Joseph Kabila-Mbusa Nyamwisi : le bilan d’une alliance

  Antipas Mbusa Nyamwis était le premier rebelle à faire alliance avec l’ex composante gouvernement de Kinshasa de l’époque. En 2002, alors que toutes les autres rébellions ne voulaient pas d’un rapprochement avec le gouvernement de Joseph Kabila, le RCD/Kisangani avait jeté un pont aérien entre Beni et Kinshasa. Des délégations quittaient la capitale congolaise pour l’Est de la RDC et vice versa. Ce qui avait valu des sérieux problèmes à la rébellion de Mbusa Nyamwisi.  Le RCD-Goma, le MLC de Jean Pierre Bemba et l’UPC de Thomas Lubanga voulaient même en finir avec le RDC/K-ML. Des attaques ont été dirigées contre  ce mouvement politico militaire pour l’effacer de la carte des rébellions congolaises (les opérations du RCD-Goma à Kanyabayonga, l’opération « effacez le tableau » menée par le MLC dans la région de Mambasa et des nombreuses attaques de l’UPC autour de Komanda et Oicha). Malgré tout, Mbusa et son RCD/K-ML avaient tenu bon jusqu’à la mise en place des structures de la transition en 2004.  En agissant ainsi, l’homme fort de Beni de l’époque pensait hâter le processus de la réunification du pays et, de ce fait, œuvrer pour la pacification de la RDC.
Quel bilan dresser de cette alliance Mbusa-Kabila ?
 Les avis sont partagés. Si les uns la trouvent positive, les autres la jugent mitigée. Positive parce que cela a permis à Mbusa Nyamwisi de demeurer au sein du gouvernement congolais depuis la  période de transition jusqu’à ce jour. Pendant  huit ans Joseph Kabila a gardé Mbusa Nyamwisi comme ministre en dépit des multiples remaniements. Quelques membres du RCD/K-ML ont été nommés dans certaines institutions du pays : Ministres, Vice-ministres, ADG, ADGA, Administrateurs, Gouverneurs, Vice gouverneurs, Administrateurs d’entreprises, Ambassadeurs … A ceci, il faut ajouter de nombreux autres élevés en grade dans l’armée nationale et dans l’administration publique.
Les partisans du non estiment que Mbusa Nyamwisi n’a jamais été traité comme il se devait dans son alliance avec Joseph Kabila. Déjà, à Sun City,le RCD/K-ML était réduit au rang de simple entité. Kinshasa n’avait rien fait pour l’aider à devenir une composante et ainsi bénéficier des avantages liés à ce statut. Pendant la transition, Mbusa Nyamwisi s’est contenté du poste du Ministre en charge de la coopération régionale et de deux postes de vice-Ministres accordés aux membres du RCD/K-ML.
Elevé au rang de Ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères après les élections de 2006, l’autorité morale du RCD/K-ML a perdu la qualité du Ministre d’Etat et s’est vu confier le poste de Ministre de la Décentralisation. Les membres du RCD/K-ML qui étaient mandataires dans des entreprises ont soit été révoqués, soit nommés à des postes peu juteux. Les Vice-ministres RCD/K-ML limogés ont été remplacés par des hommes venants d’autres formations politiques. Certains cadres du RCD/K-ML ont été débauchés et dressés contre leur leader Mbusa Nyamwisi.
Pire encore, le Chef de l’Etat congolais donne l’impression de vouloir relever le leadership politique de Mbusa Nyamwisi dans la province du Nord Kivu. Il y a une sorte de distance psychologique entre ces deux hommes d’Etat depuis un certain temps. A plusieurs reprises, le président Joseph Kabila effectue des déplacements à Beni et Butembo (considérés comme fief politique du RCD/K-ML) sans se faire accompagner de Mbusa Nyamwisi. Certains partisans du RCD/K-ML trouvent cela ingrat au regard des sacrifices consentis par leur parti politique pour asseoir le pouvoir Kabila dans cette partie du pays. Ils vont jusu’à affirmer que certains hommes dans l’entourage du président Kabila ne veulent pas de Mbusa Nyamwisi et auraient même proposé qu’au prochain remaniement ministériel, cet autorité morale du RCD/K-ML soit écarté du gouvernement. Pourquoi ce froid entre Joseph Kabila et Mbusa Nyamwisi, deux hommes qui se vouaient une grande amitié ? Il doit y avoir eu des erreurs de part et d'autre. Nos analyses dans les prochaines heures.

Le Millénaire

Mise en ligne le mercredi 13 octobre 2010

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