La situation qui prévaut à l’Est de la RDC semble de plus en plus prendre une tournure inquiétante pour le régime de Kinshasa. Le dernier sommet de CIRGL tenu le 31 juillet 2013 à Nairobi au Kenya en témoigne.
En effet, certains pays membres influents de cette Conférence (dont la plupart avait séché la rencontre) ont fait des déclarations allant dans le sens d’ «incriminer», mieux de «responsabiliser» le régime de Kinshasa sur le malheur qui s’abat à l’ Est de la RDC.
L’Ouganda, le Kenya et l’Angola ne croient plus en une solution militaire pour résoudre cette crise. Ils ont abondé presque dans le même sens.
Le régime de Kampala considère que le problème de la RDC est la conséquence des élections fortement contestées qui se sont déroulées dans ce pays. Yoweri Kaguta Museveni a même redouté l’embrasement de toute la région si la communauté internationale ne se penche pas sérieusement sur cette question congolaise avant de renchérir que les pays voisins de la RDC ne laisseront pas pourrir cette situation devant leurs yeux. C’est tout dire.
Pour l’Ouganda qui assure la présidence de la CIRGL, c’est la solution politique qu’il faut privilégier, la crise du Congo ayant pour source le manque de la démocratie, le manque d’infrastructures et le désordre politique. Une déclaration qui avait même irrité la délégation congolaise présente dans la salle.
Le régime kenyan, jadis proche des Kabila, a rejoint le tandem Kigali-Kampala dans l’optique de relancer les pourparlers de Kampala et donc la crucifixion du régime de Kinshasa
L’Angola, puissance économico-militaire de l’Afrique centrale, pour sa part a déclaré pouvoir se réserver d’envoyer ses troupes en RDC considérant que le plus important c’est d’aider la RDC à reformer son armée : une façon claire de dire à Kabila de se débrouiller seul.
Ne parlons pas du Rwanda qui a toujours considéré que la crise de l’Est de la RDC est un problème congolo-congolais.
Mises ensemble toutes ses déclarations démontrent à suffisance que le pays de Joseph Kabila ne peut pas compter avec ses voisins pour son maintien par le dénouement militaire de cette crise.
La Tanzanie qui semble avoir une position proche de Kinshasa a des prises de becs avec le Rwanda qui l’accuse de travailler, comme le FARDC, avec les FDLR.
Dans les Chancelleries occidentales de Kampala, on ne voit plus comment Kabila pourrait s’en sortir car devenu indésirable auprès de plusieurs décideurs de ce Monde sauf Paris qui continue à le soutenir mais jusqu’à quand ?
A l’interne, les gros poissons de l’opposition (UDPS, UNC et MLC) ont boudé de participer aux Concertations Nationales dans leurs configurations actuelles voulues par le régime de Kinshasa. Ils tiennent à un dialogue qui sera ouvert à toutes les questions susceptibles d’être à la base de la crise congolaise. C’est qui est très loin de rencontrer l’assentiment du pouvoir en place à Kinshasa.
Des rumeurs persistantes à Kampala font état du passage dans cette capitale ougandaise, le samedi 03 août 2013, d’une très haute autorité congolaise. L’on croit savoir qu’il aurait même s’agit du président congolais. Dans l’hypothèse où Joseph Kabila se serait rendu en secret à Kampala, il n’y a qu’une seule façon d’expliquer ce déplacement : chercher auprès du président Ougandais une voie de sortie honorable de cette crise. Là encore, il faut dire que le leader Ougandais ne pourrait que lui proposer de relancer des négociations avec le M23 qui sont en panne dans la capitale ougandaise. Une pilule amère à avaler pour le régime de Kinshasa.
Dans certains cercles de réflexion l’on fait croire que les « grands de ce monde » seraient prêts à débourser, s’ils ne l’ont pas encore fait, environ un milliard de dollars pour mettre en exécution « un plan » concernant la RDC. Dieu seul sait si ce plan va aller dans le sens souhaité par la majorité du peuple congolais. Les carottes seraient-elles en voie d’être cuites pour le régime Kabila ?
L’étau est entrain donc de se resserrer sur le régime de Kinshasa alors que dans l’opinion générale congolaise on s’attendait au contraire : coincer plutôt le M23 par une rapide solution militaire.
En désespoir de cause, la société civile du Nord Kivu a donné une semaine d’ultimatum à la brigade de l’ONU afin que cette dernière puisse, soit attaquer le M23, soit quitter la région. Peut-être s’agit-il là encore d’une autre manipulation de Kinshasa qui risque de compliquer ses relations avec la communauté internationale. L'heure serait donc grave pour le régime de Kinshasa.
Qui a dit que la diplomatie congolaise était victorieuse ?
Joska Kaninda Nkole