Le plus ancien ministre du gouvernement Kabila depuis plus de 8 ans a laissé un flou gagner les esprits curieux pendant longtemps quant à ce qui concerne l’option politique qui doit être la sienne en prévision des élections prochaines. Son parti politique, le RDC/K-ML, avait subordonné son adhésion à la Majorité Présidentielle à la tenue de son congrès qui, seul, est habileté à prendre cette décision. Hélas, ce congrès tarde à se tenir. Depuis quelques jours, des indiscrétions commencent à s’échapper aussi bien de son entourage politique immédiat que de celui du chef de l’Etat Joseph Kabila. Les deux hommes se sont rencontrés plus d’une fois à Lubumbashi pour se mettre d’accord de leur parcelle de partenariat politique. Il ‘est vrai que le contexte ainsi que les conditions de leur discussion ne sont plus comparables à ceux de 2006 où Mbusa avec son RCD-KML pouvait exiger un quota politique costaud qui énervait surtout le clan Katangais du chef de l’Etat.
Tout se serait fait dans un contexte dépendant plus d’un Joseph Kabila visionnaire politique, politicien non ingrat vis-à-vis de bons vieux amis de longue date, et non plus comme un Joseph Kabila redevable politiquement envers un Antipas Mbusa Nyamuisi qui se veut êtrel’ artisan de la réunification du pays à la veille de la transition politique. Une chose est certaine, Mbusa Nyamuisi n’a plus assez de manœuvres pour jouer comme en 2006. C’est à dire, il ne peut plus postuler comme candidat président de la république, d’abord, pour désister quelque temps après, moyennant un important marchandage politique au profit de Joseph Kabila. Dans l’entourage du Rais congolais, l’on estime que l’’homme aurait perdu l’éclat politique qui pouvait inquiéter Joseph Kabila en 2006. Sa longue carrière au sein du gouvernement central, en tant que membre de la majorité présidentielle, l’a sérieusement démystifié et fait de lui un marché entièrement conquis vis-à-vis de son allié Joseph Kabila. Certains de ses proches révèlent qu’il n’a pas de choix, il postulera comme candidat à la députation nationale dans Béni rural et s’investira à soutenir et faire produire d’autres députés nationaux d’abord dans son Beni natal, dans le territoire de Lubero, dans la province orientale et même à Kinshasa. S’il réussissait ce pari, il se rangera sur le même banc avec tous ceux qui s’acharnent à produire des députés nationaux, en prévision de prochaines législatives dans l’objectif de briguer des portefeuilles dans le prochain gouvernement. Cette entreprise confondrait Mbusa Nyamuisi à tout autre nouveau politicien congolais, même aux opportunistes de 2011, qui croient aux calculs politiques faciles, du genre, produire 4 députés nationaux fera automatiquement de tel parti politique un poste du ministre, 8 députés, 2 postes, etc… Cette option politique risquerait de de décevoir la base politique de Mbusa Nyamuisi, très massive dans le territoire de Beni, en bon effectif dans le territoire de Lubero, et un tout petit peu présente aussi en province orientale. Depuis environ deux ans, cette base qui croit religieusement en un Mbusa présidentiable, la même qui a condamné le jeune frère d’Enoch d’avoir hypothéqué leur candidature à la présidence de la république en 2006, compatit douloureusement avec son leader qu’elle croit abandonné par Kabila et son entourage, relégué dans un chômage déguisé, hiberné dans un ministère de décentralisation, très asphyxiée financièrement et dont la viabilité est sous surveillance, pour ne pas dire, bloquée. Cette base a d’ailleurs refusé de réserver de l’hospitalité au président Joseph Kabila, lors de son passage à Beni en Octobre 2010, contrairement à leurs frères et voisins de Butembo, qui ont rassuré leur soutien à Kabila aux élections de Novembre 2011.
Aspects positifs d’un tel engagement
Si Mbusa Nyamuisi acceptait de battre campagne pour Joseph Kabila, ses détracteurs de Lubero, dont les entrées auprès du cabinet du chef de l’Etat étaient facilitées par la diabolisation d’un Mbusa Nyamuisi à qui ils attribuaient, à tort, tous les coups de feu d’armes automatiques tirées par des ADF-NALU à travers les collines de Rwenzori, n’auront plus de la matière. Nombreux avaient eu de l’emploi au niveau de hautes institutions nationales pour avoir seulement soutenu un bulletin d’informations contre Mbusa Nyamuisi. En s’affichant publiquement comme l’un de principaux chargés de campagne de Joseph Kabila ne serait-ce qu’à Beni et Lubero, il arrêtera net l’emploi de souffleurs des rumeurs à son encontre aux oreilles du chef de l’Etat. Autre avantage, il pourra acquérir du chef de l’Etat une enveloppe de campagne et pour lui et pour ses dauphins futurs candidats députés nationaux.
Une mission difficile à accomplir l’attend
Battre campagne pour Joseph Kabila a déjà imprimé un modèle auprès de ses militants éparpillés à travers PPRD, MSR et ailleurs. Ces militants dansent et chantent à la manière du défunt Jalelo du feu maréchal Mobutu, se couvrent le coup avec les foulards, portent des tee-shirts à l’effigie de Joseph Kabila, achètent à boire et paient le transport aux animateurs et danseurs du folklore politique. Voilà le boulot qui attend Mbusa Nyamuisi. Il doit danser et chanter, en swahili et nécessairement en Kinande lorsqu’il doit haranguer la fouler à Beni et Butembo par exemple, pour démontrer son degré de militantisme vis-à-vis de Joseph Kabila, président de la République. Avant tout cela, il doit organiser une retraite, au cours de laquelle il devra forcer de l’inspiration et trouver des discours devant convaincre les villageois de Mutwanga, de Kasindi, de Bulongo, de Batalinga, de Mangina, et d’ailleurs, pour leur dire pourquoi Joseph Kabila devra être leur unique candidat président de la République en Novembre 2011 en lieu et place de Kamerhe, de Tshisekedi et de lui-même Mbusa Nyamuisi. Cela ne sera pas du tout facile surtout que de nombreux villageois du territoire de Beni avaient déjà été dressés contre le président Joseph Kabila, présentés comme la base de leur malheur.
Dividendes politiques attendues
Que gagnerait Mbusa Nyamuisi dans ses nouvelles closes politiques avec Joseph Kabila ? Peut-il être imposé comme président du Sénat ou de la chambre basse du parlement par exemple par Kabila au cas où la majorité actuelle arrive à reconquérir plus d’élus aux prochaines législatives ? Sera-t-il nommé ministre d’Etat par exemple en charge de la décentralisation, car la mise en place de la décentralisation serait l’une d’exigences de la communauté internationale, le plutôt possible après les élections présidentielles prochaines ? Sera-t-il renvoyé chapoter une importante représentation diplomatique à l’extérieur du pays ? L’avenir nous en dira plus, surtout qu’Antipas Mbusa Nyamuisi aurait encore de grands amis en Afrique et au monde, dont les coups de fil ne lâcheront pas les oreilles du président Joseph Kabila, s’il lui arrive de ne jouer qu’au méchant vis-à-vis d’un ami qu’il a gardé au gouvernement pendant plus de 8 ans.
Le Pacificateur