Le général Faustin Kayumba Nyamwasa n’est plus visible au Rwanda. Cet ancien chef d’Etat Major de l’armée rwandaise a tout simplement préféré prendre le large face à un régime Kagame devenu, pour lui, un danger permanent.
Ces traces ont été visibles en Ouganda où certaines sources affirment qu’il avait emprunté une piste frontalière non loin de Kagitumba avant de franchir la frontière Kenyane par Malaba vers la fin du mois de février 2010.
Cet ancien proche collaborateur de Paul Kagame aurait bénéficié, dans sa fuite, de la complicité de certains officiers ougandais. Ce qui ne peut qu’irriter le régime de Kigali même si officiellement les deux capitales ont fait savoir que cette affaire Kayumba ne pourrait pas entamer les bonnes relations entre les deux pays.
Pour bien d’analystes, cette fuite de Faustin Kayumba Nyamwasa traduit le climat de méfiance et de suspicion qui règne dans le carré proche de Paul Kagame où les tutsi ougandais se partagent le gâteau.
Des informations diffusées par un journal rwandais proche du pouvoir le taxant d’être en intelligence avec le parti des verts et les poseurs des grenades à Kigali sont loin de convaincre une certaine opinion rwandaise.
Tout est mis en œuvre pour diaboliser cet homme qui fait peur au pouvoir du Rwanda puisque détenant beaucoup de secrets dont Kigali craindrait une éventuelle divulgation soutient-on.
Des raisons à la base de la fuite de ce général rwandais ? On en évoque de divers ordres.
Des incompréhensions entre lui et Kagame sur le mode de gestion du pays et des hommes de troupes, des incohérences entre les deux hommes sur la question de l’entrée des troupes rwandaises au Congo en 1998, les conditions sociales des hommes de troupes, des contacts pris par Kayumba avec des milieux occidentaux, le cloisonnement de Kayumba dans le cercle de pouvoir…
En effet Faustin Kayumba Nyamwasa et de ceux qui, dès la prise de pouvoir par le FPR au Rwanda, ont toujours milité pour l’assouplissement, par Kagame, de la méthode de gestion du mouvement comme des troupes.
Il ne tolérait pas que les soldats vivent dans la peur permanente d’être fusillés. Hélas, Il s’était toujours buté à l’intransigeance de Kagame.
La mort de monsieur Alex Ruzindana en 2002, dans des circonstances non encore élucidés va sceller la rupture entre le deux.
Kayumba et Kagame ne se sont jamais entendu sur la façon dont l’armée rwandaise avait mené la guerre en RDC. Alors chef d’Etat major, il avait demandé à Kagame de faire rentrer tous les soldats rwandais. C’était sans compté avec la témérité d’un Kagame qui voyait dans cette expédition congolaise aussi le moyen de se faire fortune.
Contrairement à Kagame qui prônait la soumission par la peur pour maintenir l’armée en main, Kayumba a toujours milité pour l’amélioration des conditions des soldats. Ce qui lui a valu un certain estime parmi les hommes de troupes. Pour l’homme fort de Kigali, la notion d’une armée disciplinée n’allait pas de paire avec les avantages sociaux qui corrompent le moral des troupes. Kayumba s’était permis, pendant la guerre du Congo, d’élever en grade certains militaires rwandais en provenance de la RDC sans l’aval de Paul Kagame. C’est tout cela qui lui avait valu son limogeage et son remplacement par James Kabarebe.
Tout le temps qu’il a passé en Inde comme Ambassadeur du Rwanda, Kayumba en a profité pour prendre certains contacts avec des milieux occidentaux qui, sachant l’estime dont il jouissait dans l’armée, l’aurait encouragé à faire un coup d’Etat. Mais l’homme ne voulait pas verser le sang des innocents alors que les cicatrices du génocide étaient encore fraîches.
En sommes, Kayumba ne se sentait plus en sécurité aussi bien au Rwanda qu’à son poste d’attache à New Delhi. Il ne lui restait qu’une seule solution : fuir pour éviter de se faire humilier.
Le départ de Faustin Kayumba Nyamwasa ne peut qu’irriter Kigali. Cet homme jouit de l’estime des hommes de troupes et même de la population, particulièrement parmi les jeunes intellectuels. Il sera difficile au pouvoir de Kigali de le discréditer en lui imputant des crimes au risque d’ouvrir une boite à pandore à même d’éclabousser le régime en place.
Cette fuite risque d’avoir un effet d’entraînement sur d’autres officiers frustrés de l’armée rwandaise qui risquent de lui emboîter les pas pour la formation d’un front (militaire ou politique) en vue de combattre le régime de Kigali.
Cette fuite ferait peur dans les rangs des officiers militaires où personne ne sait quelle sera la prochaine cible de Paul Kagme. Des proches comme Ndahiro et Kabarebe devraient déjà se poser des questions à ce sujet, pensent les analystes.
Il n’est pas exclut que cette fuite ait un effet négatif sur les relations Rwanda-Ouganda surtout que certains officiers ougandais sont soupçonnés d’y avoir jouer un rôle non négligeable.
Certaines langues soutiennent que Faustin Kayumba est une bonne alternative à Paul Kagame.
