Monolithisme oblige, l’AMP veut se transformer en parti politique. Une manipulation éhontée des acteurs politiques de la RDC

Créée de toutes pièces à la veille du deuxième tour des élections présidentielles de 2006, l’Alliance pour la Majorité présidentielle ( AMP ) était constituée par des individus et organisations politiques et autres qui tenaient à la victoire de Joseph Kabila. Sans idéologie précise ni projet de société, les membres de l’AMP ne visaient qu’une seule chose : le partage des postes de responsabilités dans les différentes institutions de l’Etat Congolais.  A l’approche des élections de 2011, cette plate forme voudrait se muer en un parti politique. Tous ses membres ne sont pas du même avis. Découvrez ces propos d’un haut cadre de l’AMP qui a requis l’anonymat. C’est l’expression d’une profonde déception. Lisez.

La boulimie du pouvoir pour le pouvoir est assurément en train de gangrener le comportement de l’opérateur politique congolais qui cesse d’être un serviteur du peuple pour devenir une marionnette à la solde de ceux qui détiennent les moyens de l’Etat, mieux les rênes du pouvoir.
Le débat qui se déroule aujourd’hui dans les salons huppés de Kinshasa fait état d’une démarche qui voudrait instituer l’AMP comme un parti politique, au sein duquel on trouverait tous ses membres actuels que sont les partis politiques. Le motif évoqué, entre autres, est que transformée en parti politique, l’AMP reflètera mieux, non seulement le sentiment profond de patriotisme, mais également rendra témoignage de la sincérité des engagements pris avec le Président de la République.
Cette démarche qui suscite autant de points d’interrogation, en ce qu’elle risque de conduire à la  logique de la pensée unique et de l’organisation politique monolithique décriée, a recruté déjà une race des politiciens véreux qui sont à pied d’œuvre, pour saper ceux des chefs des partis qui ne s’aligneront pas sur cette logique.
Il convient de rappeler que la constitution du 18 février 2006 stipule, en son article 6 al.1et 2 que le pluralisme politique est reconnu en RDC et tout congolais jouissant de ses Droits civils et politiques a le droit de créer un parti politique ou de s’affilier à un parti politique de son choix. Et d’ajouter, l’article 7 de la même Constitution dispose que nul ne peut instituer, sous quelque forme que ce soit, de parti unique sur tout ou partie du territoire national. L’Institution d’un parti unique constitue une infraction imprescriptible de haute trahison punie par la loi.
C’est autant dire que la démarche susmentionnée n’aura comme finalité que de mettre à mal la démocratie et de consacrer la violation de la constitution.
A ce propos, il y a lieu de rappeler également que les partis politiques sont l’expression de la démocratie et jouent un rôle important dans la vie politique, en proposant aux électeurs plusieurs choix appelés à s’exprimer librement et que de différentes opinions  puissent s’affronter dans ce que l’on peut appeler un débat politique, en vue de stopper tout élan dictatorial.
De ce point de vue, la forme mosaïque qui caractérise la plate-forme aujourd’hui, tant du point de vue idéologique que doctrinal, doit être perçue comme un atout du fait de la diversité qui fait sa spécificité et de reconnaître que le problème de l’AMP n’est pas lié à la forme, mais plutôt à l’absence de sincérité entre les sociétaires, au manque de communication et d’un dialogue franc. A bien observer son fonctionnement, il apparaît clairement que cette plate forme est prise en otage par quelques individus qui imposent leur dictat, même contre la volonté de son initiateur.
Fort de cela, beaucoup sont ceux qui dénoncent le fait qu’un groupe d’individus, du reste bien identifié, organise des concertations, mieux des conciliabules pour affaiblir les partis politiques membres de l’AMP au profit de l’AMP parti politique, en débitant des contre-vérités. Cette entreprise malencontreuse est rendue possible par la circulation effrénée des billets de Banque pour corrompre et assouvir les appétits gloutons des apprentis politiciens recrutés pour les besoins de la cause et qui n’ont aucun projet de société à proposer à notre peuple.
Au moment où certains pensent qu’il s’agit d’une inquiétude qui ne concerne que les autres partis politiques, tout prouve à ce jour que même le PPRD, parti majoritaire dans cette plate forme, n’est pas épargné des coups bas dirigés dans tous les sens, affectant ainsi les bons rapports entre partenaires avec des effets collatéraux qui démobilisent les sociétaires de l’AMP, surtout ceux connus comme capables d’apporter au Chef de l’Etat le soutien politique sûr et réel.
En prévision des élections prévues en 2011, nous pensons que l’idée susdite ne passera pas et nous tirons la sonnette d’alarme en prenant le peuple congolais à témoin sur cette démarche qui tend à exhumer le monolithisme, dans le seul but de faire régner un monarque à la tête de la République.
Au lieu de compromettre inutilement la crédibilité du chef de l’Etat, l’expérience rendant sage, nous devons nous rappeler de ce qu’ont été les années MOBUTU. Dans ce pays on avait promis 7ans, 10 ans et même 100 ans à ce dernier ; on avait chanté et dansé au rythme de « DJALELO » pour lui, au point de le Déifier, mais la mémoire collective n’oubliera jamais les abus qui avaient été commis au détriment du peuple congolais par celui qu’on avait considéré comme le pacificateur, le timonier et que savons-nous encore.
L’histoire n’oubliera pas non plus la sanction populaire qui lui avait été réservée à la fin de son mandat précipité par l’avènement de l’AFDL.  L’homme qu’on considérait comme un demi-dieu a fini son règne dans des conditions connues par tous, pas enviables et un peu comme à l’image d’un château des cartes.
A vrai dire, il faut que les vendeurs d’illusions déchantent car le travail de la reconstruction enclenché par le chef l’Etat n’a pas attendu que l’AMP devienne un parti politique pour ce faire. Sa volonté politique, son nationalisme et sa détermination ont été le détonateur suffisant pour qu’aujourd’hui nous soyons tous témoins de la transformation de la République à travers les cinq chantiers.
Nous voulons exhorter le Président de la République à considérer que Tout pouvoir vient de Dieu mais toutes les idées ne viennent pas de Dieu. Les hommes passent mais les institutions restent. Ce qui importe c’est la manière dont on a servi son pays et son peuple ainsi que les relations qu’on a entretenues avec ce dernier durant le mandat afin de mériter le renouvellement de sa confiance.
Le plus utile est donc de respecter la constitution et les lois de la République, en se détachant de tout pêcheur en eau trouble qui gravite autour de lui et qui entretient  l’opacité dans le sens de garantir ses intérêts personnels. C’est ainsi que nous formulons le vœu de voir le Chef de l’Etat conférer véritablement, cette fois-ci, avec les leaders politiques avérés, susceptibles de l’accompagner dans son action politique, au bénéfice du peuple Congolais.
Nous croyons enfin que cette approche aura le mérite de rassurer les partenaires politiques à travers les alliances sincères qui privilégient les intérêts des uns et des autres, au prorata des apports substantiels en termes d’électorat, aux fins d’assurer inéluctablement sa victoire aux élections de 2011.

REBJ

mise en ligne le mercredi 06 octobre 2010

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