28/05/2010 à 16h:00 Par La rédaction web de Jeune Afrique
Paul Kagame, président du Rwanda, prononce un discours, le 7 avril 2010 à Kigali. © AFP.
Le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines - le Monsieur Afrique de Barack Obama - a condamné en des propos assez peu diplomatiques la gouvernance démocratique du Rwanda.
« Qui peut se permettre de nous donner des leçons de démocratie ? », s'interrogeait il y a peu le président rwandais
Paul Kagamé dans une interview à Jeune Afrique. Il semblerait que la réponse soit désormais connue. Car c’est un sérieux désaveu que le secrétaire d'état adjoint aux Affaires africaines, Johnnie Carson
, vient d’adresser à Kigali en quelques phrases assassines. Celles-ci ont été prononcés mardi 25 mai devant une commission parlementaire à Washington, puis reproduites sur le site internet du département d'Etat. Petit florilège.
« L'environnement politique à l'approche de l'élection [présidentielle du 9 août, NDLR] a été entaché d'une série d'actions inquiétantes prises par le gouvernement du Rwanda, qui constituent des tentatives de restreindre la liberté d'expression », dit Carson.
« En quelques mois, le gouvernement
a suspendu deux journaux, annulé le permis de travail et refusé le visa à une chercheuse de Human Rights Watch, et arrêté (puis libéré conditionnellement) la dirigeante de l'opposition Victoire Ingabire
», a dénoncé le diplomate. « En dépit de plusieurs tentatives, deux partis politiques - le Parti vert et les FDU [Forces démocratiques unifiées, de Mme Ingabire, NDLR] - n'ont toujours pas réussi à se faire enregistrer », poursuit Carson, qui fait également état de « dissensions » au sein du parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR) du président Kagame.
Garantir des élections libres
« Nous avons fait part de nos inquiétudes sur ces développements au gouvernement rwandais, en exhortant ses hauts dirigeants à respecter les libertés d'expression, de presse, d'association et de rassemblement », ajoute encore Carson. « De manière particulière, nous avons pressé les dirigeants de permettre aux organisations internationales et locales et aux médias d'opérer et faire leurs rapports librement ».
Washington a « également demandé aux dirigeants de traiter Victoire Ingabire conformément au droit international et de lui garantir un procès rapide, équitable et transparent ». « Nous avons appelé le gouvernement et tous les partenaires régionaux et internationaux à travailler ensemble pour garantir des élections libres, équitables et transparentes que mérite le Rwanda », rapporte-t-il - en sous-entendant au passage qu’elles pourraient ne pas l’être.
« Nous convenons, dans le contexte de l'événement le plus tragique de l'Histoire récente -le génocide- que le besoin de sécurité, de stabilité et de réconciliation est crucial. Mais la stabilité à long terme sera mieux promue par une gouvernance démocratique et le respect des droits humains », a-t-il enfin martelé. (avec AFP)
RFI