C’est depuis janvier 2009 que l’ancien chef de la rébellion du CNDP est privé de liberté. Laurent Nkunda a été arrêté à Gisenyi au Rwanda avant d’être transféré à Kigali capitale du même pays. La justice rwandaise ne sait pas encore définir les griefs mis à sa charge. Ce général insurgé est incarcéré sans mandat d’arrêt ni condamnation. Ces avocats n’ont pas tardé de crier à l’arrestation arbitraire. Le lundi premier mars 2010 dernier, la justice rwandaise qui tablait sur cette question à renvoyer au mois d’avril sa décision sur ce dossier. Le chef d’Etat major général de l’armée rwandaise, le général James Kabarebe n’a jamais répondu aux invitations de la justice pour faire la lumière sur les raisons de l’arrestation de Laurent Nkunda.
Ce général tutsi congolais aura ainsi passé plus d’une année en prison sans motifs évoqués. Cet ancien homme fort de Masisi est tout simplement victime de retournement des alliances politiques. Il a servi de gage pour l’harmonisation des rapports entre Kinshasa et Kigali.
Son arrestation au Rwanda pour des faits commis dans son pays la RDC ne peut qu’étonner toutes les bonnes consciences. Bien plus, Kigali n’a jusque là pas répondu aux attentes des autorités congolaises qui n’ont jamais cessé de réclamer l’extradition du leader du CNDP.
Kigali est placé dans l’embarras : livrer Laurent Nkunda à Kinshasa et s’attirer le courroux des lobbies tutsi et le libérer et trahir les accords avec Kinshasa.
L’option de l’envoyer en exil s’est toujours butée au refus du concerné qui préfère les collines de son massif à un exil doré en terre étrangère. Les tentatives menées par le passé dans ce sens avaient échoué.
Laurent Nkunda est devenu gênant pour le Rwanda et même pour la RDC. L’homme doit posséder de secrets dont Kigali et même Kinshasa redoute la divulgation. En plus, il bénéficie d’une certaine popularité dans les milieux tutsi du Congo comme du Rwanda. Quelques hommes des anciennes troupes du CNDP lui seraient encore obéissants.
A quel jeu va donc jouer Paul Kagame dans ce feuilleton de Laurent Nkunda ?
Il est hors de question d’extrader Laurent Nkunda au Congo estime une certaine opinion qui croit que cela serait perçu au sein de la communauté tutsi comme une trahison de Paul Kagame d’autant plus le pouvoir de Kinshasa s’est, pendant près d’une décennie, comporté en bourreau du peuple tutsi. Non seulement que ce pouvoir avait développé un discours anti tutsi en RDC mais aussi il s’était constitué en allié des FDLR considérés comme des génocidaires dans les milieux tutsi.
Un Laurent Nkunda en liberté sera la honte pour le pouvoir de Kinshasa qui a multiplié des déclarations dans le sens de son extradition. Ce qui ne manquera pas d’avoir des incidences sur le rapport entre les deux gouvernements. A défaut d’être intégré dans les institutions congolaises, Laurent Nkunda pourrait tenter de reprendre le chemin du maquis. A défaut de mourir, Laurent Nkunda constitue bel et bien une épine dans le pied de Paul Kagame.
Bosco Ntaganda, l’autre général tutsi qui a pris sa relève à la tête des troupes du CNDP, est aussi gênant pour le pouvoir de Kinshasa. Rechercher par la Cour Pénale Internationale, Bosco jouit de la protection du pouvoir de Kinshasa au nom de la pacification de l’Est du Congo. C’est à lui qu’a été confié la mission de traquer, aux côtés des FARDC, les FDLR opérant à l’Est du Congo jusque dans leur dernier retranchement. Comme Kigali dans le cas de Nkunda, Kinshasa est aussi embarrassé entre extrader Bosco Ntaganda à la Cour Pénale Internationale et le maintenir en activité à L’est du Congo. Dans la première alternative, le pouvoir congolais risquerait de remettre en cause le processus de pacification en cours dans le Kivu et dans la seconde c’est sont tous les défenseurs des droits humains qui sont frustrés.
Les deux capitales ont chacune, un général tutsi qui pose problème.
