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Congo: 50 ans de tatonnement

Cette année 2010, la République Démocratique du Congo va totaliser 50 ans depuis son accession à l’indépendance. Les cérémonies seront sans doutes grandioses le 30 juin prochain.

Tout est mis en œuvre pour que la fête soit digne du cinquantenaire de ce géant au centre de l’Afrique. A cet effet, un Commissariat Général du cinquantenaire a été institué par le Président de la République et placé sous la direction de monsieur Denis Kalume.

Paradoxe, ce pays réputé réservoir d’immenses richesses est compté parmi les plus pauvres de la planète terre.

Cinq décennies se sont écoulées sans que son peuple ne se réjouisse de ses richesses du sol comme du sous-sol.

Misère, famine, accès difficile aux soins médicaux et à la scolarisation, mauvaise condition d’habitat… voilà le lot quotidien des congolais.

La situation sociale a tendance à une dégradation continuelle.

Les dirigeants politiques se sont succédés à la tête de ce pays sans réussir à assurer à son peuple le minimum de son mieux être.

Dictature, répartition inégale du revenu national, répression de l’opposition, détournement de biens public, enrichissement sans cause, incapacité notoire dans la gestion de la chose publique, mauvaise gouvernance ont caractérisé pratiquement tous les gouvernants en RDC en dépit de quelques dissemblances enregistrées ça et là.

De Joseph Kasavubu à Joseph Kabila en passant par Joseph Désiré Mobutu et Laurent Désiré Kabila, les congolais n’ont vécu que des slogans et des promesses.

Les dirigeants politiques baignent dans un luxe insolant pendant que le pays et son peuple broient du noir.

Avec une superficie d’environ 2.345.000 kilomètres carrés, une population estimée à plus de 65 millions d’habitants, d’immenses richesses du sol comme du sous-sol, la République Démocratique du Congo devrait, en principe, jouer le rôle moteur dans le développement de l’Afrique.

Sa position au centre de l’Afrique, ses frontières partagées avec neuf pays voisins mariées à la diversité culturelle de sa population sont des atouts qui ne lui ont pas encore profité.

50 après le Congo donne l’impression d’avoir fait du sur place si il n’a pas reculé.

 

Cinq ans de chaos

 

De 1960 à 1965, ce pays a connu l’un des moments les plus difficile de son histoire.

A peine qu’il venait d’obtenir son indépendance, le Congo a fait face à une cabale montée par des puissances qui tenaient à maintenir leurs mains mises sur ses ressources naturelles.

Des contradictions entre le Présent Joseph Kasavubu et son premier Ministre Patrice Lumumba avaient rendu le pays ingouvernable.

Sécessions au Katanga et dans le Kasaï, mutinerie dans le Bas Congo et rébellions au Bandundu et dans la province Orientale, le Congo était au bord de sa balkanisation.

L’assassinat du premier Ministre Lumumba, le 17 janvier 19961, n’avait fait qu’empirer la situation politique au Congo.

Les espoirs suscités par l’indépendance s’étaient ainsi transformés en chagrins pour le peuple.

Les premiers dirigeants de la RDC n’avaient donc pas eu le temps de bien exercer leur pouvoir.

Si du coté politique la situation était chaotique, sur le plan économique et social le niveau de vie du congolais était encore appréciable qu’à ce jour, les dirigeant politiques de l’époque ne s’étant pas du tout intéressés au détournement de biens publics ou à l’enrichissement sans cause. Ils étaient au pouvoir plus pour servir et non pour s’enrichir.

 

32 ans de dictature

 

Après avoir affaibli le pouvoir de Kasavubu et assassiné Lumumba, les services occidentaux vont recruter Joseph Mobutu et le façonner pour qu’il prenne le pouvoir par la force. En 1991, Joseph Mobutu va neutraliser le gouvernement et réussir à mettre en place un collège des Commissaires Généraux pour conduire les affaires de l’Etat.

Le 24 novembre 1965, ce colonel de l’armée nationale va évincer le président Joseph Kasavubu du pouvoir par un coup d’Etat militaire.

Et s’était parti pour un régime qui a pris en otage le pays pendant 32 ans.

Sous prétexte de mettre fin au chaos politique, Mobutu va restreindre les libertés politiques, instituer un parti Etat (le MPR) et installer un régime de terreur.

Le long de son règne, les opposants avaient leur place en prison ou dans des tombes.

Ayant confisqué tout le pouvoir entre ses mains, Mobutu travaillait avec ses hommes de mains recrutés parmi ses compagnons de la révolution, ses amis et bien entendu ses frères de tribu.

Ces sont ces hommes et femmes qui avaient le pouvoir sur toutes les richesses de la RDC qu’ils pouvaient utiliser à leurs guises.

Ils se sont copieusement enrichis laissant la population croupir dans sa misère.

Profitant de la guerre froide, Mobutu va s’imposer comme incontournable en Afrique centrale s’agissant de la protection des intérêts des occidentaux. Ce qui va amener l’occident à fermer les yeux sur toutes ses bavures politiques au nom des intérêts qu’il était sensé protéger.

Des élections mascarades et au candidat unique (le président du MPR) seront organisées pour la consommation extérieure.

La fin de la guerre froide en 1989 et la maladie qui le terrassait vont rendre Mobutu moins important pour les occidentaux. Il fallait lui trouver un successeur.

L’ouverture au pluralisme politique lui imposée, la Conférence Nationale Souveraine, la rupture des coopérations bilatérales étaient des moyens pour affaiblir ce « vieux léopard. »

Finalement c’est par la guerre lui menée par la rébellion de l’AFDL que Mobutu sera, malgré lui, contraint de quitter le pouvoir pour prendre le chemin de l’exil.

Au delà de son pouvoir dictatorial, ce Chef de l’Etat avait eu le mérite de tenter la formation d’une conscience nationale. Les Zaïrois de l’époque circulaient librement et pouvaient s’établir au lieu de leur choix sur l’ensemble du territoire national.

Mobutu avait l’effectivité du contrôle sur l’ensemble du territoire nationale et avait su imposer le silence des armes pendant la grande partie de son règne au point qu’il y a toute une génération de congolais qui n’ont connu la guerre qu’à l’avènement de l’AFDL.

 

13 ans de confusion politique

De 1997 à 2010, la RDC aura vécu aussi une période tumultueuse. Des bras invisibles occidentaux à la recherche du renouvellement des dirigeants africains avaient décidé de mettre un terme au régime Mobutu. La révolte de banyamulenge dans le Nord Kivu sera utilisée comme prétexte et mise à contribution pour venir à bout de son pouvoir en RDC.

Deux pays voisins du Congo, le Rwanda et l’Ouganda, vont jouer un rôle crucial dans la chute de ce dictateur.

Pour donner la coloration congolaise à ce complot international, un fils du Congo devrait coiffer l’affaire. C’est dans cette logique que l’ancien Président Tanzanien Julius Nyerere va se souvenir de Laurent Désiré Kabila qu’il présentera au président ougandais Yoweri Kaguta Museveni qui, à son tour, le montrera à son homologue rwandais Paul Kagame avant que ne lui soit confié un rôle dans la nouvelle rébellion.

C’est de cette façon que Laurent Désiré s’est retrouvé dans les hautes sphères politiques de l’AFDL.

Grâce aux appuis des troupes rwandaises et ougandaises, Laurent Désiré Kabila sera porté au pouvoir à Kinshasa après seulement sept mois de campagne.

Le tombeur de Mobutu n’avait pas hésité à geler les activités des partis politiques juste après son accession au pouvoir en mai 1997. Seule l’AFDL été autorisée à exercer la politique.

Le calendrier de mise en place des institutions qui devait aboutir à l’organisation d’élections n’était pas observé.

Les opposants étaient relégués ou arrêtés.

 

Les « vieux lion » avait durci le ton et géré le pays par des décrets lois qu’il concevait et publier lui-même.

Nationaliste jusqu’au bout,  le Mzee n’avait pas tarder à plonger le pays dans un isolement diplomatique international.

Toutes les aides attendues de l’occident ne tombaient plus dans les assiettes du gouvernement congolais.

Cela n’avait pas empêché à Kabila père à battre sa propre monnaie, le franc congolais, et à payer quand même ses militaires.

N’ayant pas respecté ses « engagements » avec ceux qui avaient soutenu sa  campagne de la conquête du Congo, Kabila père va faire face à des contradictions au sommet de l’AFDL.

Après seulement un an de règne, l’AFDL va s’éclater.  La dissidence, le RCD donc, va commencer une nouvelle rébellion en août 1998 avec l’appui de mêmes alliés : l’Ouganda et le Rwanda. 

Il fallait faire partir Laurent Désiré Kabila du pouvoir par les armes.

Après le constat de l’enlisement de la situation sur terrain, les commanditaires de cette nouvelle rébellion vont financer le processus de paix qui a abouti à l’organisation du Dialogue inter congolais de l’Afrique du Sud en 2002-2003, en commençant par la signature des accords de Lusaka en 1999.

LD Kabila va s’ériger en obstacle à  ce processus soutenu  par la communauté internationale.

Le Mzee sera assassiné dans son palais à Kinshasa en janvier 2001 dans des conditions qui restent encore à élucider.

Ce qui va permettre à son fils Joseph Kabila de le succéder sur le trône par la simple volonté de quelques barons du régime de son père.

Plus ouvert que son défunt père, le fils va, petit à petit, sortir le Congo de l’isolement diplomatique et faciliter la mise en œuvre du processus de paix conformément aux accords de Lusaka.

 

Le Dialogue inter congolais tenu en Afrique du Sud en 2002-2003 va consacrer la réunification du Congo  et la mise en place des institutions de transition devant déboucher à l’organisation des élections générales.

Lors de ces assises, Joseph Kabila  sera reconduit dans ses fonctions de Président de la République par les participants à ce forum.

En 2006, il sera le premier Président de la République élu de la troisième République.

Pendant ces 13 ans de règnent des Kabila (père comme fils), le Congo est passé au bord de son éclatement. La population notamment de l’Est s’est familiarisée avec l’insécurité et les guerres. Des groupes armés étrangers comme nationaux ont fait leur loi dans certaines contrées de la RDC. Le pillage des ressources naturelles de la RDC était à l’ordre du jour.

Utilisant le prétexte de la guerre, les politiques congolais se sont peu soucier du social.

L’économie en a subi le fouet. Le déséquilibre dans la répartition du revenu national a persisté avec la part belle réservée à la classe politique.

Contraste, les politiques ont continué à s’enrichir sur le dos des populations paupérisées.

La corruption, l’impunité, les injustices, la répression, la restriction de certaines libertés fondamentales, bref toutes les tares décriées sous le règne Mobutu ont demeuré. Cependant, le pays a gagné un plus s’agissant de l’organisation des élections par exemple.

Une certaine dose de démocratie s’est installée en RDC. Comparativement à l’époque de Mobutu une certaine liberté d’expression est garantie. Le Mze avait su remettre les congolais en confiance et les retourner au travail.

 

La légitimité extérieure

Au regard de ce qui précède, l’on peut déduire que le peuple congolais  n’a jamais  eu la chance de faire un choix judicieux de ses chefs d’Etat. Tous ceux qui ont eu à diriger le Congo ont été choisi et imposer de l’extérieur. Cette légitimité extérieure les prédispose à satisfaire, en premier lieu, aux intérêts de leurs appuis externes faisant des intérêts du peuple le dernier de leurs soucis. Forts des supports des soutiens leur accordé de l’extérieur, ces dirigeants vont même jusqu’à narguer le peuple congolais qu’ils savent ne rien pouvoir contre leurs règnes.

Dans leurs choix des dirigeants congolais, les commanditaires extérieurs ont donné l’impression de porter leur dévolu sur des personnalités peu enclin aux réalités de ce grand pays, des gens sans bagages intellectuels suffisant, des porteurs d’armes et sans réelle connaissance des enjeux géostratégiques du monde.

L’élite intellectuelle congolaise semble avoir été mis à l’écart. Les faiseurs des rois congolais ne recourent pas aux mains expertes dans divers domaines de la vie.

C’est à croire, qu’une certaine volonté internationale voudrait que ce pays ne soit dirigé que par des hommes non éprouvés et inexpérimentés.

Moins outillés au départ, les dirigeants congolais apprennent les normes de gestion de la chose publique en étant au sommet du pouvoir. Ils arrivent au pouvoir sans programme social et gère sans canevas.

 

Imposer la volonté du peuple.

Ce que le Congo a vécu pendant ces 50 ans est, à notre avis, une conséquence du manque d’organisation politique du peuple congolais. L’opposition et la société civile devraient se partager la responsabilité de cette triste situation. L’encadrement politique des masses, l’éveil de conscience, la formation d’une conscience et d’une opinion nationale font cruellement défaut en RDC. Les fameux commanditaires extérieurs ont de la peine à connaître ce que pense le peuple congolais, ses aspirations n’étant pas canalisées.

Au lieu de faire le contre poids du pouvoir, les opposants font de l’opposition juste pour se faire remarquer par le pouvoir puisque lorgnant des fonctions politiques.

La société civile est tout simplement aliénée, acquise ou achetée par le pouvoir.

Maintenant que le pays s’est engagé sur la voie de la désignation de ses dirigeants par des élections libres, il est temps que le peuple prenne ses responsabilités en mains. Qu’il apprenne à faire un choix judicieux de ses dirigeants, à les juger à l’œuvre et à être exigeant à leur égard s’agissant des projets pouvant assurer son mieux être. Les élections libres et transparentes ne suffisent pas à elles seules  pour assurer le développement du Congo.

La qualité des hommes qui dirigent, leur volonté politique et la qualité des institutions jouent sensiblement dans la procuration du mieux être au peuple. Cela a été prouvé de par le monde.

Les dirigeants doivent savoir faire une bonne définition d’objectifs à atteindre et être capables d’une bonne hiérarchisation des besoins.

L’indépendance signifie d’abord un certain degré d’autonomie.

Le Congo est encore dépendant dans plusieurs domaines. Même la nourriture nous vient de l’étranger dans une proportion considérable.

Si la survie de l’Occident passe par une recolonisation de l’Afrique et la mainmise sur ses ressources naturelles vitales, cela se fera sans état d’âme. Le salut du Congo ne viendra donc pas de l’Occident. Il faut que le peuple prenne conscience de se prendre en charge et se remette au travail.  

Joska Kaninda

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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