Tous les efforts pour avoir un candidat commun et unique de l’opposition aux prochaines élections présidentielles buttent à la résistance des uns et des autres.
Les considérations d’ordre de positionnement politique, de rivalité politique et du partage du pouvoir sont, à notre avis, à la base de cette discordance au sein de l’opposition congolaise. Nous nous penchons, dans ce propos, sur les trois candidats de l’opposition jugés les plus favoris : Kengo, Tshisekedi et Kamerhe.
Bien que la politique soit dynamique, il se remarque que l’histoire récente du Congo ne peut pas faciliter le rapprochement facile des vues entre Kengo wa Dondo et Etienne Tshisekedi. Pourtant, cette alliance faciliterait les choses quand on sait que Kengo jouirait d’une certaine considération dans les milieux financiers internationaux et que Tshisekedi bénéficie d’un soutien populaire non négligeable en RDC. Mis ensembles, ces deux atouts réduiraient sensiblement les chances de Joseph Kabila aux prochaines élections. Hélas, Kengo , l’ancien tout puissant premier Ministre de Mobutu semble avoir des réserves pour dialoguer franchement avec Tshisekedi, cet ancien opposant farouche au régime Mobutu. L’histoire les a-t-elle rattrapés ?
Même jouissant d’un certain soutien occidental, Kengo aura difficile à se faire élire en RDC où ses origines sont considérées comme très douteuses. L’Ouganda et le Rwanda accepteront dificilement la montée politique de Kengo, l’un des grands mobutistes dont le régime a été chassé avec le concours de leurs armées respectives. Certaines sources soutiennent qu’une personnalité politique aurait demandé à une très haute autorité ougandaise d’œuvrer pour le soutien de la candidature de Kengo wa Dondo aux prochaines élections. La réponse qu’on lui aurait réservée était très tranchante : Nous ne pouvons pas propulser un mobutisme au risque qu’il ne puisse se venger contre nous un jour. Cet officiel ougandais aurait même demandé qu’un autre nom lui soit proposé.
Nul n’ignore que, depuis quelques années, l’Ouganda et le Rwanda ont aussi leurs mots à dire dans les cours des choses politiques en RDC.
En dépit de la confiance dont lui témoigne une bonne frange de la population congolaise, Etienne Tshisekedi a encore du chemin à parcourir pour convaincre certains milieux occidentaux qui le redouteraient encore. Certaines mauvaises langues continueraient encore à le vendre comme malade et fatigué.
Avec Vital Kamerhe, les choses se compliqueraient à cause des entourages. L’une de nos sources à Bukavu soutient que le fossé entre Vital et Etienne serait creusé par l’antagonisme entre Vital Kamerhe et Mubake. Si Tshisekedi approche Vital Kamerhe, il va sans dire que Mubake va s’effacer politiquement dans la province du Sud Kivu d’où ils sont tous originaires. Le vote étant tribale et régionale en RDC, Mubake ( un rega du sud Kivu) ne serait pas près à se faire damer les pions par Vital Kamerhe( un mushi du Sud Kivu). Aussi, beaucoup ne croient pas en la sincerité de Vital Kamerhe connu pour grand artisan du kabilisme en RDC.
Aussi, Tshisekedi n’ignore pas ce qui lui est arrivé au sortir du dialogue inter congolais de Sun City quand une certaine opposition avait jeté son dévolu sur Arthur Zahidi N’goma pour occuper la vice-présidence accordée à l’opposition dans la formule 1+4. Les fameuses « troisièmes voies » de la deuxième République de Mobutu avaient toujours pour objectif d’empêcher Tshisekedi de venir aux affaires. Il ne veut plus revivre ses expériences amères.
L’intransigeance d’Etienne Tshisekedi ne permet pas à Kengo et à Kamerhe de lui accorder une carte blanche. L’homme est connu pour ses prises de positions tranchantes et donc capable de refuser tout partage du pouvoir allant à l’encontre de ses visions après les élections, si jamais il les gagnait.
Il faut donc un bon médiateur pour rapprocher les uns et les autres avant la date de la tenue des élections qui s’approche dangereusement.
L'idéal serait que chaque opposant mette de l'eau dans son vin.
Matembele