Le président Joseph Kabila a convoqué le dialogue sans fixer une date précise. Les partisans de la majorité présidentielle l’appuient dans sa démarche. Les opposants sont divisés en trois groupes : les anti-dialogues, les pro-dialogues et ceux qui posent des préalables avant tout dialogue. Les confessions religieuses ainsi que les organisations de la société civile ne parlent pas le même langage sur cette question. Le temps, lui, ne s’arrête pas. Chaque jour qui passe nous approche dangereusement des délais constitutionnels en rapport avec les échéances électorales de 2016. Le discours sur l’état de la nation prononcé le lundi 14 décembre 2015 par le président Joseph Kabila n’a rien apporté de plus sur cette question. Au contraire, les opinions divergent d’avantage. A cette allure, Il ne faut pas se voiler la face, si rien n’est fait et à temps, la RDC risque de basculer dans une spirale des violences.
La communauté internationale, à travers le représentant spécial de Nations Unies pour la région des grands lacs, a consulté les différentes tendances politiques de la RDC. La primeur a été réservée au Conseil de Sécurité de l’Onu. Le samedi 12 décembre 2015, une réunion regroupant différents émissaires de la communauté internationale a eu lieu à Goma. Il était question pour eux, estime nos sources, de lever une option par rapport à l’avenir politique de la RDC. Une source fiable nous indique que la communauté internationale n’a pas encore changé sa position sur les élections prochaines en RDC. Pour elle, il faut ne fut ce que l’organisation des élections présidentielles et législatives en 2016. Plusieurs signaux dans ce sens auraient déjà été lancés à Kinshasa par les délégués de la Communauté Internationale. D’où cette démocratie à la Congolaise que réclame les partisans de la majorité présidentielle.
L’intransigeance de la communauté internationale sur la question des élections de 2016 est loin de contenter la majorité présidentielle en RDC. Les faucons du régime s’activent à préparer le lit pour la prolongation du mandat du président Kabila sans proposer un programme qui puisse convaincre la communauté internationale. Pourquoi est-il nécessaire que Kabila se succède à lui-même ? La majorité présidentielle de la RDC peine à donner une réponse satisfaisante à cette question dans un pays où la corruption, la mauvaise gestion, l’impunité, le détournement et l’injustice battent leur plein. L’opposition congolaise divisée ne jure que par le départ de Joseph Kabila sans, non plus, offrir un projet de société alléchant à la Communauté Internationale et même une alternative crédible. « Kabila dégage, semble être son seul créneau ». De part et d’autre les politiciens congolais donnent l’impression de se livrer à une guerre de positionnement des personnalités politiques. Tout le monde veut s’asseoir sur le trône du pouvoir en empêchant aux autres d’y accéder. C’est le pure style de « j’y suis et j’y reste » et de « ôte-toi de là que je m’y mette ». Le peuple congolais risque de ne pas se retrouver dans cet imbroglio politique.
Le vrai dialogue ou le chaos
Il nous revient que la logique du dialogue sous la médiation de la communauté internationale se dessine de plus en plus. Le pouvoir congolais a tout intérêt à hâter ce dialogue pour préserver le pays du pire. Un dialogue où l’ordre du jour sera élaboré de manière concertée entre les parties dans le but de préserver l’inviolabilité de la constitution en vigueur. C’est au cours de ce dialogue que le président Joseph Kabila pourra, éventuellement, se prononcer sur sa succession et, ainsi, décrisper le climat politique en RDC. Tout autre schéma du dialogue va bloquer la machine politique et conduire le pays vers le chaos. L’exemple du Burundi voisin est trop parlant à ce sujet.
La politique de l’usure risque de rattraper le pouvoir Congolais
L’usure du temps joue en défaveur du pouvoir de Kinshasa. Les élections provinciales ont été retardées. L’argent fait défaut pour l’organisation des autres échéances électorales. La révision du fichier électorale et l’enrôlement de nouveaux majeurs sont à l’ordre du jour. Tout cela demande du temps et radicalise l’opposition congolaise. Jadis lézardée en plusieurs tendances, cette opposition tente de se réorganiser. Le G7 se rapproche de plus en plus de la dynamique de l’opposition pendant que Moise Katumbi flirte déjà avec l’UDPS. Il n’est pas exclut qu’à la longue les opposants, unis par le sort, décident de s’accorder pour une action commune contre la prolongation du pouvoir Kabila. Aussi, certains membres de la majorité présidentielle, en apprenant que l’Occident tient, ferme, sur sa volonté de voir s’organiser les élections en 2016, risquent, par opportunisme, de basculer dans l’opposition. Ce qui conduira à d’autres défections dans les rangs de la Majorité Présidentielle. Les discours anti-Occident et anti-orient que développent certains membres de la majorité présidentielle risquent de jeter le froid entre le pouvoir de Kinshasa et certains lobbies politiques de l’Occident. Et, c’est le pays qui va en pâtir.
Joska Kaninda