations des services rwandais étaient gardées "Top secret", le voyage du général de brigade a été fortement médiatisé probablement afin de créer un écran de fumée au cas où 'il s'avérait que le général de brigade était en effet derrière la tentative d’assassinat. Ce qui pourrait entraîner un conflit entre Pretoria et Kigali.  Les rapports confirment que Kigali fait tout son mieux afin de pouvoir faire libérer ses citoyens arrêtés en Afrique du Sud dans ce dossier de tentative d’assassinat ainsi que l'extradition de Nyamwasa pour un procès au Rwanda. 

En fait, peu de temps après l’incident, la police criminelle est arrivée sur les lieux et a relevé des empreintes digitales sur le véhicule de Nyamwasa, particulièrement aux endroits où les mains du tireur s'accrochaient.  En comparant ces empreintes digitales aux tests ADN, la police criminelle sud africaine a découvert que les résultats en laboratoire correspondaient à l’un des assassins dont l'image a été capturée par les caméras cachées du CCTV du centre commercial.

Nyamwasa en difficultés
Dans l’entretemps, des rapports indiquent que Kigali travaille sans relâche pour obtenir l'extradition de Nyamwasa malgré le mauvais état de sa santé. Les membres de la famille veulent maintenant que Nyamwasa déménag aux États-Unis ou en Suède depuis que l'Afrique du Sud, comme les autres  nations africaines, ne peut garantir la sécurité des exilés politiques.

En fait, la ministre aux Affaires étrangères Louise Mushikiwabo a déclaré à la presse, mercredi dernier à Kigali, qu’elle ne serait pas découragée par l’émotion suscitée par la tentative d’assassinat de Nyamwasa. «Le gouvernement du Rwanda n'est pas en colère contre lui. J’aimerais qu’on aille au delà du sentimentalisme évoqué actuellement et comprendre que le général Kayumba est poursuivi pour de très graves accusations criminelles et qu’il n’est pas question de colère mais de criminalité, a t-elle a dit. «Je tiens à vous rappeler que depuis l’incident du week end dernier, nous en tant que gouvernement avons exprimé notre sympathie à la famille, ce qui est tout à fait normal. Nous comprenons également la compassion de certaines personnes à l’égard de la famille et nous souhaitons, bien sûr, son prompt rétablissement. Nous voulons la même chose, mais cela ne supprime pas l'élément de criminalité du dossier», a souligné Mushikiwabo.
"Je veux juste mettre les choses au point, que c'est sur son comportement, sa responsabilité, sur ses crimes que cet homme est accusé. Ainsi, son état de santé ne doit pas escamoter les charges qui pèsent contre lui", dit-elle.

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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Commentaires

  • rugero

    1 rugero Le 01/07/2010

    Kagame n'est pas un fin politicien!!Il est un chef d'Etat qui pense que seul le meurtre reste la seule voix pour arriver à ses embitions.

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