Pourquoi Kabila continue-t-il à avoir l’imperium ?
Les élections se sont déroulées dans un désordre quasi-total en RDC. Des irrégularités ont été signalées par-ci par-là par plusieurs organisations et personnalités tant congolaises qu’internationales. Joseph Kabila a prêté serment dans une sorte d’isolement diplomatique. Tshisekedi l’a fait aussi, « coincé » dans sa résidence devant quelques journalistes et personnalités politiques congolaises.
Les deux « Présidents de la République » se disputent le leadership congolais. L’un se prévalant du contrôle de l’appareille de l’Etat et l’autre se voulant l’ « élu du peuple ». En ce début d’année 2012, le peuple congolais a eu droit à deux messages de vœux : un de Kabila et l’autre de Tshisekedi. Aucun d’entre eux n’a été condamné, de manière très ouverte, par la fameuse Communauté Internationale. On assiste ainsi à une sorte de « laisser faire » de la part de cette fameuse Communauté Internationale.
Les répressions, parfois sanglantes, des manifestations de l’opposition ne font pas encore l’objet d’une attention particulière de la part des grands de ce monde. Preuve que la Communauté Internationale ferme encore ses yeux sur ce qui se passe en RDC.
Les congolais de la diaspora ont multiplié des manifestations sans, jusque là, arriver à émouvoir les décideurs du monde. C’est à croire que ces « faiseurs des rois en Afrique » ont décidé de faire jouer le temps en faveur de celui qui aura la maitrise de la situation sur terrain en RDC. Ils sont plus intéressés au pays (sa position géostratégique et ses ressources naturelles) qu’à ses habitants. La grande Eglise catholique du Congo vient de faire sa déclaration officielle sur les dernières élections congolaises. Le constat reste le même : elles ont été irrégulières et ses résultats non crédibles. La CENI devrait corriger ses erreurs à défaut de démissionner a-t-elle renchéri. Dieu seul sait si cela pourra changer les opinions des “décideurs” du monde
Pourquoi Kabila continue-t-il à avoir l’imperium ?
A regarder de tres près, ce qui intéresse la Communauté internationale c’est la stabilité de la RDC. Ce pays représente un enjeu de taille dans la maitrise des conflits des grands lacs et même pour la surveillance de ce qui se passe dans la corne de l’Afrique. Il faut empêcher les désordres en RDC de peur que « l’axe du mal» n’en profite pour avoir accès à ses immenses ressources naturelles tant convoitées par des milieux financiers occidentaux. Le Sud Soudan est encore très fragile pour que la RD Congo s’enflamme.
De ce point de vue, Kabila passerait pour le moindre mal face à Tshisekedi. Ayant le contrôle de l’armée et de la police, ce « fils de Mze » a la possibilité de s’imposer par les armes et plonger ainsi ce pays dans des troubles tant redoutés par la Communauté Internationale. Cette autorité morale du PPRD donne aussi l’impression d’être très docile à toutes les sollicitations des lobbies financiers internationaux s’agissant de l’exploitation des ressources de la RDC.
Pour des besoins d’exploitation des ressources de la RDC, certains lobbies financiers auraient encore tous intérêts de maintenir le statuquo que de se jeter dans les bras d’un nationaliste et « imprévisible »Tshisekedi même voulu par le peuple congolais.
Non violent, Tshisekedi, aux yeux des occidentaux, n’a pas une capacité de nuisance susceptible d’inquiéter les décideurs du monde s’agissant de la déstabilisation des institutions congolaises. Sa résistance, pacifique, a peu de chance de bloquer la machine dans un pays où des gens survivent au jour le jour. Ce leader de l’UDPS aurait été prévenu des responsabilités qui seraient les siennes au cas où il donnerait un mot d’ordre pour des manifestations pouvant déboucher au massacre des populations civiles. C'est-à-dire de la possibilité pour lui de pouvoir répondre de ses actes devant la Cour pénale Internationale. Une manière de priver au « sphinx » de Limete d’user de son arme traditionnelle : les manifestations publiques des rues.
Avec une opposition intérieure incapable, jusque-là, de mobiliser des masses contre ce qu’elle appelle « holdup électoral », le pouvoir de Kabila a encore la chance de se pérenniser pour cet autre mandat.
La communauté internationale ne change d’avis que quand ses intérêts se trouvent être menacés. Sans une pression intérieure susceptible de menacer le pouvoir de Kinshasa, le changement tardera à venir. Les grands de ce monde se préoccupent plus du Congo et ses ressources que du sort des congolais. Sinon, comment comprendre cette sourde oreille à l’endroit de toutes les critiques contre les dernières élections congolaises ? Pourquoi veut-on laisser le peuple congolais être dirigé par un homme qui a, en grande partie, perdu sa confiance ? C’est au congolais d’œuvrer pour changer les attitudes des « maitres du monde » ‘ sur le cours de chose en RDC.
Le régime de terreur
Pour se maintenir aux affaires de l’Etat, le pouvoir Kabila va, sans doute, installer un régime de terreur et de répression. Une manière d’étouffer toute tentative de soulèvement populaire. Le musellement de la presse, la répression des manifestations, la chasse aux sorcières, des enlèvements et autres assassinats seront à l’ordre du jour pou sauvegarder le pouvoir. Sans la grande confiance du peuple, les actuels tenants du pouvoir congolais vont diriger par défi avec toutes conséquences néfastes que cela peut comporter. Ce qui va engloutir une bonne partie des fonds publics au détriment des actions en faveur du développement. La RDC connait donc une régression en ce qui concerne l’évolution de sa démocratie. La pensée unique refait surface. Un seul son de cloche est permis : celui du pouvoir. Des leaders religieux qui tentent d’œuvrer pour rétablir la vérité des urnes deviennent la cible des hommes d’un pouvoir qui tient à faire taire tout le monde. Monseigneur Mosengo en a vu de toutes les couleurs ces derniers jours pour avoir dit que les dernières élections n’étaient conforment ni à la vérité ni à la justice. Des medias ont été mobilisés pour saper sa réputation.
La répression est utilisée pour étouffer toute velléité à organiser des manifestations publiques « pacifique » par l’opposition.
Le danger d’une résignation
Il est établi qu’un besoin frustré devient intense. Les congolais, dans une large majorité, avaient besoin d’une alternative politique après l’organisation des dernières élections. Ce besoin intense vient d’être frustré avec la cacophonie qui a entouré la publication des résultats. Résignés, choqués, de nombreux congolais ne croient plus aux vertus des élections s’agissant d’obtenir une alternance politique au sommet de l’Etat. L’opinion largement rependue actuellement est que les tenants du pouvoir en Afrique ne cèdent que face à une force brutale. Cette malheureuse expérience électorale vient de démontrer au peuple congolais que la démocratie n’est bonne en Afrique que quand elle obéit aux caprices de la Communauté Internationale. Comme quoi, le peuple n’a pas le vrai pouvoir qu’il devrait avoir. La guerre, les coups d’Etats et autres révoltes populaires deviennent les seuls moyens d’obtenir l’alternance politique en Afrique. Comme pour dire que pour peser dans la balance politique africaine chaque parti politique devrait avoir sa branche armée.
Cette politique de laisser le temps au temps, présente des risques énormes dans un pays où, les dernières dix années, les armes ont permis à plusieurs personnes d’accéder à des hautes fonctions dans les institutions congolaises. Une bombe déjà retardement.
Joska Kaninda Nkole