Kigali face aux attaques à la grenade, Kagame aux abois ?

Le régime de Kigali était réputé pour l’un de ceux qui avaient la maîtrise totale de la situation sur terrain en Afrique.  Le Président Paul Kagame était considéré comme ayant un contrôle certain sur l’armée et les services de sécurité que rien ne pouvait lui échapper.
Depuis un certain temps, la situation n’est plus la même au pays de mille collines. Le pouvoir donne l’impression de ne plus tenir en main la sécurité du pays. Il y a certainement quelque chose qui le dépasse.
Dans la soirée du samedi 10/04, après une longue semaine de commémoration du génocide de 1994, le régime Kagame a surpris en publiant la nouvelle mise en place des responsables de l’armée rwandaise RDF. Peut être voulait-il prouver au peuple  rwandais et à la communauté internationale qu’il tenait désormais en main sûre la sécurité des personnes et de leurs biens. Hélas, la même soirée des attaques à la grenade ont été enregistrées à Kigali. De quoi ébranler le régime. Pour message l’on peut penser que c’était pour signifier à Kagame qu’il n’avait toujours pas la maîtrise totale des services de sécurité et que la main invisible pourrait toujours le déstabiliser s’il s’entêtait à ne pas vouloir négocier avec ses anciens camarades.
La restructuration dans l’armée était, pour Kigali, une manière de se défaire d’anciens compagnons de lutte devenus aigris et soupçonnés de pactiser avec les fugitifs Kayumba et Karegeya.
Dans les milieux tutsi quelques sages sont d’avis que Kagame doit se calmer en arrêtant des injures
dirigés contre les fuyards et leurs adeptes. Ils seraient déjà à pied d’œuvre pour essayer de
rapprocher les vues du groupe Kayumba-Karegeya à ceux de Kagame et il semble que les choses
seraient sur une bonne piste car tout le monde est d’avis que le régime Kagame doit rester au pouvoir
mais que le président rwandais devrait désormais prendre en compte les points de vues de ses
collaborateurs au lieu  d’imposer les siennes par la force même quand il est en tort.

S’agissant de la restructuration dans l’armée, des  analystes ont pu remarquer une certaine radicalisation
dans le choix des hommes devant animer les structures de l’armée, avec les nominations des proches et
fidèles de Kagame :
-Le général James Kabarebe devient ministre de la défense en remplacement du général Marcel
 Gatsinzi (Hutu accusé par les Gacaca d’être impliqué dans le génocide) à qui on a confié un nouveau
ministère chargé des réfugiés (le pousser à convaincre ses frères Hutu de regagner le bercail ?)
-Le général Charles Kayonga nommé chef EMG/RDF et  remplacé à son ancien poste de chef des
Forces terrestres par le général Caesar Kayizari ancien responsable de l’Académie militaire rwandaise.
Très ambitieux, ayant un background académique assuré (Bachelor of arts Degree in Education et
Graduat of the US Command and General Staff College at Fort Leavenworth, Kansas), Kayonga était
concurrent à Kayumba Nyamwasa et a l’avantage de savoir faire profil bas.
-Le colonel Joseph Damari nommé chef des Forces aériennes en remplacement du Lt. Gen. Charles
Muhire qui occupera désormais le poste de commandant de la Force des réservistes : une mise à l’écart,
un camouflet pour cet officier considéré comme proche de Kayumba et bien instruit.
-Le colonel Dan Munyuza est nommé responsable des renseignements intérieurs au sein des RDF en remplacement de Jack Nziza. C’est l’un des durs du régime connu comme sans pitié pour les ennemis du régime et les gens pensent qu’il est nommé justement pour nettoyer l’écurie.
-Le Lt Colonel Gatete Karuranga est nommé Directeur Général des renseignements extérieurs en remplacement du gén. Jack Musemakweri (ce dernier est connu comme proche de Kabarebe et branché aux milieux d’affaires en RDC) désormais responsable de l’éducation politique dans l’armée (mise à l’écart).tandis que le célèbre Ndahiro continue à coiffer les services internes et externes.

Les explosions répétées à la grenade dans Kigali et ses environs ont fini par faire prendre conscience au régime de Kigali que la menace ne se trouvait plus chez les FDLR mais bien au sein de son entourage.
Les services proches et fidèles ont senti le danger d’un basculement imminent et se sont mis au boulot pour dénicher les éventuels traîtres. Les téléphones, les contacts, les relations familiaux ont été surveillés et mis à contribution pour savoir les intentions des officiers soupçonnés proches des fuyards Kayumba et Karegeya.

A quelque mois des élections générales, l’opposition rwandaise connaît son musellement. L’hebdomadaire indépendant Umuseso et le bimensuel Umuvugizi ont été suspendus pour une période de six mois. Ils sont accusés de"diffamation et  d’immixtion dans la vie privée", pouvant porter atteinte à la sécurité et au bien-être des  Rwandais. Des politiciens sont arrêtés et d’autres interdits de voyager autre mer. C’est le cas de Me Ntaganda Bernard président du Parti PS Imberakuri et de Mme Victoire Ingabire (présidente de FDU-Inkingi) accusée de propager l’idéologie génocidaire.

Cette situation qui ébranle politiquement Paul Kagame n’aura pas d’effet sur sa réélection à la tête du Rwanda. Bien d’analystes soutiennent que l’homme fort du Rwanda jouit encore du soutien extérieur de grandes nations de ce monde. Ses soutiens extérieurs auraient encore besoin de son régime pour la stabilisation de l’Est de la RDC dont l’avenir parait incertain aux yeux des occidentaux.

Pour certaines sources, le climat  serait  tendue auprès de la population (surtout Tutsi) qui pense que ce déchirement au sein de la classe dirigeante risque de fragiliser le régime Tutsi au pouvoir et donner de la voix au "Hutu power" bien organisé à l’extérieur afin de reprendre les commandes du pays.
Mais les milieux proches du pouvoir confirment que la mésentente existe bien dans le cercle du pouvoir et cela fragilise, , ternie certainement l’image du FPR mais que cela peut être résolue entre frères.
Le régime de Kigali a toutes les chances de survivre après les prochaines élections. Pas qu’il soit populaire et apprécié de la population mais parce qu’il bénéficie encore du soutien extérieur.

Le Millénaire.