La RD Congo, le Rwanda et l’Ouganda ont passé plus des dix ans des relations conflictuelles. Tout était parti en 1996 avec la rébellion de l’AFDL soutenue par les armées rwandaises et ougandaises. Depuis, des relations sont restées tendues entre les trois états. L’Ouganda et le Rwanda n’étaient pas étrangers aux rébellions et autres insurrections qui ont sévi à l’Est de la RDC pendant la dernière décennie de même que le Congo était accusé d’être le sanctuaire des groupes armés rwandais et ougandais opérant à partir de sa partie orientale. C’est un climat d’animosité qui animait les trois chefs de l’Etat.
L’année 2009 peut être considéré comme celle du début de la normalisation des relations entre ces trois pays frontaliers. Cette année a scellé les échanges d’Ambassadeurs entre les trois Etats et la réouverture des Ambassades notamment à Kigali et à Kinshasa.
Les trois présidents donnent l’impression d’avoir rompu avec les armes pour s’engager sur la voix de la paix.
Si pour Kigali le rapprochement avec Kinshasa s’inscrivait dans un cadre purement sécuritaire, Kampala avait plus des visées économiques dans la normalisation de ses rapports avec Kinshasa.
L’approche des échéances électorales dans les trois pays a joué sensiblement dans le changement d’attitudes de ses hommes d’Etat.
En effet, Paul Kagame avait besoin d’une sécurité le long de ses frontières avec la RDC afin de se rassurer que les FDLR, ses éternels ennemis, ne pourraient pas interférer dans le déroulement normal des élections sur le territoire rwandais. Il fallait éloigner la possibilité d’affrontements armés en cas d’éventuelles contestations des élections. Avec un Laurent Nkunda qui commençait à avoir d’autres ambitions que celles de barrer la route aux FDLR, l’alliance avec Kinshasa s’imposait.
Kinshasa tenu en échec, à plusieurs reprises, par les hommes de Laurent Nkunda sur différents fronts n’avait d’autre choix que d’accepter la main tendue de Kigali afin de restaurer la paix de la partie orientale du Congo et avoir ainsi un argument électoral dans cette partie du Congo.
La coalition des forces rwandaises et congolaises a réussi à neutraliser le CNDP de Laurent Nkunda et à éloigner d’avantage les FDLR des frontières rwandaises. Et les deux pays en ont tiré les bénéfices.
Museveni comptait sur notamment l’exploitation du pétrole sur le lac Albert pour bâtir son thème de campagne électorale.
Les alliances n’ont eu pour principal objectif que la sauvegarde de la survie des trois régimes aux prochaines élections.
A l’approche des élections rwandaises prévues pour le mois de juin 2010, la question de la présence des FDLR à l’Est du Congo n’est pas encore entièrement résolue. Laurent Nkunda n’a pas encore été extradé en RDC en plus que son incarcération au Rwanda pose des problèmes.
Du côté de l’Ouganda, l’on s’inquiète du mutisme de Kinshasa quant à l’exploitation du pétrole sur le flanc congolais du lac Albert et de la présence de plus en plus signalées des FDLR aux abords des frontières communes entre l’Ouganda et la RDC.
Tout porte à croire que le pétrole ne sera plus l’un des grands arguments de campagne de Yoweri Museveni tellement la sortie du premier baril tarde.
Les intérêts ne sont plus donc les mêmes que ceux qui avaient prévalus à l’harmonisation des rapports entre les trois pays.
Rien n’empêche que, une fois réélus, les trois chefs d’Etat trouvent d’autres manières de se régler des comptes.
Cette paix qui n’avait pris en compte que les survies politiques trois chefs d’Etat est, de l’avis de certains analystes, très fragile. Il faut encore y travailler.
Matembele