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Electioons 2011, de l'électricité dans l'air en RDC

L’année 2011, la RDC va, en principe,  vivre sa deuxième expérience d’élections libres et transparentes après celles tenues en 2006 et qui avaient porté au pouvoir le président Joseph Kabila.

Ces scrutins qui vont se dérouler après la commémoration du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Congo s’annoncent rudes.

Des Etats major des partis politiques donnent déjà le mot d’ordre d’enrôlement massif de leurs partisans et sympathisants.

Même l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, le grand absent de 2006, sera aussi de la partie.

A partir de la Belgique, son leader Etienne Tshisekedi a invité ses combattants à s’enrôler massivement et à postuler à tous les niveaux.

Des incompréhensions et frustration au sein de l’Alliance pour la Majorité présidentielle, la grogne sociale, l’insécurité à l’Est et la lente réalisation des cinq chantiers de la Républiques ne sont pas de nature à conforter le pouvoir en place lors des prochaines échéances électorales.

La lutte sera donc plus acharnée qu’elle ne l’a été lors du dernier scrutin de 2006.

Dans une déclaration politique faite samedi 19 septembre à Kinshasa, l’«Alliance pour le renouveau au Congo» (ARC), que dirige l’actuel ministre du Plan Olivier Kamitatu Etsu, tirait la sonnette d’alarme. Cette formation politique exhortait Joseph Kabila à procéder à la restructuration de ce cartel en faisant appel à des hommes et femmes capables «d’apporter le changement qu’attendent les Congolais à deux ans des prochaines échéances électorales».

Le parti de Kamitatu demandait non seulement une «restructuration» de l’AMP mais surtout «la nomination de nouveaux dirigeants» pour booster cette plate-forme politique. L’ARC avait dit sa volonté de « privilégier» également «l’intérêt supérieur de la nation et l’efficacité au détriment des alliances conjoncturelles

 

Pas de consigne de vote

 

Tout porte à croire que des querelles et frustrations au sein de l’AMP risquent de pousser de nombreux leaders politiques de s’abstenir de donner des consignes de vote à leurs bases respectives comme ce fut le cas en 2006 où plusieurs avaient ordonné le vote en faveur de Joseph Kabila.

Déjà, lors d’un meeting tenu à Beni au mois de septembre 2009, Antipas Mbusa Nyamwisi avait aussi prié la population à s’enrôler massivement en prévisions des prochaines échéances électorale. Ce leader historique du RCD/K-ML s’était néanmoins réservé de donner une consigne de vote à sa base contrairement à l’année 2006, où il avait convié les habitants du Nord Kivu à voter pour le candidat Joseph Kabila.

Mbusa Nyamwisi avait plutôt demandé à ses partisans de voter en âme et conscience et de ne donner leurs voix qu’au candidat qu’ils vont juger à même de satisfaire à leurs aspirations. Etait-ce par stratégie ou par déception ?

Le limogeage de Vital Kamerhe de la présidence du parlement au mois de mai 2009 n’avait pas contenté une certaine opinion de la province du Sud Kivu d’où est originaire ce député national.

Vital Kamerhe est de ceux qui avaient joué un rôle prépondérant dans la campagne présidentielle de 2006 en faveur de Joseph Kabila. Il avait présenté Joseph Kabila, notamment aux ressortissants du Sud Kivu, comme l’homme qu’il fallait pour la RDC.

Il n’est pas exclu que, puisque frustré et humilié, il puisse s’abstenir aussi de donner un ordre de vote en 2011 à sa base.

Ce qui aura pour effet de réduire le nombre des voix favorables à Joseph Kabila dans cette province où l’actuel président congolais avait enregistré l’un de ses meilleurs scores.

 

Le gonflement du fichier électoral à Kinshasa et dans les Kasaï.

Lors de dernières élections, le taux le plus élevé d’enrôlement était enregistré à’Est du Congo.

C’était, en partie, dû au mot d’ordre de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi qui avait invité ses combattants à ne pas prendre part à ces élections.

Le taux d’enrôlement était donc faible à Kinshasa et dans le deux Kasaï ainsi que dans les provinces comme le Bandundu et le Bas-Congo.

Les invitations à l’enrôlement massif lancées maintenant aux populations par les différents leaders politiques auront pour effet d’augmenter le taux d’enrôlement dans les provinces précitées. Ce qui ne manquera pas d’influencer les données électorales en 2011.

 

La ré visitation de la carte électorale

 

En 2006, les provinces de l’Est de la  RDC avaient joué le rôle le plus déterminant s’agissant des élections.

Cela, à cause du taux le plus élevé enregistré lors de l’enrôlement au Katanga, dans la province orientale et dans les provinces Nord et le Sud Kivu.

Ces provinces, à elles seules, représentaient près de 50 pourcent du suffrage. C’était aussi le bastion du Kabilisme. Ce qui a faciliter son élection.

En 2011 les choses pourraient se présenter autrement.

Avec le gonflement possible du ficher électoral dans les deux Kasaï, dans la ville de Kinshasa, les provinces de Bandundu, de l’Equateur et du Bas Congo, il n’est plus certains que l’Est pèse du même poids qu’il avait lors d’élections précédentes.

Le manque éventuel de consigne de vote dans les deux Kivu ne manquera pas de rogner sur les chances de l’actuel président de la République.

Ceci étant entendu que la popularité du Président Joseph Kabila dans les deux Kasaï, le Bandundu, le Bas Congo, l’Equateur et la ville de Kinshasa a toujours été mitigée.

Il faut aussi craindre qu’avec l’affaire Muzito, le Palu ne face volte face et réveille le clivage Est-Ouest.

 

La part de l’insécurité

 

L’insécurité qui sévit encore à l’Est du Congo risque, si elle n’est pas contenue, de jouer sur le corps électoral. Elle peut influer sur le taux de participation et même celui d’enrôlement.

Les poches de résistance des groupes armés tant nationaux qu’étrangers peuvent éventuellement être utilisées par d’opportunistes pour la contestation des résultats des élections.

Il suffit qu’un lien soit établit entre quelques organisations politiques et des groupes armés pour que des affrontements armés soient utilisés comme moyen de revendication d’une victoire supposée volée.

L’expérience des dix dernières années a démontrée aux populations de l’Est comment, par les armes, l’on peut accéder au pouvoir en RDC.

 

Vu ce qui précède,  tout devrait être mis en œuvre pour avoir des élections apaisées en 2011.

Le régime Kabila a donc du pain sur la planche. Il devra maîtriser l’insécurité de l’Est, apaiser la grogne sociale et réaliser les promesses de cinq chantiers faites au peuple lors de la dernière campagne. Tache certes difficile mais pas impossible.

Il y a donc de l’électricité en l’air.

Tous les ingrédients d’éventuelle confusion  sont réunis.

Il est impérieux que les politiciens congolais et la communauté internationale s’emploient dès à présents à minimiser tous les risques de dérapages électoral en 2011en veillant au grain pour éviter au pays des dérapages inutiles.

 

Quelle alternative pour Joseph Kabila ?

 

Une analyse froide de la situation politique prévalant sur le terrain en RDC donne tout de même un certain avantage à Joseph Kabila. L’actuel président de la République Démocratique du Congo donne l’impression d’être le seul maître à bord de la navire politique.

Avec une opposition laminée Kabila fils n’a pas, en face de lui des concurrents de taille.

Jean Pierre Bemba Gombo, son principal challenger aux dernières élections, est placé dans l’impossibilité à concourir aux prochains suffrages à cause de ses démêlées avec la Cour Pénale Internationale.

Rien ne rassure quant à la possibilité de voir Etienne Tshisekedi s’inscrire dans la prochaine course électorale. Des nouvelles sur son état de santé et le poids de son âge ne sont pas du tout roses.

Les principaux partis politiques de l’opposition comme l’UDPS, le MLC et le RCD Goma accusent des crises internes qui ne peuvent favoriser leur organisation. Ils sont soit fissurés, soit au bord de la fissure.

L’opposition risque donc d’aller à ses élections en ordre dispersé.

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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