En RDC, la politique n'est pas seulement l'art de bien gérer la cité. C'est aussi, et surtout, la voie pour une enrichissement facile et rapide. Nombreux compatriotes congolais embrassent le métier de politique pas forcément par souci de se mettre au service de la communauté. Leur premier souci c'est l'amélioration de leurs propres conditions de vie dans ce pays où la politique est la seule profession qui paie bien son homme, à condition bien entendu d'être aux affaires.
L'attitude de répulsion qu'affichent certains bonzes du PPRD à l'endroit d'autres politiciens membres d'autres formations politiques faisant partie de l'AMP est révélatrice de cet état de chose.
Au conclave de Kisangani, les PPRDiens ont donné l'impression de vouloir faire cavalier seul aux prochaines élections de 2011. Ils ne veulent plus des coalitions et tiennent à gagner ces élections sans l'apport des autres. Leur souci c'est de faire réélire Joseph Kabila au premier tour des prochaines élections présidentielles et s'assurer une majorité parlementaire en vue d'avoir le contrôle de toutes les institutions de la RDC. Plus question de partager des postes juteux avec d'autres partis politiques comme c'est le cas avec ce mandat qui s'achève. Les durs du PPRD veulent être seuls aux commandes des affaires en RDC afin de pouvoir bien se servir.
Les anciens AFDL et les PPRD n'ont jamais digéré que des formations politiques comme l'UDEMO de Zanga Mobutu et le PALU de Antoine Gizenga par exemple se soient tapé la part belle en occupant des fonctions importantes lors de ce mandat alors qu'elles ne représentent pas grand chose en terme de poids politique. C'est l'alliance qui est à la base de cette situation.
En réalité, les caciques du PPRD ne veulent plus du chômage dans lequel les alliances de l'AMP les ont plongé. Ces alliances ont liées Joseph Kabila au point qu'il hésite de nommer les gros bonnets du PPRD à des postes juteux. Les pprdiens tiennent à être aux affaires, à travailler, à s'enrichir comme les autres.
Pour faciliter la tache, il y en a qui envisage l'organisation des élections présidentielles en suivant le modèle du Gabon. C'est à dire déclarer vainqueur celui qui va se trouver en tête de liste en un tour quelque soit le score qu'il aura réalisé. Le Parlement pourrait ainsi être manipulé lors de l'élaboration de la prochaine loi électorale. Ainsi donc, il suffira que Joseph Kabila se classe en tête de liste même avec 20 pourcent pour qu'il soit vainqueur. Et pour y arriver, il suffira de multiplier le nombre des candidats à la présidence dans les différentes provinces de la RDC. De sorte que seul contre tous, Joseph Kabila ait plus des chances de se classer en tête.
Entreprise périlleuse
Cette entreprise du PPRD semble périlleuse à plusieurs points de vues. Les élections en Afrique comme en RDC sont avant tout une affaire d'individus, de tribus et des communautés. L'on ne vote pas un parti politique ou son programme. Les électeurs votent pour des hommes qu'ils connaissent avec préférence pour les ressortissants de leurs tribus, territoires ou provinces et membres de leurs communautés.
Ceci ne peut aucunement permettre à un parti politique de gagner seul les élections présidentielles et au premier tour où à s'assurer la majorité parlementaire sans alliance. De manière générale, les principaux fiefs des différents partis politiques de la RDC se confondent avec les milieux d'origines de leurs principaux leaders. C'est fait sociologique à ne pas négliger. Sans appui politiques des leaders d'autres provinces, le PPRD aura du mal à s'en sortir seul lors des prochaines élections surtout que les promesses faites lors de la dernière campagne tardent à se réaliser.
Craignant de se faire avaler par des caciques du PPRD, même les leaders politiques ayant un penchant pour Joseph Kabila préfèrent le soutenir tout en oeuvrant au sein de leurs propres partis politiques. Une manière pour eux de s'assurer de participer au partage du gâteau.
Bien plus, dans les provinces du Sud Kivu, du Maniema et du Nord Kivu, des voix s'élèvent pour déplorer la prise en otage de Joseph Kabila par un lobby katangais alors que c'est le sang des fils du grand Kivu qui a été versé pour porter Mze Kabila au pouvoir en 2007 à la tête de l'AFDL. Se sont les fils du Kivu qui s'étaient fait enrôlés dans l'armée de Mzee pour faire la révolution contre Mobutu.
L'on ne comprend pas ici que ce pouvoir qui devrait être du Kivu devient un pouvoir Katangais.
La grogne social, l'insécurité à l'Est de la RDC, la mauvaise gouvernance sont autant des faiblesses qui ne permettent pas au PPRD de s'aventurer sur cette voie.
Plusieurs candidats aux prochaines élections présidentielles pourraient même être l'occasion d'alterner le pouvoir.
Merveille Mbuyi
mise en ligne le dimanche 07 novembre 2010
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