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Allocution de M. Johnnie Carson à l'occasion de la célébration de la Journée de l'Afrique

 Le gouvernement Obama est déterminé à aider l'Afrique à maximiser les occasions de progrès.

Département d'État des États-Unis

Allocution du secrétaire d'État adjoint Johnnie Carson
à l'occasion de la célébration de la Journée de l'Afrique
organisée sous les auspices du Corps diplomatique africain

Hôtel Ritz Carlton

Le 25 mai 2010

Bonsoir. Je voudrais remercier le comité d'organisation pour l'aimable invitation qu'il m'a faite de m'adresser à vous ce soir. C'est un honneur pour moi et pour le département d'État de célébrer le 47e anniversaire de la création de l'Organisation de l'unité africaine. La Journée de l'Afrique revêt une signification particulière cette année du fait que de nombreux pays, dont le Nigéria, la République démocratique du Congo, le Cameroun et la majeure partie de l'Afrique francophone fêtent également leurs 50 ans d'affranchissement du régime colonial.

C'est donc une occasion propice de saluer les idéaux positifs qui ont sous-tendu la quête d'indépendance et d'unité de l'Afrique, mais d'examiner aussi lucidement les défis ardus auxquels ce continent reste confronté. Les États-Unis ont été un vigoureux partisan de l'indépendance africaine et demeurent résolus aujourd'hui à aider leurs partenaires africains à faire face à ces défis. Toutefois, ainsi que j'aurai l'occasion de le noter ce soir, notre capacité d'atteindre nos objectifs communs à long terme que sont la démocratie, la stabilité et la prospérité du continent dépend entièrement de l'intégrité et de l'efficacité des dirigeants africains.

En 1960, le monde s'efforçait de se libérer d'un passé violent et injuste et de vivre selon des principes et des idéaux plus nobles. L'Europe se reconstruisait encore après la Deuxième Guerre mondiale et elle était encore, en grande partie, à deux ou trois décennies de devenir pleinement démocratique. Les principes de l'autodétermination et de l'égalité raciale ne s'y sont imposés que graduellement. L'indépendance africaine à cette époque a été un fait de première importance dans cette lutte, et un moment de grand optimisme. Après près de 80 ans, ou plus, de férule coloniale, la plupart des Africains étaient enfin libres de se gouverner et de devenir des acteurs agréés sur la scène internationale. L'autodétermination a mis plus longtemps à se réaliser et a coûté plus de sang dans plusieurs pays, notamment en Afrique du Sud, au Zimbabwe et dans les anciennes colonies portugaises, mais les fondements de l'indépendance des États africains étaient déjà bien ancrés en 1960 et ils se sont vus renforcés par la création de l'Organisation de l'unité africaine trois ans plus tard.

L'indépendance de l'Afrique revêt une signification particulière pour les États-Unis en raison de l'imbrication de leurs passés et des principes des droits de l'homme et de l'autodétermination énoncés dans la Constitution des États-Unis et dans la Déclaration d'indépendance. Un peu plus de 12 % de la population américaine est de descendance africaine et beaucoup de nos voisins du bassin Caraïbe et d'Amérique du Sud comptent une importante diaspora africaine. Les échanges d'idées politiques entre des mouvements nationalistes africains et le mouvement des droits civiques aux États-Unis remontent au moins au XIXe siècle. Les liens religieux, musicaux, culturels et artistiques entre les États-Unis et l'Afrique sont également profonds. Personne n'incarne ces liens plus clairement que notre président actuel, qui a puisé son inspiration et sa sagesse dans les expériences de son père kényan aussi bien que dans la lutte pour les droits civiques en Amérique.

En dépit de leurs débuts exaltants, beaucoup d'États africains n'ont pas eu la meilleure des directions dans les décennies qui ont suivi leur indépendance. Les personnes attachées à l'équité, à l'intégrité et à l'établissement d'États démocratiques, telles que le premier président du Botswana, Seretse Khama, et le premier président du Sénégal, Léopold Senghor, étaient des exceptions. Dans la plupart des cas, toute une gamme de facteurs - corruption, faiblesse des institutions démocratiques, autoritarisme et chauvinisme ethnique - ont entraîné des coups d'État, des gouvernements militaires, des conflits armées, des violations des droits de l'homme, des atrocités, le génocide.


Un grand nombre de dirigeants africains ont violé les droits fondamentaux de l'homme et les principes de la souveraineté consacrés par la Charte de l'OUA et certains ont traité leur peuple aussi mal, sinon pire, que leurs prédécesseurs coloniaux. La gabegie, le détournement de revenus de l'État et des méthodes centralisées de gestion économique ont précipité le déclin économique et la dégradation de l'infrastructure et des services publics. Les rivalités de la guerre froide ont, elles aussi, attisé des conflits dans certains pays comme le Tchad, l'Angola et le Mozambique.

Depuis le début des années 1990, un nombre croissant de pays africains ont réussi à se stabiliser grâce à des combinaisons diverses d'amélioration à la direction de l'État et de participation internationale. Bien que toujours aux prises avec de nombreux problèmes, des pays jadis en guerre, tels que la Sierra Leone, le Libéria, le Mozambique, le Rwanda et l'Angola, sont néanmoins en paix et à divers stades de redressement et de transition démocratique.

Au Ghana, le gouvernement de Jerry Rawlings a institué des réformes économiques et s'est progressivement ouvert à la démocratie pluripartite. Rawlings s'est lui-même retiré dignement et a remis le pouvoir entre les mains d'un gouvernement de l'opposition après avoir terminé ses deux mandats autorisés par la Constitution. Son successeur, John Kufuor, a fait de même l'année dernière, rendant le pouvoir à l'opposition après que son parti se fut incliné dans le cadre d'élections serrées. Au Mali, le général Amadou Toumani Touré a remis le pouvoir entre les mains d'un civil élu en 1992, après avoir renversé l'année précédente un régime militaire autoritaire. Son successeur, Alpha Omar Konaré, s'est retiré dix ans plus tard après avoir rempli ses deux mandats autorisés par la Constitution. Le Bénin et le Sénégal ont eux aussi bénéficié du respect qu'ont manifesté leurs dirigeants pour leurs mandats constitutionnels et pour les verdicts des urnes qui leur ont fait perdre le pouvoir.

En Afrique du Sud, Nelson Mandela et F.W. de Klerk ont défié les prévisions de guerre civile raciale en négociant l'élimination pacifique de l'apartheid entre 1990 et 1994. Mandela a désamorcé les tensions raciales et il s'est retiré du pouvoir après un seul mandat. Son successeur, Thabo Mbeki, a accepté sa défaite politique et a démissionné en 2008 juste avant la fin de son second mandat après avoir été rappelé par son parti.

Dans le domaine économique, nous avons observé des progrès notables dans nombre de régions d'Afrique, et notamment près d'une décennie de croissance soutenue avant la survenue de la crise financière mondiale.

Au cours des deux dernières décennies, Maurice, le Ghana, le Rwanda, le Botswana, la Tanzanie, l'Ouganda et le Cap-Vert ont libéralisé leur économie, exécuté des réformes axées sur le marché et adopté une politique favorable aux affaires, consistant par exemple à réduire le temps nécessaire pour le démarrage d'une entreprise.

Quoique significatives, ces améliorations et d'autres contrastent avec des points très sombres du passé de l'Afrique. À mon avis, le continent dans son ensemble n'a pas encore vaincu les difficultés qui l'empêchent de réaliser tout le potentiel qu'on y voyait lors de l'indépendance. Certains pays dérivent de nouveau vers l'autoritarisme à mesure que l'espace politique se resserre et que les groupes de la société civile et de l'opposition subissent une intimidation accrue. Au cours des deux dernières années, la Mauritanie, la Guinée, le Niger et Madagascar ont subi des coups d'État militaires. La Côte d'Ivoire n'a pas eu d'élection présidentielle depuis l'an 2000 et continue de reporter le processus électoral. La République centrafricaine a récemment suspendu les élections qui y étaient prévues, pour manque de préparation. Le Nigéria, dont les élections de 2007 ont été les plus frauduleuses et désorganisées de l'histoire du pays, n'a pas encore effectué les réformes nécessaires pour tenir des élections convenables l'année prochaine. Au Zimbabwe, les autorités du parti ZANU-PF au pouvoir continuent d'entraver la démocratie en harcelant l'opposition et la société civile et en s'abstenant d'ouvrir l'espace politique comme le prévoit l'Accord politique global.

En dépit de la croissance économique que j'ai évoquée auparavant, la part de l'Afrique dans le PIB mondial l'an dernier ne se montait qu'à environ 1,6 % et sa part dans les échanges mondiaux est tombée de son sommet historique de 3 % en 1976 à environ 1,8 % aujourd'hui. L'espérance de vie y est d'à peu près 51 ans, contre 64 ans en Asie méridionale et 68 ans dans le monde arabe. Dans la plupart des cas, la richesse immense de l'Afrique en ressources naturelles ne s'est pas traduite par une prospérité accrue pour ses peuples. Dans le numérique, l'Afrique accuse un retard immense par rapport au reste du monde, qui empêche d'autant plus les entreprises africaines d'affronter la concurrence mondiale. Chaque année, l'exode des cerveaux prive l'Afrique d'un grand nombre des meilleurs et des plus doués de ses professionnels, ce qui nuit encore à sa capacité concurrentielle.

Bien que considérablement réduits en comparaison des années 1990, les conflits ne cessent d'infliger de lourds tributs humanitaires à certaines parties de l'Afrique, en particulier en Somalie, au Darfour et dans l'est de la RDC. L'Armée de résistance du Seigneur continue de sévir à travers les frontières nationales, fomentant l'instabilité, terrorisant les villages, enlevant des femmes et des enfants et commettant des atrocités. Les éruptions périodiques de violence communale au Nigéria et les affrontements entre milices rivales dans le Sud-Soudan trahissent les tensions sous-jacentes qui risquent de dégénérer en conflits plus intenses et plus soutenus si on ne les règle pas de manière efficace.

Dans son discours prononcé l'été dernier à Accra, le président Obama a clairement affirmé que les États-Unis se tenaient aux côtés de leurs partenaires africains face à ces défis. Dans le domaine de la bonne gouvernance et de la démocratie, nous sommes résolus à associer nos efforts à ceux de la communauté internationale et de la société civile en vue de renforcer les institutions démocratiques, notamment les commissions électorales indépendantes, et de préserver les avancées démocratiques réalisées ces dernières années.

Nous continuerons de promouvoir la croissance et le développement économiques, notamment dans le cadre de notre Initiative alimentaire mondiale pour l'avenir, de 3,5 milliards de dollars, destinée à aider 12 pays cibles d'Afrique en complétant leurs propres initiatives positives engagées dans le cadre du Programme global de développement agricole de l'Afrique - le PGDAA. Le gouvernement Obama est également déterminé à aider ses partenaires africains à maximiser les débouchés créés par la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique, l'AGOA. Nous continuons aussi à explorer des moyens de promouvoir la croissance et les investissements du secteur privé, particulièrement pour les petites et moyennes entreprises.

Dans le domaine de la santé publique, nous ne cesserons d'œuvrer de concert avec les pouvoirs publics africains et avec la société civile afin d'assurer aux populations partout en Afrique un accès facile à des traitements, à des programmes de prévention et à des soins médicaux de qualité. Le gouvernement Obama a reconduit le programme PEPFAR et la lutte contre le sida ainsi que l'Initiative présidentielle contre le paludisme afin de combattre ce fléau qui est la première cause de décès des enfants de moins de cinq ans de ce continent. Pour répondre à ces défis de santé publique qui se posent dans toute l'Afrique, nous avons annoncé des engagements de 63 milliards de dollars en faveur du PEPFAR et d'autres programmes de santé au cours des cinq prochaines années.

Le président Obama a signalé sa détermination à contribuer à mettre fin aux conflits armés en Afrique en nommant un envoyé spécial, le général Scott Gration, pour le Soudan, ainsi qu'un conseiller spécial pour les Grands Lacs, l'ancien député Howard Wolpe. Les États-Unis déploient tous leurs efforts, en coopération avec les dirigeants africains, les organisations de la société civile et la communauté internationale, en vue de prévenir de nouveaux conflits. Nous continuons à fournir de la formation et de l'équipement aux soldats africains de maintien de la paix par l'intermédiaire de l'ACOTA et d'autres programmes entrepris au titre de l'Initiative mondiale des opérations de paix et nous nous sommes engagés à appuyer la conception par l'Union africaine d'une Architecture africaine pour la paix et la sécurité, qui comprend notamment la Force africaine en attente.

Nous travaillons en outre à contribuer à relever les défis transnationaux en étoffant les capacités africaines de sécurité maritime, grâce à l'apport de navires et de programmes de formation, et en

soutenant la lutte contre l'extrémisme violent dans le cadre de programmes à volets multiples tels que le Partenariat transsaharien de lutte antiterroriste et l'Initiative est-africaine de sécurité régionale. Les États-Unis sont résolus à s'associer aux Africains à la recherche de solutions viables permettant leur adaptation aux conséquences les plus graves des changements climatiques et cherchent à bâtir une économie mondiale durable axée sur l'énergie propre.

Il y a cinquante ans, les États-Unis et le monde ont reconnu l'immense potentiel de l'Afrique, tant pour ses ressources naturelles qu'en matière de capital humain. Nous le reconnaissons encore aujourd'hui. Avec des réformes et une direction avisées et le soutien continu de la communauté internationale, l'Afrique peut réaliser le genre de changement que nous avons vu en Asie et en Amérique latine au cours des deux dernières décennies.

Cependant, ainsi que le président Obama l'a souligné dans son discours au Ghana, notre politique se fonde sur le postulat selon lequel « l'avenir de l'Afrique appartient aux Africains ». Sans un engagement correspondant des dirigeants africains d'entreprendre les réformes et les mesures nécessaires pour effectuer de véritables changements, nous ne pouvons espérer réaliser notre objectif commun d'une Afrique plus pacifique, plus prospère et plus libre.

Je vous remercie.

(Fin du texte)

(Diffusé par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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