Antipas Mbusa Nyamwisi a finalement rompu avec le suspens quant à sa position politique. Lors d’une conférence de presse tenue le lundi 12 septembre 2011 à Kinshasa, ce leader du RCD/K-ML a annoncé sa volonté de contribuer pour une alternance politique en RDC. L’ancien Ministre à la décentralisation de la RDC invite les partis politiques et organisations de l’opposition à harmoniser leurs vues pour une alternance crédible en RDC. C’est clair, Mbusa Nyamwisi a rejoint l’opposition.
Il fallait s’y attendre. Le RCD/K-ML, son parti politique, n’a jamais signé son adhésion à la Majorité Présidentielle. Avant l’annonce de sa candidature, Antipas Mbusa Nyamwisi ne vivait plus dans sa résidence officielle de la Gombe. Il avait opté pour une résidence privée dans la commune de Kintambo avant de se rendre en Afrique du Sud. Preuve qu’il n’était plus en bon terme avec le pouvoir. Nul n’ignore qu’il a été, avec d’autres, à la base de la création d’un courant novateur au sein de l’alliance pour la Majorité présidentielle. Pour lui il y a des gens dans des officines informelles qui paralysent l’action du gouvernement congolais.
Celui qui se considère comme pionnier de la réunification a échappé à toutes les tentatives du pouvoir tendant à l’anéantir politiquement.
En vain, le pouvoir Kabila avait multiplié la nomination des ministres Nande, tribu d’origine de Mbusa, débauché les anciens ténors du RCD/K-ML et même rapproché d’anciens militaires ex-RCD/K-ML qui étaient acquis à sa cause.
Des humiliations politiques ? Mbusa en a connu aussi au point d’irriter ses nombreux partisans qui n’attendaient pas que Kabila le traite ainsi. Du tout puissant ministre d’Etat en charge des affaires étrangères, Antipas Mbusa Nyamwisi a été « rétrogradé » jusqu'à occuper le ministère de la décentralisation qui, en fait, est une direction du Ministère des affaires intérieures. Pour preuve, au dernier remaniement ministériel, ce ministère a été supprimé. Plusieurs mandataires RCD/K-ML dans les entreprises publiques ont été limogés. Au gouvernement central, les postes réservés au RCD/K-ML n’étaient plus à l’ordre du jour. Ses nombreux sympathisants n’en étaient pas du tout contents. Ils ne parvenaient pas à s’imaginer que leur leader soit aussi marginalisé par celui pour qui, selon eux, il avait tout donné. Pendant plus d’une année Mbusa était donc dans la majorité sans être de la majorité. S’il était resté au gouvernement jusqu'à la date du dépôt de sa candidature s’était, disent ses proches, par respect aux accords de 2006 à la création de l’Alliance pour la majorité présidentielle
Dans son parcours politique, Mbusa passe pour un imprévisible. Très discret, il surprend souvent par ses prises de décisions et la manière dont il se tire d’affaire. Il donne l’impression de toujours se mettre du bon coté et à temps.
Pendant la rébellion, alors qu’il était Commissaire général du RCD à Goma, il avait su bien s’échapper des griffes des sbires de cette rébellion pour aller créer, avec Wamba dia Wamba, le RCD/Kisangani à Kisangani. Chassé de Kisangani par les troupes rwandaises, Mbusa et ses pairs avaient réussi à convaincre l’Ouganda jusqu'à se faire installer à Bunia avec leur RCD/Kisangani. Insécurisé à Bunia et mal compris par Wamba dia Wamba, Mbusa va se terrer dans son Beni natal. C’est de là qu’il a, par une diplomatie secrète, réussi à se faire passer pour le patron du RCD Kisangani-Mouvement de Libération. Neutralisé par l’Ouganda qui avait imposé Bemba à la tête du Front pour la Libération du Congo (FLC), Mbusa , alors Commissaire Général du FLC, va opter pour le chemin d’exil en Afrique du sud. Dans ce pays de Nelson Mandela, il va multiplier des contacts avec les officiels ougandais pour obtenir, après une rixe entre sa garde rapprochée et les militaires du MLC à Beni, son retour triomphal à la tête du RCD /K-ML. Réhabilité, Mbusa va, contre tous les mouvements rebelles de l’époque, entamera des négociations secrètes avec le gouvernement de Kinshasa. Ce qui avait coûté à son mouvement des représailles notamment de la part du RDC/Goma et du MLC. Ces deux rebellions avaient décidé d’effacer Mbusa et son RCD/K-ML. Alors même que les troupes du MLC étaient aux portes de Beni, quartier général du RCD/K-ML, c’est encore par la diplomatie secrète que Mbusa avait obtenu la cessation des hostilités et donc sauver de justesse son mouvement. Le ministre de la coopération régionale lui confié pendant la transition ne lui avait pas empêché d’œuvrer pour la victoire de Joseph Kabila au nom de la réunification, dit-on dans son entourage proche.
Comme ont peut le constater, Mbusa a souvent rebondit en surface quand on le croit fini. Cela va-t-il lui réussir encore cette fois-ci ?
Ce qui est sûr est qu’en prenant ce courage de poser sa candidature à la présidence, Mbusa se réhabilitait en quelque sorte politiquement auprès de sa base de Beni-Lubero qui ne semble plus être très chaude avec le tenant actuel du pouvoir à Kinshasa. Il refuse de mourir politiquement et de nager à contre courant de sa base. A-t-il encore les ressources politiques nécessaires pour cela ? L’accueil favorable de sa candidature à la présidence témoigne d’un certain soutien qu’il a encore dans sa base de l’Est de la RDC.
Matembele