Il y a 10 ans, Joseph Kabila était un inconnu dans le microcosme politique de la R.D.C. A son avènement à la tête de la République en 2001, l’homme n’a pas une doctrine ni une idéologie propre. Il assure tout simplement la continuité, encadré par les faucons de l’AFDL dont il est l’héritier. A l’époque, un seul message était véhiculé: le pays est agressé, le pays est agressé (nonobstant la politique d’ouverture qu’avait adoptée Kinshasa et qui était applaudie, à son temps, par beaucoup d’opérateurs politiques et du pays et du monde).
Cette dénonciation de l’agression a été au finish une identité. Et Kinshasa s’en est longtemps servi pour plaire à l’opinion tant nationale qu’internationale et justifier ainsi les insuffisances de sa gestion. Il apparaissait normal d’utiliser les ex-FAR contre les forces qui combattaient Kinshasa au temps de la guerre. Ces ex-Far espéraient reconquérir Kigali avec l’appui de Kinshasa.
La guerre ayant fini sans perdant ni gagnant, les deux parties (rébellion et gouvernement) avaient convenu, sous l’impulsion de la communauté internationale, de dialoguer et de conduire ensemble la Transition en 2003 vers les élections en 2006. Et, en principe, dès ce moment là, le discours haineux d’anti-rwandais devenait démodé. Mais hélas, les caciques du régime ont continué avec, faute d’autre discours dans leur camp.
Il sied de souligner qu’à l’approche des élections de 2006, Joseph Kabila fut poussé par ses maîtres à penser de créer son parti, le PPRD pour asseoir son identité propre.
Créé pour la circonstance, ce parti ne va convaincre personne au départ par manque de discours. Le seul argument qu’il y avait, était le fait d’être le parti du Chef de l’Etat.
Quand la direction du parti sera confiée à Vital Kamerhe , ce dernier ayant passé son temps dans le populisme en quête de l’électorat en faveur de son mentor, va s’évertué à légitimer ce fameux discours populiste d’anti-rwandisme. Ce message a beaucoup servi de base de propagande à Joseph Kabila. C’était le véritable fondement idéologique de KABILA avec son Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD).
Fort malheureusement pour ce pouvoir de Kinshasa, la dynamique qui se dégageait dans la Région après le Dialogue Inter-Congolais et l’Accord Global Inclusif, commandait aux Etats de la Zone, de privilégier la Coopération Régionale, socle de la remise en confiance, de la Paix, la Sécurité et le Développement de l’Espace susmentionné. Et donc, tout acteur politique sérieux devait adapter sa stratégie à cette donne pour ne pas dire, que tous les populistes de l’anti-rwandisme devraient repenser leur discours.
C’est pourquoi le revirement à 180 degré de Kabila, a fait boule de neige, lorsque clandestinement, il a négocié avec Kagame, que son régime présentait jadis, à longueur des journées comme un diable, responsable de tous les malheurs de la RDC. Hélas, il a été pris dans son propre piège, et malheureusement il a tout donné au Rwanda. Et maintenant ce discours d’anti-rwandisme s’est butté contre le mur (en panne). A l’heure qu’il est, les deux Kivu sont inféodés au Rwanda.
Et alors qui a trompé qui ? Les Saintes Ecritures disent : « l’homme qui a bâti une maison sur la terre, sans fondement, une fois que le torrent s’est jeté contre elle, aussitôt elle est tombée, et la ruine aura été grande »
C’est ce qui semble transparaître présentement dans le camp de Kabila qui, en panne du discours et les masques tombés, tente de ménager en vain sa communication, croyant que le peuple est encore dupe. Et si le ridicule pouvait tuer!
C’est dans ce contexte qu’il faut placer le discours de Kabila à Butembo. Pour bien cerner la portée de ses propos, il est utile de savoir que le Chef de l’Etat, Joseph Kabila venait de Kigali. Il a effectué sa visite d’itinérance au Nord/Kivu, province dans laquelle les forces issues du CNDP commettent des crimes et délits, des éléments Fardc sont auteurs des beaucoup des tueries, des viols, des violations de droit de l’homme. Ces hommes armés se déguisent tantôt en ADF/NALU tantôt en coupeurs de route avec comme prétexte d’être dans la Zone Opérationnelle. A eux s’ajoutent des forces négatives étrangères et locales ayant investies certaines entités de cette Province.
Dommage que le Président de la République, au lieu d’avouer son échec, s’évertue à CULPABILISER LES VICTIMES. Du coup, ce n’est plus le discours d’agression mais plutôt l’ALIBI sécuritaire qui est vite trouvé : « L’INSECURITE est l’œuvre des autochtones ». La question que l’on peut se poser est celle de savoir si l’on peut se tuer soi-même ou se violer soi-même. Répondant aux préoccupations des bubolais ( habitants de Butembo) présentées par la FEC(Fédération des Entreprises du Congo) et le collectif des femmes du milieu, le Chef de l’Etat congolais les a résumé à trois : l’insécurité, la fiscalité et les promesses électorales de 2006. Sur ces trois sujets, Joseph Kabila n’a fait que culpabiliser les victimes à tel enseigne que Butembo ne se reconnaît plus en son élu champion de 2006.
C’est dans cet ordre d’idée que GUY DE BOECK, dans les colonnes de l’ACP du 15/09/2010, écrit : « Outre le fait que le discours de Joseph Kabila représente une véritable gifle pour les gens qui sont les victimes des violences et des pillages dont on leur attribue la responsabilité, il se distingue par une description de la réalité vue à travers un prisme tellement déformant qu’on y voit plus clair ».
C’est bien bon de stigmatiser la raffinerie d’or de l’Ouganda. Mais il y a des installations rwandaises notamment une bourse aux matières premières ; qui méritaient d’être pareillement épinglées. Nulle part, Joseph Kabila n’a fait allusion aux FDLR, encore moins à la haute trahison des FARDC dans cette zone (à Kisima sur la route Kasindi – Beni par exemple).
Pire encore, il est allé jusqu’à affirmer que les ADF/NALU sont composées à 40 pour cent des Nandes. Des chiffres qu’aucun analyste de terrain ne peut soutenir à moins d’être de mauvaise foi.
Cette stratégie est connue, et ne peut servir que, quelqu’un mal intentionné. Cette stigmatisation de la communauté Nande est de mauvais augures. Plusieurs ressortissants nande s’interrogent sur l’absence de Mbusa Nyamwisi dans les différentes tournées de Kabila au Nord/Kivu et se demandent si ces deux personnalités politiques cheminent encore ensemble. Les Nandes semblent avoir compris l’attitude de Joseph Kabila vis-à-vis de leur leader. Et quand le Chef de l’Etat a dit que les Nandes doivent se sécuriser eux-mêmes, la population a pris acte de sa démission tacite. Voilà comment Kabila a organisé le retour de la manivelle à une population qui avait aveuglement cru en lui sur la consigne de vote donnée par Mbusa Nyamwisi en 2006. Est-ce, de cette manière que Kabila a organisé sa reconquête de l’Est ? Ce qui justifie le ras-le-bol de la société Civile exprimé sur une banderole qu’elle attendait brandir, et sur laquelle l’on pouvait lire : Reprenez vos 5 chantiers et donnez-nous la sécurité en échange.
Sur un autre registre concernant la fraude, certains commerçants voudraient savoir si Joseph Kabila connait la société DIGI-OIL ? Sait-il, pour qui elle appartient ? Elle, qui organise la fraude au nom du soutien aux 5 chantiers en prenant ce que l’Etat aurait du gagner.
La lutte pour la présidentielle s’annonce donc âpre.
Malambia kyavitondo
mise en ligne le dimanche 26 septembre 2010
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