Alors que plusieurs pays africains fêtent les jubilés d’or de leurs indépendances respectives, la région des Grands Lacs est en passe de se transformer en poudrière.
Au Burundi, le Président Pierre Nkurunziza s’est fait réélire sans la participation de l’opposition. Cette dernière menace de boycotter aussi les élections législatives. Monsieur Agaton Rwasa, déçu, aurait même pris le chemin de la RD Congo selon les officiels burundais. Les attentats à la grenade ont été vécus dans la capitale Bujumbura.
Au Rwanda, le Président Paul Kagame va sûrement gagner les prochaines élections du mois d’août 2010 après avoir muselé l’opposition. Il va faire face à des candidats qui sont tous de son obédience. Mais, l’on croit savoir que l’affaire Kayumba Nyamwasa a entraîné une nette division dans l’armée rwandaise. Ce qui ne rassure pas des lendemains meilleurs pour le régime de Kigali. Déjà des attentats à la grenade ont été aussi observés dans la capitale rwandaise.
En Ouganda, les élections présidentielles auront lieu en 2011. Même si tout porte à croire que le Président Museveni y ira avec les plus des faveurs, les ADF et la LRA constituent une menace sérieuse pour le régime de Kampala qui redoute la récupération politique de ces rébellions aux fins des revendications des résultats des urnes. Aussi, le pays de Museveni vient de vivre le 11 juillet 2010 quatre attentats à la bombe qui ont fait 80 morts et plus de 54 blessés.
Les officiels ougandais ont attribué ces attentats meurtriers aux Islamistes somaliens El Shaabab qui juraient de frapper Kampala et Bujumbura, les capitales des pays africains qui envoient des militaires pour les combattre en Somalie. S’adressant à la presse, le commandant de la Police ougandaise, le général Kale Kayihura , faisant allusion aux groupes terroristes qui tiennent à déstabiliser l’Ouganda, a cité les ADF, la LRA et El Shaabab. Un lien est établi entre les islamistes El Shaabab et les ADF opérant à l’Est de la RDC.
Au Congo, les élections auront aussi, en principe, lieu en 2011. Jean Pierre Bemba, le principal leader de l’opposition institutionnelle est toujours en prison. Son parti politique le MLC n’a jamais pensé à son remplacement. Les anciens rebelles et mobutistes présents au pays se sont rangés derrière le pouvoir en place. Etienne Tshisekedi (candidat déclaré aux prochaines présidentielles) et son UDPS ne donnent plus l’impression d’avoir le vent en poupe. Les élections de 2011 risquent donc d’être une affaire exclusive des Kabilistes.
Dans ce propos, nous essayons de démontrer comment les voisins de l’Est du Congo ont subitement compris l’importance d’une alliance de circonstance avec le régime de Kinshasa pour défendre leurs intérêts au détriment de la souveraineté de la RD Congo.
Dans les circonstances sécuritaires actuelles, les stratèges de Kigali craignent une éventuelle alliance entre Kayumba Nyamwasa et les FDLR opérant en RDC.
L’Ouganda est convaincu d’une connexion entre les ADF qui bouillonnent dans la partie Est du Congo et les Islamistes sous le parapluie de Khartoum avec un accord tacite de Kinshasa. Le Burundi ne manque pas des raisons de s’inquiéter d’une probable rébellion qui pourrait puiser ses racines en RDC.
Cette configuration cloue au pilori le régime de Kinshasa qui n’a plus de choix que de négocier en fonction des intérêts plus des voisins que de la RDC.
Voilà les vraies raisons qui ont précipité le voyage de deux chefs d’Etat ougandais et rwandais à Kinshasa.
Les peuples de ces pays ont peu de foi dans les résultats des urnes. Ils savent très bien qu’en Afrique l’alternance au pouvoir passe par les armes. L’opinion la plus rependue sait que, d’ordinaire, les présidents en exercice gagnent toujours des élections même si c’est souvent par des voies pas toujours sincères..
La Communauté internationale semble plus se préoccuper de la stabilité de la région pour ses intérêts. Ainsi, soutienne-t-elle parfois des présidents moins appréciés par les peuples dès lors qu’ils peuvent assurer la stabilité dans la région.
Conscients de cet état de chose et convaincus de la marge de manœuvre qu’ils ont pour manipuler des élections en leur faveur, les chefs d’Etat de ces pays ne redoutent qu’une seule chose : la rébellion armée.
Le journal ougandais Red Pepper a donné, dans son édition du vendredi 09 juillet 2010, des raisons qui, selon les services secrets ougandais, peuvent susciter des nouveaux troubles dans cette région.
Ces services considèrent que les pouvoirs de Kigali et de Kinshasa son l’émanation de Museveni. Kampala et Kigali continuent à estimer que le pouvoir actuel de Kinshasa est leur produit. Ce qui n’est pas vu de la même manière à Kinshasa où depuis les élections de 2006 le pouvoir tire sa légitimité des urnes.
Devant ce tableau sombre, le régime de Kinshasa se trouve en position de faiblesse du fait que les rébellions de tous ses voisins ont tendance à reprendre du service sur le sol congolais. En l’absence d’une armée nationale dissuasive capable de sécuriser les frontières et avec les forces onusiennes qui ont maintenant la mission de la stabilisation du pays, le président Joseph Kabila aurait cédé à la pression de ses homologues rwandais et ougandais. Le deal se présenterait comme suit : Kigali et Kampala font entrer discrètement leurs troupes à l’Est du Congo pour traquer leurs rébellions (sans contrainte de temps et d’espace) et en retour assurent la stabilité au régime Kabila sur la partie Est de la RDC. Ce qui garantirait la survie des ces trois régimes. Malheureusement au détriment de la souveraineté de la RD Congo qui semble être le moindre des soucis des autorités congolaises qui tiennent plus à la consolidation de leur pouvoir..
Pour plus de détails, lire cet article du journal Ougandais Red pepper
Le millénaire